Monsieur
L’Agent
Chanson
française – Monsieur
L’Agent – Boby
Lapointe – 1969
Dialogue
maïeutique
L’autre jour, si tu t’en souviens,
Lucien l’âne mon ami, j’avais inséré ici même une version
française d’une chanson italienne dont le titre était :
« Monsieur le Policier », en italien : « Signor
Poliziotto ».
J’aurais d’ailleurs pu traduire ce titre par « Monsieur
l’Agent » et si je ne l’ai pas fait, c’est qu’il
existait une chanson bien antérieure par sa conception qui portait
ce titre. Et de plus, une chanson de Boby Lapointe, qui raconte,
comme le titre le laisse entendre, la conversation entre un
quidam et un agent de police.
Oh, dit Lucien l’âne, ça promet. Je veux
dire que les conversations avec les policiers sont toujours
intéressantes et pleines d’enseignement. Il faut les écouter
attentivement, même si parfois, le style en est assez abrupt.
Certes, Lucien l’âne mon ami, et souvent,
elles se terminent dans l’incompréhension réciproque qui emmène
les protagonistes à aller poursuivre la discussion au commissariat
où l’agent peut disposer en toute tranquillité de l’aide
experte de ses collègues. Grâce à quoi, le quidam finit par mieux
comprendre les injonctions des représentants de l’ordre. Donc, je
me suis dit au moment de choisir le titre de la version française de
cette chanson du groupe Management del dolore post-operatorio qu’il
ne fallait pas l’intituler « Monsieur l’Agent ». D’un
autre côté, cela impose que l’on connaisse la chanson de Boby
Lapointe, laquelle date quand même d’un demi-siècle. C’est donc
ce pourquoi, je la présente aujourd’hui.
Et tu fais bien, répond Lucien l’âne,
car personne n’aurait rien su de ce dilemme et pire, on n’aurait
même pas pu comparer ces deux visions des rapports francs et
cordiaux entre les gens et les agents. Donc, l’une, celle de
« Monsieur le Policier », illustre la fonction de
« contrôle » (social ?) de la police – elle
s’adresse aux citoyens ; l’autre, « Monsieur
l’Agent », son rôle de régulation de la circulation
automobile – elle concerne plus spécifiquement les usagers.
Ce sont en effet deux fonctions fort
différentes et si tu me permets une réflexion historique, de ces
deux fonctions, c’est la fonction de contrôle de la population qui
est la plus ancienne. La régulation organisée de la circulation
n’est apparue qu’avec le développement des villes et la présence
de plus en plus pressante du charroi automobile.
À propos de charroi automobile et des
encombrements qu’il déclenche, la situation – malgré toutes les
mesures prises par les autorités – ne s’est pas améliorée
depuis cinquante ans ; bref, la chanson de Boby Lapointe est
toujours d’actualité et même, plus encore qu’à l’époque où
elle fut composée. Une autre caractéristique des conversations avec
les policiers, et le fait s’avère dans les deux chansons, c’est
qu’elles se terminent par une séance d’explication musclée,
dont le bénéficiaire ne sort que rarement indemne.
En cela, la police me rappelle le
libéralisme,
qui lui aussi commence ses explications doucement et finit par user
de la force la plus brutale pour imposer libéralement son point de
vue, comme le montrait bien Les
Lanternes libérales :
« Réussissez et
consommez !
Gagnez et profitez !
Travaillez et crevez !
Soyez performants, intériorisez
la carotte ; sinon,
nous sortirons le bâton. »
Gagnez et profitez !
Travaillez et crevez !
Soyez performants, intériorisez
la carotte ; sinon,
nous sortirons le bâton. »
Alors, tissons le linceul
de ce vieux monde libéral, policier, persuasif et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco
Valdo M .I. et Lucien Lane
Monsieur
l’agent, monsieur l’agent…
Monsieur l’agent,
Est-ce que je vais bientôt sortir…
De ce carrefour ?
Il y a longtemps, longtemps, longtemps,
Monsieur l’agent,
Que je suis là avec ma tire
À ce carrefour.
Chez nous, ma femme qui m’attend
Avec sa mère,
M’a recommandé d’être là à l’heure,
Comme il y a sa mère
Et moi, je rapporte le beurre
Pour mettre dans les épinards,
Elles vont me reprocher mon retard…
Amer.
Pourquoi
Quand le feu est vert,
C’est comme quand il est rouge ?
Personne ne bouge,
Je trouve ça louche,
Oh là là, quel temps, on perd !
Je m’énerve,
Je m’énerve,
Je m’éner ner ner ner ner ner ner ve.
Mais qu’est-ce donc que cet agent…
L’agent qui est-ce,
Planté devant mon véhicule…
La jambe en l’air.
Allons, ayez monsieur l’agent…
La gentillesse
De garder votre matricule…
Là, j’en dis trop.
Mais la police est sur les dents…
Et l’agent siffle,
Pas content que je le bouscule…
L’agent gît vite
J’ai beau lui dire :
« Ma femme cardiaque
Est au lit avec une attaque »
Ça lui fait une belle jambe…
Au lit.
Il sort son petit carnet
Pour me fiche une contredanse
Et je suis en transe,
Mon beurre sera rance
Quand il aura terminé.
Je m’énerve,
Je m’énerve,
Je m’éner ner ner ner ner ner ner ve.
Au violon, mes sanglots longs
Bercent ma peine,
J’ai reçu des coups près du colon,
J’ai mal vers l’aine !
Monsieur l’agent,
Est-ce que je vais bientôt sortir…
De ce carrefour ?
Il y a longtemps, longtemps, longtemps,
Monsieur l’agent,
Que je suis là avec ma tire
À ce carrefour.
Chez nous, ma femme qui m’attend
Avec sa mère,
M’a recommandé d’être là à l’heure,
Comme il y a sa mère
Et moi, je rapporte le beurre
Pour mettre dans les épinards,
Elles vont me reprocher mon retard…
Amer.
Pourquoi
Quand le feu est vert,
C’est comme quand il est rouge ?
Personne ne bouge,
Je trouve ça louche,
Oh là là, quel temps, on perd !
Je m’énerve,
Je m’énerve,
Je m’éner ner ner ner ner ner ner ve.
Mais qu’est-ce donc que cet agent…
L’agent qui est-ce,
Planté devant mon véhicule…
La jambe en l’air.
Allons, ayez monsieur l’agent…
La gentillesse
De garder votre matricule…
Là, j’en dis trop.
Mais la police est sur les dents…
Et l’agent siffle,
Pas content que je le bouscule…
L’agent gît vite
J’ai beau lui dire :
« Ma femme cardiaque
Est au lit avec une attaque »
Ça lui fait une belle jambe…
Au lit.
Il sort son petit carnet
Pour me fiche une contredanse
Et je suis en transe,
Mon beurre sera rance
Quand il aura terminé.
Je m’énerve,
Je m’énerve,
Je m’éner ner ner ner ner ner ner ve.
Au violon, mes sanglots longs
Bercent ma peine,
J’ai reçu des coups près du colon,
J’ai mal vers l’aine !
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