mercredi 6 novembre 2019

BERCEUSE DE GUERRE


BERCEUSE DE GUERRE


Version française – BERCEUSE DE GUERRE – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienne (Laziale Romanesco) – Ninna nanna de gueraLaetitia Boschi Hüber – s.d.




Arrangement poétique de Laetitia Boschi Hüber et musique de son fils Francesco Raucea. C’est l’adaptation (sur la célèbre berceuse de Brahms) du beau poème de Trilussa, réalisée par ma mère Laetitia Boschi Hüber – Raucea (1906-1972) : elle me l’a chantée. Poétesse elle aussi, elle était très proche de Trilussa, donc elle aurait pu connaître une version de la Ninna Nanna della Guerra postérieure à celle de 1914, ou faire une adaptation.



Fais dodo, dors, dors,
Car tu ne verras jamais, si tu dors,
Les tragédies et tous les ennuis
Qui arrivent dans le monde dehors,
Par les épées et les fusils
Des peuples civilisés,
Par les mitrailleuses et les canons
De cette meute de morpions.


Fais dodo, toi qui ignores
Les douleurs et les blessures
Des gens qu’on égorge
Pour un fou qui commande
Qu’on égorge et qu’on assomme
Au nom de la race.
Toute excuse est bonne
Pour qui la lutte abandonne.


Fais dodo, toi qui jamais n’entends
Les soupirs et les gémissements
Des gens qu’on égorge
Pour un fou qui commande,
Précisément au nom d’une foi
En un Dieu qu’on ne voit pas
Mais qui sert d’abri
Aux assassins du pays.
Cette belle bande de tueurs.
Qui ensanglante la terre
Sait très bien que la guerre
Produit un monceau de valeurs,
En produisant les ressources
Des grands voleurs de la Bourse,
Créant aussi l’escroquerie
Pour qui fait confiance à cette loterie.


Fais dodo, mon petit gars,
Tant que ce massacre durera,
Car il est certain que demain,
Nous retrouverons nos souverains
Bons amis autant qu’avant,
Plein d’estime se saluant,
Inversant leurs alliances,
Comme on fait à la danse.


Ils sont cousins, ils sont parents,
Ils se referont des compliments !
Leurs rapports familiaux
Redeviendront cordiaux
Et, réunis entre eux, les canailles,
Sans remords, sans détour,
Ils nous feront un beau discours.
Sur la paix et le travail…
Et peut-être même en rimant
Pour toi, peuple de couillons,
Épargné par le canon,
Mais esclave et pauvre plus qu’avant !