BERCEUSE
DE GUERRE
Version
française – BERCEUSE
DE GUERRE – Marco Valdo M.I. – 2019
Arrangement
poétique de Laetitia Boschi Hüber et musique de son fils Francesco
Raucea. C’est l’adaptation (sur la célèbre berceuse de Brahms)
du beau poème de Trilussa, réalisée par ma mère Laetitia Boschi
Hüber – Raucea (1906-1972) : elle me l’a chantée. Poétesse
elle aussi, elle était très proche de Trilussa, donc elle aurait pu
connaître une version de la Ninna
Nanna della Guerra postérieure à celle de 1914, ou faire une
adaptation.
Fais
dodo, dors, dors,
Car
tu ne verras jamais, si tu dors,
Les
tragédies et tous les ennuis
Qui
arrivent dans le monde dehors,
Par
les épées et les fusils
Des
peuples civilisés,
Par
les mitrailleuses et les canons
De
cette meute de morpions.
Fais
dodo, toi qui ignores
Les
douleurs et les blessures
Des
gens qu’on égorge
Pour
un fou qui commande
Qu’on
égorge et qu’on assomme
Au
nom de la race.
Toute
excuse est bonne
Pour
qui la lutte abandonne.
Fais
dodo, toi qui jamais n’entends
Les
soupirs et les gémissements
Des
gens qu’on égorge
Pour
un fou qui commande,
Précisément
au nom d’une foi
En
un Dieu qu’on ne voit pas
…
Mais qui sert d’abri
Aux
assassins du pays.
Cette
belle bande de tueurs.
Qui
ensanglante la terre
Sait
très bien que la guerre
Produit
un monceau de valeurs,
En
produisant les ressources
Des
grands voleurs de la Bourse,
Créant
aussi l’escroquerie
Pour
qui fait confiance à cette loterie.
Fais
dodo, mon petit gars,
Tant
que ce massacre durera,
Car
il est certain que demain,
Nous
retrouverons nos souverains
Bons
amis autant qu’avant,
Plein
d’estime se saluant,
Inversant
leurs alliances,
Comme
on fait à la danse.
Ils
sont cousins, ils sont parents,
Ils
se referont des compliments !
Leurs
rapports familiaux
Redeviendront
cordiaux
Et,
réunis entre eux, les canailles,
Sans
remords, sans détour,
Ils
nous feront un beau discours.
Sur
la paix et le travail…
Et
peut-être même en rimant
Pour
toi, peuple de couillons,
Épargné
par le canon,
Mais
esclave et pauvre plus qu’avant !