lundi 13 janvier 2014

CREUX DE MER

CREUX DE MER


Version française – CREUX DE MER – Marco Valdo M.I. – 2014
tirée de la version italienne – MULATTIERA DI MARE – 2006
d'une chanson gênoise – Creuza de mä – Fabrizio De André – 1984


Lévre de cuppi - lepre di tegole - lièvre de stuc




Creux de mer, creux de mer... Qu'est-ce que ça peut bien être que ce truc là ? De quoi ça cause, à quoi cela réfère, à quoi donc, cela s'applique, cela renvoie ? Ah, dis-le moi, Marco Valdo M.I. mon ami... car je n'y comprends goutte, dit Lucien l'âne en s'agitant comme un mulet dans le filet du pêcheur.


Ho, Lucien l'âne mon ami, ne t'emballe pas comme ça. Je m'en vais t'expliquer et je suis sûr que tu comprendras très bien ce dont il s'agit. Alors, voici... Il y a dans toutes nos campagnes, les brabançonnes, les hennuyères, les condruziennes, les hesbignonnes, les artésiennes, les picardes, les ardennaises, les flamandes et sans doute, dans toutes les campagnes du monde, des chemins qui mènent d'un endroit à un autre, d'un bourg à l'autre, d'une ferme à une autre, à travers champs, entre les prés, au travers des bosquets et des bois, des chemins qui creusent le paysage, traçant leur route comme un bateau sur la mer. On les appelle – par chez nous, en tous cas – des chemins creux, disons des creux. Ce qui explique, clairement je crois, la traduction française de « creux de mer ». Dans des régions plus montagneuses où par exemple, Modestine menée par Stevenson, ou l'inverse : Stevenson mené par ta consœur Modestine, exerça ses talents et où le Robert Louis philosopha avec succès disant : « Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le nid douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants. », de tels chemins de traverse sont nommés chemins ou sentiers muletiers, du fait que seuls – à peu près – les ânes et les mulets y ont pied. Ce qui les rapproche des marins ; ainsi donc, on a l'âne et son pied pour les sentes de montagne et le creux pour les voies de plaine. Je te dis tout cela, car la traduction italienne de « creuza de mä », expression gênoise, est « mulattiera di mare », qu'il eût fallu traduire, mais nous ne le ferons pas, par « chemin muletier de mer ».


M'est avis, dit Lucien l'âne en souriant des dents et des oreilles qu'il agite pour ce faire comme des têtes de roseau au vent, m'est avis que ce traducteur-là vient d'un pays de montagne...


De toute façon, cette version – la mienne qui est bâtie sur la traduction du gênois en italien, est des plus branlante et repose plus sur mon goût immodéré de « traduire » pour comprendre, que de traduire parce que je comprends. Si tu me suis bien : je comprends après avoir traduit ; en somme, je n'ai pas la science infuse et je le répète, je ne connais pas le gênois, mais pas beaucoup plus l'italien. Quant au français... Je l'apprends tous les jours et ça fait déjà longtemps... Pour te donner une idée plus précise de l'atmosphère de cette canzone... Assez onirique au demeurant... Voici un exemple de casse-tête, tiré de cette canzone : De André évoque le « lévre de cuppi », lequel dans la traduction italienne devient « lepre di tegole »... Brutalement traduit à partir de l'italien, je te le rappelle, ce serait : lièvre de tuiles ou lièvre de toit... Par ailleurs, ce lièvre est un « animal qui miaule », dit un commentateur plus informé que moi : « exCommesso 10 febbraio 2011 alle 22:07
@Carlo
Non mi fiderei di de André come fonte di ricette tradizionali… visto che la “lévre di cuppi” (=lepre dei coppi) è un animale non ben definito ma che, secondo me, miagola. »
Dès lors, si le lièvre qui miaule, alias le chat, se promène sous la lune sautant de gouttière en gouttière, on peut être certain que le lièvre classique ne se balade pas sur les toits... C'est donc un faux lièvre... D'où, ce lièvre de stuc... dont le principal mérite serait sans doute qu'il rime avec les « sucs » de la lasagne.


Je crois bien, dit l'âne Lucien, brayant d'un rire rabelaisien, que ton « lièvre de stuc » n'est sans doute pas plus comestible que le « lévre de cuppi » de De André. En soi aussi, c'est un mérite. Je remarque au passage que notre ami GPT en a fait un lapin de céramique... Enfin, si j'ai bien compris... À propos de délire, ce vin de Chenin est une vigne ancienne et en blanc, réellement divin et assez dionysiaque. Un excellent sauf-conduit pour les petits-matins. Je me demande où tout cela va nous mener...

Dans un creux de mer, Lucien l'âne mon ami, dans un creux de mer...


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.





Ombre de face, face de marin
D'où viens-tu où vas-tu ?
D'un endroit où la lune se montre à nu
Où la nuit m'a mis sur la gorge un surin
Et à monter l'âne, il est resté Dieu.
Le Diable est au ciel et il y a fait son pieu
Je sors de la mer pour sécher les os de l'Andrea
À la fontaine des colombes dans la maison, là.

Et va umè umè et va umè umè et va ayò
Et va umè umè et va umè umè et va ayò

Et qui y sera dans la maison de pierre
Dans la maison de l'Andrea qui n'est pas marin ?
Des gens de Lugano aux gueules de coquins
Qui au loup préfèrent l'aile
Des filles de famille, aux parfums vifs
Qu'on peut garder sans préservatif

E va umè umè e va umè umè e va ayò
E va umè umè e va umè umè e va ayò

Et à ces ventres vides que va-t-on donner ?
Des choses à boire, des choses à manger
Une friture de petits poissons, du blanc de Chenin
Des cervelles d'agneau dans le même vin
De la lasagne à couper aux quatre sucs
De la tourte à l'aigre-doux de lièvre de stuc

Et va umè umè et va umè umè et va ayò
Et va umè umè et va umè umè et va ayò

Et sur la barrique, nous naviguerons vers les
bancs rocheux
Émigrants du rire avec les clous dans nos yeux
Jusqu'au matin qui croîtra pour ramasser le ciel
Des caryophylles et des filles, le frère
Maître de la corde pourrie par l'eau et le sel
Nous lie et nous mène dans un creux de mer.

E va umè umè e va umè umè e va ayò

E va umè umè e va umè umè e va ayò