CREUX
DE MER
Version
française – CREUX DE MER – Marco Valdo M.I. – 2014
tirée
de la version italienne – MULATTIERA DI MARE – 2006
d'une
chanson gênoise – Creuza de mä – Fabrizio De André – 1984
Lévre de cuppi - lepre di tegole - lièvre de stuc |
Creux de mer, creux de mer... Qu'est-ce que ça peut bien être que ce truc là ? De quoi ça cause, à quoi cela réfère, à quoi donc, cela s'applique, cela renvoie ? Ah, dis-le moi, Marco Valdo M.I. mon ami... car je n'y comprends goutte, dit Lucien l'âne en s'agitant comme un mulet dans le filet du pêcheur.
Ho,
Lucien l'âne mon ami, ne t'emballe pas comme ça. Je m'en vais
t'expliquer et je suis sûr que tu comprendras très bien ce dont il
s'agit. Alors, voici... Il y a dans toutes nos campagnes, les
brabançonnes, les hennuyères, les condruziennes, les hesbignonnes,
les artésiennes, les picardes, les ardennaises, les flamandes et
sans doute, dans toutes les campagnes du monde, des chemins qui
mènent d'un endroit à un autre, d'un bourg à l'autre, d'une ferme
à une autre, à travers champs, entre les prés, au travers des
bosquets et des bois, des chemins qui creusent le paysage, traçant
leur route comme un bateau sur la mer. On les appelle – par chez
nous, en tous cas – des chemins creux, disons des creux. Ce qui
explique, clairement je crois, la traduction française de « creux
de mer ». Dans des régions plus montagneuses où par exemple,
Modestine menée par Stevenson, ou l'inverse : Stevenson mené
par ta consœur Modestine, exerça ses talents et où le Robert Louis
philosopha avec succès disant : « Quant à moi, je
voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour
le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus
près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le nid
douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit
terrestre et les silex épars avec leurs coupants. », de tels
chemins de traverse sont nommés chemins ou sentiers muletiers, du
fait que seuls – à peu près – les ânes et les mulets y ont
pied. Ce qui les rapproche des marins ; ainsi donc, on a l'âne
et son pied pour les sentes de montagne et le creux pour les voies de
plaine. Je te dis tout cela, car la traduction italienne de « creuza
de mä », expression gênoise, est « mulattiera di
mare », qu'il eût fallu traduire, mais nous ne le ferons pas,
par « chemin muletier de mer ».
M'est
avis, dit Lucien l'âne en souriant des dents et des oreilles qu'il
agite pour ce faire comme des têtes de roseau au vent, m'est avis
que ce traducteur-là vient d'un pays de montagne...
De
toute façon, cette version – la mienne qui est bâtie sur la
traduction du gênois en italien, est des plus branlante et repose
plus sur mon goût immodéré de « traduire » pour
comprendre, que de traduire parce que je comprends. Si tu me suis
bien : je comprends après avoir traduit ; en somme, je
n'ai pas la science infuse et je le répète, je ne connais pas le
gênois, mais pas beaucoup plus l'italien. Quant au français... Je
l'apprends tous les jours et ça fait déjà longtemps... Pour te
donner une idée plus précise de l'atmosphère de cette canzone...
Assez onirique au demeurant... Voici un exemple de casse-tête, tiré
de cette canzone : De André évoque le « lévre de
cuppi », lequel dans la traduction italienne devient « lepre
di tegole »... Brutalement traduit à partir de l'italien, je
te le rappelle, ce serait : lièvre de tuiles ou lièvre de
toit... Par ailleurs, ce lièvre est un « animal qui miaule »,
dit un commentateur plus informé que moi : « exCommesso 10
febbraio 2011 alle 22:07
@Carlo
Non mi fiderei di de André come fonte di ricette tradizionali… visto che la “lévre di cuppi” (=lepre dei coppi) è un animale non ben definito ma che, secondo me, miagola. »
Non mi fiderei di de André come fonte di ricette tradizionali… visto che la “lévre di cuppi” (=lepre dei coppi) è un animale non ben definito ma che, secondo me, miagola. »
Dès
lors, si le lièvre qui miaule, alias le chat, se promène sous la
lune sautant de gouttière en gouttière, on peut être certain que
le lièvre classique ne se balade pas sur les toits... C'est donc un
faux lièvre... D'où, ce lièvre de stuc... dont le principal mérite
serait sans doute qu'il rime avec les « sucs » de la
lasagne.
Je
crois bien, dit l'âne Lucien, brayant d'un rire rabelaisien, que ton
« lièvre de stuc » n'est sans doute pas plus comestible
que le « lévre de cuppi » de De André. En soi aussi,
c'est un mérite. Je remarque au passage que notre ami GPT en a fait
un lapin de céramique... Enfin, si j'ai bien compris... À propos de
délire, ce vin de Chenin est une vigne ancienne et en blanc,
réellement divin et assez dionysiaque. Un excellent sauf-conduit
pour les petits-matins. Je me demande où tout cela va nous mener...
Dans
un creux de mer, Lucien l'âne mon ami, dans un creux de mer...
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Ombre
de face, face de marin
D'où
viens-tu où vas-tu ?
D'un
endroit où la lune se montre à nu
Où
la nuit m'a mis sur la gorge un surin
Et
à monter l'âne, il est resté Dieu.
Le
Diable est au ciel et il y a fait son pieu
Je
sors de la mer pour sécher les os de l'Andrea
À
la fontaine des colombes dans la maison, là.
Et
va umè umè et va umè umè et va ayò
Et
va umè umè et va umè umè et va ayò
Et
qui y sera dans la maison de pierre
Dans
la maison de l'Andrea qui n'est pas marin ?
Des
gens de Lugano aux gueules de coquins
Qui
au loup préfèrent l'aile
Des
filles de famille, aux parfums vifs
Qu'on
peut garder sans préservatif
E
va umè umè e va umè umè e va ayò
E
va umè umè e va umè umè e va ayò
Et
à ces ventres vides que va-t-on donner ?
Des
choses à boire, des choses à manger
Une
friture de petits poissons, du blanc de Chenin
Des
cervelles d'agneau dans le même vin
De
la lasagne à couper aux quatre sucs
De
la tourte à l'aigre-doux de lièvre de stuc
Et
va umè umè et va umè umè et va ayò
Et
va umè umè et va umè umè et va ayò
Et
sur la barrique, nous naviguerons vers les
bancs
rocheux
Émigrants
du rire avec les clous dans nos yeux
Jusqu'au
matin qui croîtra pour ramasser le ciel
Des
caryophylles et des filles, le frère
Maître
de la corde pourrie par l'eau et le sel
Nous
lie et nous mène dans un creux de mer.
E
va umè umè e va umè umè e va ayò
E
va umè umè e va umè umè e va ayò