GÖTTINGEN
Version
française – GÖTTINGEN – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson
allemande – Göttingen
– Franz
Josef Degenhardt – 1983
Connais-tu
la Gänseliesel de Göttingen ? Je vois à ton œil joyeux que
bien évidemment, tu la connais et que sans doute, comme tant
d'autres, tu l'a embrassée de façon gourmande…
Sûr
que je l'ai embrassée et pourquoi ne l'aurais-je pas fait, vu que
telle est la coutume et que, dit-on, cette charmante gardienne d'oies
est la jeune personne la plus embrassée de par le monde… Les
pulpeuses dénudées des magazines n'ont qu'à aller se rhabiller…
C'était même récemment encore chose interdite… Il est vrai que
le ridicule ne tue que rarement. Mais pourquoi me parles-tu de cette
aimable Lison de Göttingen ? En serait-il question dans la
canzone dont tu viens de faire une version française ?
Exactement,
mon ami Lucien l'âne perspicace. D'ailleurs, la canzone se nomme :
« Göttingen » et je précise tout
de suite que son auteur, Franz-Josef Degenhardt savait très bien que
la chanteuse française Barbara avait auparavant elle aussi écrit et
interprété une chanson intitulée
Göttingen [[705]]. En voici donc une deuxième, dans laquelle on
trouve une explicite référence à la première :
Mais bien évidemment, tu connais Degenhardt, la canzone raconte aussi autre chose… Le passage de l'avocat Degenhardt dans la ville est escorté du passage du chanteur Degenhardt, armé de sa guitare. Il raconte l'histoire de l'Allemagne (version ouest), son évolution marquée par les mouvements de contestation politique et écologique, par aussi certaines évolutions désastreuses nées de la désespérance d'une jeunesse allemande brisée dans ses élans généreux et libertaires.
Une
histoire semblable était contée par la chanson Golden
Shoot à Stuttgart [[41548]], qui parlait de 1971. Et comme tu le
vois, des années plus tard, la même désespérance… Et maintenant
encore, elle perdure… Le
Mur
[[7911]] auquel se heurte la population n'est
pas encore tombé…
Au
fait, dis-moi, qu'en est-il advenu de ce « Christian Klar »,
dont parle la chanson…
Après
26 ans, Christian Klar est enfin sorti de la prison où on l'avait
jeté en raison de ses activités révolutionnaires au sein de la
Rote Armee Fraction. Il avait notamment participé en 1977 à
l'enlèvement et à l'assassinat du patron des patrons allemands de
l'époque (avant ça, Président de Daimler Benz), Hans Martin
Schleyer, un nazi, officier SS de haut rang et à ce titre, du temps
de l'occupation, responsable de la politique d’extermination en
Tchécoslovaquie.
On
comprend évidemment la désespérance qui ronge ce pays, qui n'a pas
su vraiment se purger de son infection nazie. Comme quoi, il importe
que nous continuions à tisser le linceul de ce vieux monde gangrené,
désespérant, mortifère et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Dans cette ville, on devrait cavaler, my love,
Comme un hussard, la cape au vent,
Se laisser glisser sur la Lison aux oies
S'asseoir, les cheveux flous,
Boire des coups de sa bière, se taire
Et se ressouvenir des nuits d'août :
On jouait là de l'harmonica et du violon,
Et autour de la fontaine, nous dansions sans façon.
Adenauer était en partance,
Nous chantions à haute voix une république libre,
Beaucoup rêvaient d'une nouvelle alliance
Noble orgueil de prince et chance d'enfant sale.
Elle
me traitait de sale gamin prolétaire.
Ça m'a peu servi auprès des camarades.
Là, des enseignants ont tiré sur des élèves,
Dans ma robe, face à la Cour, j'ai hurlé.
Avec la guitare, j'ai riposté.
J'étais témoin, mais ici, on ne m'a pas fait confiance.
Ici, Barbara chantait les enfants blonds
Les roses aussi et la mélancolie,
Qu'en eux les enfants de vaincus ont,
Jusqu'à devenir des Mescaleros, et libérer leur vie.
Ça m'a peu servi auprès des camarades.
Là, des enseignants ont tiré sur des élèves,
Dans ma robe, face à la Cour, j'ai hurlé.
Avec la guitare, j'ai riposté.
J'étais témoin, mais ici, on ne m'a pas fait confiance.
Ici, Barbara chantait les enfants blonds
Les roses aussi et la mélancolie,
Qu'en eux les enfants de vaincus ont,
Jusqu'à devenir des Mescaleros, et libérer leur vie.
e
cours dans le vent sur les tombes.
Par exemple, l'Hans voulait poursuivre la ville,
Car nous avons enterré une amie morte,
Qui s'était tiré une overdose de neige.
Par exemple, l'Hans voulait poursuivre la ville,
Car nous avons enterré une amie morte,
Qui s'était tiré une overdose de neige.
Laisse-moi
guider et allons à la Tour de Bismarck
Le pensionné aveugle cliquette tout comme un étudiant
Dans les duels corporatifs, il exhibe le sabre de Bismarck
Un ruban, un chapeau et une chemise tachée de sang.
Je cours dehors et je vois devant moi sur le rempart
Peint en rouge : « Vengeance pour Christian Klar ».
Je découvre encore toujours plus précisément,
Que ce pays ne restera plus comme il était avant.
Le pensionné aveugle cliquette tout comme un étudiant
Dans les duels corporatifs, il exhibe le sabre de Bismarck
Un ruban, un chapeau et une chemise tachée de sang.
Je cours dehors et je vois devant moi sur le rempart
Peint en rouge : « Vengeance pour Christian Klar ».
Je découvre encore toujours plus précisément,
Que ce pays ne restera plus comme il était avant.