vendredi 27 novembre 2015

À LA LUNE ALLEMANDE


À LA LUNE ALLEMANDE


Version française – À LA LUNE ALLEMANDE – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson allemande – An den deutschen MondKurt Tucholsky – 1920

Texte de Kurt Tucholsky – sous le pseudonyme de Theobald Tiger – le 18 avril 1920 dans le « Berliner Volkszeitung ».
Musique de Hanns Eisler
Interprète : Ernst Busch in « Ernst Busch Singt Tucholsky Und Brecht – Deutsches Miserere »


















1920
Par-dessus la Porte de Brandebourg, 

La lune observe l’Allemagne de Weimar


La lune observe d’en haut, presque ennuyée, l’Allemagne de Weimar, avec les gens qui se promènent et la fille indifférente, le change illégal au coin des rues, les bureaucrates de Gustav Noske (le dirigeant social-démocrate responsable de la féroce répression de la Révolution spartakiste) qui se pressent dans les bureaux du Gouvernement, les militaires dans les casernes qui attendent du général Ludendorff le signal pour prendre le pouvoir… Tout ceci la lune le connaît bien… Mais voilà que surgit un type – Tucholsky lui-même, je crois – lequel, malgré les insultes, les menaces et les sifflets, frappe un poing sur la table et hurle : « L’armée doit être démantelée, seulement ainsi vous serez finalement en sécurité ! »… Non, cette scène la lune ne sy attendait vraiment pas, si elle l’attendait…

Brave lune, tu vas si calme
Parmi les nuages du soir !
Regarde le long Äppelzille
Et les prêtresses de Vénus.
Regarde les passants, les traînards
Et arnaquer les changeurs malhonnêtes.
À tout cela, tu es déjà habituée,
Brave lune, brave lune – !

Glisse lentement au-dessus des toits,
Regarde dans les fenêtres et les bureaux,
Où les dossiers sur les étagères
Murmurent : « Nous sommes débarrassés de Noske ! »
Regarde par les fenêtres des casernes,
Où ils enlèvent le jaune-noir-rouge…
À tout cela, tu es déjà habituée,
Brave lune, brave lune – !

Roule vers le firmament
Au-dessus de notre grande ville,
Regarde la grosse et consistante pension
Que Ludendorff a encore.
Regarde aussi bientôt, avant qu’il ne soit trop tard,
Quelques traîtres libres…
À tout cela, tu es déjà habituée,
Brave lune, brave lune – !
Mais quelqu’un surgit tout à coup
Qui malgré le tapage et les sifflets
Frappe – comme personne avant lui –
Avec le poing sur notre table –
Qui dit : « Les militaires doivent s’en aller ! »
Eh bien, alors tu pourras être en sécurité !
Mais à cela tu n’es pas habituée,
Brave lune, brave lune – !


PARC MONCEAU


PARC MONCEAU

Version française – PARC MONCEAU – Marco Valdo M.I. – 2011
Chanson allemande – Park Monceau – Kurt Tucholsky - 1924


Poème de Kurt Tucholsky publiée le 15 mai 1924 sur « Die Weltbühne »signée Theobald Tiger, un des nombreux pseudonymes de Tucholsky.
Musique écrite la même année par Olaf Bienert (1911 – 1967), compositeur et pianiste berlinois, auteur apprécié de musiques pour le cabaret et puis, après la guerre, de bandes sonores pour le cinéma et la télévision.



Parc Monceau – Les Belles – Henri Brispot

1918



Un poème écrit par Tucholsky pendant son séjour à Paris comme correspondant de Die Weltbühne. Dans la capitale française, où il s'amouracha du cabaret, Tucholsky put pendant un court moment respirer cet air de liberté désormais quasiment absent de sa sinistre terre déjà martyrisée par le fascisme émergeant.




Ici, c'est joli. Ici je peux rêver en paix.
Ici je suis un homme – et plus seulement un civil.
Ici je peux aller à gauche. Sous les arbres verts
Aucun écriteau ne dit il est interdit.

Un gros ballon repose sur le gazon.
Un oiseau picore une feuille brillante
Un petit garçon fouille son nez
Et se réjouit quand il trouve quelque chose.

Quatre Américaines vérifient
Si Cook dit juste et s'il y a ici des arbres.
Paris du dehors et Paris du dedans
Elles ne voient rien et elles doivent tout voir.

Le bruit des enfants sort des rocailles multicolores,
Le soleil brille et illumine une maison
Je suis assis tranquille et je me laisse dorer
Et je me repose de ma patrie.