samedi 8 juillet 2017

LE PETIT RAT DE LA MONTAGNE

LE PETIT RAT DE LA MONTAGNE



Version française – LE PETIT RAT ET LA MONTAGNE – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienne – Il topolino e la montagnaErica Boschiero2017









Librement adaptée de la lettre IV « Le rat et la montagne » d’Antonio Gramsci, c’est une chanson écologiste qui prend pour point de départ une fable rappelée par Gramsci dans une lettre, c’est une chanson « circulaire » ou acchiapparello (comme « à la foire de l’Est » ou même « Cioetta Cioetta »)

Lettre IV
Le rat et la montagne

Très chère Julia,

Peux-tu demander à Delio, de ma part, quel récit de Pouchkine il aime le plus. Moi vraiment, j’en connais seulement deux : Le Coq d’or et Le Pêcheur.
Je voudrais maintenant raconter à Delio une histoire de mon pays qui me semble intéressante. Je te la résume et tu la raconteras, à lui et à Giuliano (Delio et Giuliano sont les fils d’Antonio, qui vivent avec leur mère Julie à Moscou).
Un enfant dort. Il y a un pot à lait de lait prêt pour son réveil. Un rat boit le lait. L’enfant, sans son lait, crie, et la maman qui esclave, court voir la chèvre pour avoir du lait. La chèvre lui promet le lait, quand elle aura de l’herbe à manger. Le rat va dans la campagne chercher de l’herbe et la campagne aride veut de l’eau. Le rat va à la fontaine. La fontaine a été détruite par la guerre et l’eau se perd : elle réclame le maître maçon ; celui-ci veut des pierres. Le rat va à la montagne et se crée alors un dialogue sublime entre le rat et la montagne qui a été déboisée par des spéculateurs et montre partout ses os sans terre. Le rat raconte toute l’histoire et promet que l’enfant replantera les pins, chênes, châtaigniers, etc. Alors, la montagne donne les pierres, etc. et l’enfant a tant de lait qu’il se lave même avec le lait. Il grandit, plante les arbres, tout change ; les os de la montagne disparaissent sous le nouvel humus, la précipitation atmosphérique redevient régulière, car les arbres retiennent les vapeurs et empêchent les torrents de ravager la plaine. En somme, le rat conçoit un vrai plan de travail, organique et adapté à un pays ruiné par le déboisement.
Très chère Julie, tu dois vraiment raconter cette histoire et ensuite me communiquer l’impression des enfants.

Je t’embrasse tendrement.

ANTONIO



L’enfant dort, dort avec à son chevet
Son gobelet de lait
Dans la nuit, un petit rat le lui boira…
L’enfant crie, crie après son lait
Et sa mère crie, crie : « Mon fils mourra ! »

La bestiole touchée au cœur par le pleur qu’elle a causé
Court vite chez la chèvre et lui demande « Du lait, par pitié ! »

« Mon lait, je donnerai, », lui dit la douce chèvre,
« Quand tu m’apporteras de l’herbe. »

Le rat court à la campagne ;
Il lui dit : « Donne-moi de l’herbe verte,
Ainsi la chèvre mangera et son lait me donnera,
Et l’enfant, on sauvera. »

« Quand d’eau fraîche, tu m’arroseras, 
L’herbe verte, tu auras. »

Le rat court à la fontaine près du bois
Il dit : « L’eau fraîche, donne-moi !
La campagne, j’arroserai. L’herbe verte, elle me donnera,
La chèvre la mangera et son lait me donnera,
Et l’enfant, on sauvera »

« La guerre m’a détruite », dit la fontaine près du bois,
« L’eau fraîche reviendra quand mes pierres, on remettra »

Le rat court chez le maçon et dit « Arrange cette fontaine,
Quand l’eau fraîche en jaillira, j’arroserai la campagne,
Elle me donnera l’herbe verte, la chèvre la mangera,
Son lait, elle me donnera, et l’enfant, on sauvera »

« Je te donnerai mon travail », dit aimable le maçon.
« Pour les pierres, comment fait-on ? »

Le rat court à la montagne et dit : « Pour le maçon, des pierres donne-moi
La fontaine il refera, l’eau fraîche rejaillira,
La campagne, j’arroserai, l’herbe verte repoussera,
La chèvre la mangera et son lait, elle me donnera,
Et l’enfant, on sauvera »

La montagne est comme morte,
Il n’y a plus un brin d’herbe,
Il n’y a plus d’arbres, il n’a plus d’ombre,
Elle ne répond plus. Que faire ?

« Montagne, je te le promets, des pierres pour le maçon donne-moi,
qui réparera la fontaine, l’eau fraîche rejaillira,
J’arroserai la campagne, l’herbe verte repoussera,
La chèvre la mangera et son lait, elle me donnera
Et l’enfant on sauvera, qui un homme deviendra,
De hauts arbres, il plantera et ton bois revivra. »

La montagne dit : « Les pierres blanches, les voilà ! »
« Et l’enfant, on sauvera ».

Le rat extrait les pierres, les porte au maçon fissa,

Qui réparera la fontaine, l’eau fraîche rejaillira,
J’arroserai la campagne, l’herbe verte repoussera,
La chèvre la mangera et son lait, elle me donnera,
Et l’enfant, on sauvera, qui un homme deviendra.
De hauts arbres, il plantera et la montagne sourira.