LA
FIN
Version française – LA FIN – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson italienne – Armageddon – Ugo Mazzei – 2012
Dialogue maïeutique
C’est La Fin, dit Marco Valdo M.I.
La fin, dit Lucien l’âne, la fin de quoi ? Ce n’est quand même pas la fin de tout ?
Rassure-toi, Lucien l’âne mon ami, c’est seulement la fin du monde, chose qui n’est pas la fin de tout. Donc, La Fin est une chanson sur la fin du monde à laquelle – pour ne pas faire dans la grandiloquence – j’ai donné pour la version française ce titre simple. La chanson d’origine, une chanson italienne, porte un titre différent : elle s’intitule Armageddon, un de ces noms abscons en usage chez les prophètes.
Ah oui, dit Lucien l’âne, les prophètes. Il y en a eu beaucoup et pour ce que j’en ai entendu et ce que j’ai vu des conséquences de leurs propos absurdes, ce sont des personnages assez déboussolés et fort dangereux.
En effet, Lucien l’âne mon ami, mais ce n’est pas le sujet de la chanson, qui rapporte le discours de quelqu’une ou quelqu’un qui se trouve sur un atoll tropical et voit éclater une fulmination, une fulguration, une éruption, une explosion gigantesque comme il dut y en avoir à Bikini ou à Mururoa. Tel est le décor.
Et que raconte cette chanson dans ce décor ?, demande Lucien l’âne.
Eh bien, on y revient, dit Marco Valdo M.I. ; je résume : réfugié dans des îles lointaines pour échapper aux errements de la civilisation, le personnage s’adresse à l’autre membre de son couple et propose d’affronter le péril de belle manière avant que d’être emportés enfin.
« Seuls, frémissants, on disparaîtra dans cette fin.
Il n’est plus temps de fuir ; ce soir, on se baisera
Sur un atoll tropical où le vent nous emportera enfin. »
Ah, dit Lucien l’âne, de toute façon, il n’y a pas d’autre issue.
Oui, dit Marco Valdo M.I., comme toujours ans la vie : à la fin, il n’y a pas d’autre issue. Retiré le décor un peu apocalyptique, il n’y a rien d’autre que la plus banale des fins.
Oh, conclut Lucien l’âne, qu’il vente, qu’il pleuve, sous le soleil, sous la lune, de jour, de nuit, le résultat est le même. En plus, pour celui qui est passé, rien ne s’est passé. La pièce est finie, rideau. On ne peut s’accrocher à rien, même pas à l’autre. Finalement, un baiser n’y peut rien, le temps s’en va. D’ailleurs, je me souviens d’une chanson française qui parlait aussi d’un vent qui emportera, intitulé e tout simplement : « Le Vent nous portera ». En attendant, tissons le linceul de ce vieux monde vivant, frémissant, tremblant, râlant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Tempête solaire, explosion stellaire,
Neige en bord de mer, bascule de la Terre,
Fluctuations du temps d’un monde à oublier,
La
mer des marins,
la mer d’amour à rêver.
Et
l’air léger, maintenant impalpable
et sombre,
N’est plus printemps, mais couverture de chaleur.
La pluie s’abat, un linceul blanc couvre l’ombre ;
Et les gens ? Autour d’eux, l’eau change de couleur.
Il n’est plus temps de fuir ; ce soir, on se baisera
Sur un atoll tropical et le vent nous emportera.
Seuls, frémissants, dans cette fin, on disparaîtra.
Injuste, mais bien, car se baiser nous sauvera.
Dormir et se réveiller poussière de sel
Dans l’alambic du néant, bouillie moléculaire.
Demander au président ce qu’il peut y faire
Ne sert à rien, c’est une bulle dans le ciel.
Dans
l’imbécillité ambiante,
dire l’essentiel ;
Ne pas rester indifférents, un jour tout ça finira.
Il n’est plus temps de fuir ; ce soir, on se baisera
Accrochés à l’étoile polaire, au souffle gravitationnel.
Après, tout pourrira ; embrassés, on glissera
Dans la tempête planétaire, on s’enfoncera dans cette fin.
Il n’est plus temps de fuir ; ce soir, on se baisera
Sur un atoll tropical où le vent nous emportera enfin.
Injuste, mais bien, car se baiser nous sauvera.
Seuls, frémissants, on disparaîtra dans cette fin.
Il n’est plus temps de fuir ; ce soir, on se baisera
Sur un atoll tropical où le vent nous emportera enfin.
Injuste, mais bien, car se baiser nous sauvera.