Version française - INTERROGATOIRE D'UN OBJECTEUR – Marco Valdo M.I. – 2013
d'après la version italienne – INTERROGATORIO DI UN OBIETTORE DI COSCIENZA – Riccardo Venturi – Marina di Campo (Isola d'Elba), 31 maggio 2005
d'une chanson allemande – Befragung eines Kriegsdienstverweigerers – Franz-Josef Degenhardt – 1966
Vous
invoquez ici sans arrêt la Constitution.
Dites
un peu, mon garçon,
Est-ce
que vous n'êtes pas en réalité communiste ?
Assurément,
nous sommes assez libéraux,
Cheveux
longs, barbes, chaînes, anneaux,
Certes,
nous avons déjà eu de tout.
Mais
ici, on ne s'assied pas sur les dossiers
Vous
avez lu Marx et Engels, dites-vous.
Donc,
cela vous le comprenez.
Vous
n'avez connu que l'école obligatoire,
Alors,
ne prenez pas ces grands airs.
Par
contre, vous ne pouvez rien y faire.
Vous
pouvez lire ce que vous voulez — effectivement ;
Ici,
chacun peut faire comme il l'entend
Dans
le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend.
Certes,
on ne veut plus être soldat à présent.
Je
peux le comprendre également,
Je
n'en aurais aucune envie, même moi.
Mais
il faut avoir des justifications pour cela
Et
ne recommencez pas encore
Avec
l'impérialisme et les deux guerres.
La
vieille classe est encore toujours au pouvoir
Et
vous ne voulez pas pour eux
Tirer
les marrons du feu.
Nous
bien comprenons ça.
Ça
peut même être tout à fait juste.
Mais
ça ne nous intéresse pas.
Et
puis, c'est nettement politique
Et
ici,les motifs de conscience seuls nous intéressent.
Sans
doute,
Ça
paraît certes très barbare,
Mais
ce qui importe finalement de savoir,
C'est
si vous pouvez tuer ou non.
Ici,
chacun peut faire comme il l'entend
Dans
le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend.
Donc,
reprenons encore
Vous
ne faites pas partie d'une église,
Ni
d'une secte reconnue.
Difficile
de s'en passer pour les motifs de conscience.
Une
fois, nous avons eu ici un artiste
Qui
se disait bouddhiste,
Même
que ce type était chauve ;
Ce
gars s'en est tiré, c'était un futé.
Alors,
faites attention !
Je
vais examiner maintenant vos raisons :
Supposons
que vous allez promener,
De
nuit, dans un parc, avec votre amie
Tout
à coup
Survient
une horde de Russes
Armés
et complètement soûls.
Halte...
Disons plutôt des Américains, une bande
Ivres
morts et armés, dans le parc, la nuit
Ils
s'en prennent à votre amie
Vous
avez votre fusil
Alors
qu'est-ce que vous faites ?
Qu'est-ce
que vous dites ?
Vous
refusez cet exemple...
Pas
pour moi, vous y allez un peu vite.
Ici,
chacun peut faire comme il l'entend
Dans
le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend.
Bon,
on laisse tomber
Cette
histoire de soldats,
Les
Russes et les Américains et aussi les Chinois ;
Des
nègres, on n'en a même pas parlé.
Laissons
tout cela de côté.
Prenons
simplement deux criminels ordinaires,
Armés
et bourrés à la bière.
Dans
le parc, la nuit,
Ils
s'en prennent à votre amie ;
Vous
avez toujours votre flingue avec vous.
Alors
que faites-vous ?
Ne
nous dites pas maintenant
Que
vous priez, que vous vous mettez à genoux ;
Vous
n'arriverez à rien ainsi
Avec
Marx et Engels et tout le saint tremblement.
Qu'est-ce
ce que vous avez dit ?
Je
parle tout le temps de politique.
Mais
c'est vraiment comique,
J'imagine
une circonstance
Taillée
pour vous très exactement,
Je
vous offre encore une chance,
Car
finalement
Ici,
chacun peut faire comme il l'entend
Dans
le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend
Bon,
alors, on aimerait vraiment savoir ce que vous faites.
Donc
encore une fois, on répète :
Deux
mecs baraqués, de vraies armoires
Armés
jusqu'aux dents et ivres, dans le parc la nuit.
Ils
en veulent à votre amie
Et
vous avez en main votre pétoire.
Alors
qu'est-ce que vous faites ?
Qu'est-ce
que vous dites ?
Vous
les menacez de votre arme,
Vous
êtes en autodéfense.
Pas
de chance !
Vous
êtes complètement à côté de la plaque,
Vous
ne pouviez pas dire ça.
La
bonne réponse, la voilà :
Je
jette mon arme
Et
ensuite, à ces messieurs, je demande
De
bien vouloir cesser cet acte de violence.
Qu'est-ce
que vous nous dites là ?
Comme
soldat, vous ne serez jamais dans un pareil cas...
Reprenons
encore une fois.
C'est
quand même politique.
Ça
n'a quand même rien à voir avec la morale ;
Oui,
la Constitution, la Constitution, la Constitution
Vous
invoquez tout le temps la Constitution.
Dites
une fois,
Est-ce
que vous n'êtes pas communiste ?
Ici,
chacun peut faire comme il l'entend
Dans
le cadre de la constitution libéralo-démocratique, on se comprend.