vendredi 27 octobre 2017

L'HISTOIRE D’ESPAGNE (EXPLIQUÉE AUX ESPAGNOLS)

L'HISTOIRE D’ESPAGNE 
(EXPLIQUÉE AUX ESPAGNOLS)

Version française – L'HISTOIRE D’ESPAGNE (EXPLIQUÉE AUX ESPAGNOLS) – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après la version italienne de Riccardo Venturi
d’une chanson catalane – Història d’Espanya (explicada pels espanyols)Brams2014
Texte : Francesc Ribera
Musique : Xevi Vila





Hégésippe Simon

LE PRÉCURSEUR


Une « histoire de l’Espagne » ironique des origines à nos jours, avec des moments très significatifs comme lorsque les habitants originaires du continent américain sont si émerveillés par leurs conquérants qu’ils meurent par milliers dans les mines d’or pour se payer le catéchisme et les leçons d’espagnol. Intéressant aussi lorsque le général Franco remporte les élections de 1936 en devenant le fondateur de la démocratie !


Dialogue maïeutique

Évidemment, tout le monde sait que ce n’est pas Franco Bahamonde – Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios – qui inventa la démocratie, mais bien Hégésippe Simon ; on se souvient encore de l’inauguration de sa statue sur la place principale de la riante commune de Poil, pour célébrer son centenaire le 31 mars 1914, où le grand précurseur de la démocratie qu’était Hégésippe Simon était en effet né à Poil, le 31 mars 1814. Il faut rendre à Hégésippe ce qui lui revient. Répétons-le : l’inventeur de la démocratie n’est pas Franco, c’est Hégésippe. On en fit à l’époque une chanson qui atteste la gloire de ce créateur de la démocratie. Je te propose le refrain de la biographie héroïque d’Hégésippe Simon, le Grand Précurseur de la Démocratie :

« Il fit tout jeune ses débuts politiques
En se faisant sous la Révolution
Guillotiner pour la Grande République.
C’est ce qui fit la gloire de son nom.
Un peu plus tard, cet aigle au cœur de bronze
En quarante-huit se faisait fusiller
Et finalement, c’est en soixante et onze
Qu’il succombait parmi les Fédérés.
Ah ! Ah ! mes bons amis chantons
La gloire d’Hégésippe Simon. »

Il fallait que ce fut dit ; d’ailleurs, le dénommé Franco n’a jamais participé aux élections de 1936 ; là aussi, c’est un imposteur.

C’est bien vrai ça, dit Lucien l’âne en riant.

Maintenant, mon ami Lucien l’âne, il s’agit de se souvenir que c’est une chanson catalane et en ce jour de proclamation de l’indépendance, il importe de plaider pour que sans délai et sans discuter, elle lui soit accordée. Les Espagnols, quoi qu’en pense le barbeau madrilène et son chœur national, ont l’habitude de céder aux demandes d’indépendance et ils ont perdu leur vertu coloniale des dizaines de fois et depuis longtemps. J’en tiens pour preuve ce qui suit. Au fil des siècles, les rois espagnols qui se sont succédés ont dû reconnaître l’indépendance ou abandonner la possession de – je ne retiendrai que les possessions les plus importantes : le Sahara espagnol (1976), la Guinée équatoriale (1968), le Gabon (1900), Malte (1530), la Sardaigne (1718), la Sicile (1735), le Royaume de Naples (1714), Cuba (1898) Porto Rico et les îles Vierges (1898), la Floride (1821), une série d’États d’Amérique du Nord en 1803 (Louisiane, Arkansas, Oklahoma, Missouri, Kansas, Texas, Colorado, Nebraska, Iowa, Dakota, Minnesota, Wyoming, Montana, Alberta, Saskatchewan) la Californie en 1821, Hispaniola (Haïti en 1697 + Saint Domingue en 1865), Vancouver, Colombie britannique, Washington, Oregon, Idaho (1819), les Philippines et Guam (1898), etc.
Alors, une indépendance de plus, qu’est-ce que ça changerait ? Au contraire, l’Espagne se grandirait de choisir d’admettre la liberté et de rejeter ses vieux démons coloniaux du passé. Elle se ferait peut-être même une nouvelle virginité.

Oh, dit Lucien l’âne, la virginité des vierges est une chose miraculeuse.

C’est d’autant plus vrai en Espagne où la vénération pour ces descendantes de Vénus est de plus extrême ; ils ont tué tant de gens en son nom. De plus, la Vierge est censée faire des miracles ; alors, attendons. À propos de miracle, je ne peux m’empêcher de te rappeler l’histoire du rabbin de Bratislava ou de Prague qui avait dû répondre aux comitards locaux du Parti communiste tchécoslovaque (c’était en 1968) inquiets de l’arrivée soudaine de milliers de touristes en chars d’assaut, venus du pays voisin, qui lui posaient avec insistance la question épineuse de savoir quand ces joyeux visiteurs s’en iraient et surtout, comment. Le rabbin, qui n’en menait pas large, réfléchit et répondit. J’ai consulté en haut lieu et Dieu m’a fait connaître deux solutions : une solution normale et une solution miraculeuse. La première, la solution normale est que des milliers d’anges vont descendre du ciel et ramener ces honorables visiteurs chez eux. Ah !, fit le comité. Et la solution miraculeuse, alors ? La solution miraculeuse, dit le rabbin, c’est qu’ils s’en aillent d’eux-mêmes. Comme l’Histoire (encore elle) nous l’a appris, c’est pourtant celle-là qui triompha ; au bout d’un temps, ils s’en allèrent et depuis, ils ne sont jamais revenus. On peut dès lors espérer un miracle espagnol.

Dans le fond, conclut Lucien l’âne, miracle pour miracle, ils ont vraiment gagné un mondial et Saint Bernabéu s’en réjouit encore. Avant de terminer, je voudrais rappeler ce que je disais l’autre jour :

« les Catalans sont des gens patients. Mais quand même, la seule voie raisonnable serait d’accorder leur indépendance à ces gens et puis, ensuite, trouver les arrangements qui s’imposent entre des voisins égaux ; ce serait d’ailleurs absolument indispensable du fait que les territoires sont immobiles. Voilà ce que je peux dire, moi qui ai vu tant de conflits, de luttes de libération. » 

Pour le reste, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde réactionnaire, colonial, franquiste, débile, stupide et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Bienvenue à la conférence magistrale
Sur l’histoire officielle de l’Espagne
Qui dégonflera les fables et les contes malséants
Dont les nationalistes abreuvent les enfants.

Avec l’aide de gens comme Fabra et Bauzá
Pour combattre les mensonges, finalement parviendra
À toutes les écoles, le cours d’histoire
D’Espagne que les enfants devraient savoir.

Trois mille ans d’histoire font de l’Hispania
La nation la plus ancienne du monde, et déjà
Dans les peintures d’Altamira, on voit
Santiago Bernabéu, un tricorne et une tuna.

Les Romains et les Wisigoths sont venus ici
Non en conquérants, mais comme touristes
La Dame d’Elche, qui parlait le valencien
Se mit à l’espagnol, un beau matin.

Mais ce qui est si
Étrange et si confondant,
C’est malgré une si
Grande Histoire, d’Espagne, pourtant,
Certains veulent foutre le camp.

Le roi Jacques, qui était subtil et lapaoparlant
Sans reconquête, chassa de Majorque et du Levant,
Tous les Maures qui étaient venus
Voler le travail des gens du cru.

Plus tard, on a découvert le Nouveau Continent
Et les pauvres de là-bas s’en émerveillèrent tant
Qu’ils moururent par milliers dans les mines
Pour payer les cours d’espagnol et le catéchisme.

Et ainsi, on est devenu l’empire
Où le soleil jamais ne se couche
Et si l’empire a fondu, c’est qu’on n’usa pas
De la force contre ceux qui ne l’aimaient pas.

Quand l’Europe fit sa première révolution industrielle
D’abord, on a fainéanté et puis, on a couru derrière elle
Et on a évolué jusqu’au moment précis
Où Franco a remporté les élections de trente-six.

Franco lui-même est le fondateur
De la démocratie et en détient les droits d’auteur.
Certaines personnes attribuent aux Grecs cette invention,
Mais ce gouvernement du peuple est une perversion.

La démocratie et la monarchie séparément
Nous ont donné un résultat si spécial
Qu’on les a unies expérimentalement.
Et qu’on a gagné le mondial.