Version française – L’ÉTALON EXPLOITÉ – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson
italienne – Canzone
del cavallo bendato – Dario
Fo – 1972
Ah, Lucien l’âne mon ami, voici une bien pénible histoire et même sans doute, plus pénible encore pour toi qui es aussi un ongulé. On avait déjà eu l’histoire du cheval pendu et celle du cheval de corbillard et celle du petit cheval, dont tu souviens certainement. Celle-ci est celle du cheval de monte lequel est forcément un étalon, mais certainement pas un de ces fiers étalons qui hantent les rêves des juments et de certaines jeunes cavalières. Il eût pu le devenir, s’il n’y avait les propriétaires de chevaux, les « maîtres » qui vont le réduire en esclavage et dans son cas, en esclavage sexuel ; le but est de recueillir sa semence pour la vendre aux éleveurs, eux-mêmes propriétaires de juments, qu’ils exploitent pareillement à des fins reproductrices. Il y a derrière tout ça un commerce ignoble, qui est dénoncé par la chanson.
Oh,
j’en ai entendu parler et cela s’est fait, même chez les ânes.
C’est évidemment assez cette exploitation, ses méthodes et la fin
qu’elle réserve à l’animal dont elle a sucé toute l’énergie.
Tout ce processus industriel appliqué au vivant est d’une
incroyable brutalité et d’un cynisme écœurant et ces pratiques
débordent largement l’exploitation des ongulés. Le nœud de
l’affaire, c’est la façon dont l’homme considère les autres
espèces animales. Il me semble d’ailleurs qu’il l’a fait à
l’égard de sa propre espèce et qu’il le fait encore,
d’ailleurs : l’esclavage, la prostitution, la
colonisation en sont des exemples.
En
effet, mais pas seulement et c’est ce que disent les
derniers vers de la chanson :
Ce
qui est en cause, c’est la relation du maître et de l’esclave,
du maître et du serviteur, du propriétaire et du fermier, du patron
et de l’employé, etc. à chaque fois, à chacun de ces binômes
correspond une relation d’exploitation, laquelle se fonde sur le
pouvoir de l’un sur les autres. C’est le moteur essentiel de la
Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres.
Ainsi,
Marco Valdo M.I. mon ami, c’est
toujours au même mur qu’on se heurte, celui de la richesse, de
l’avidité des hommes, à
ce
que tu avais appelé « L’autre
Côté du Mur ».
Apportons notre petite contribution à la démolition de l’autre
côté du mur et poursuivons notre tâche en tissant sans répit le
linceul de ce vieux monde exploiteur, sans moralité, cynique, avide
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco valdo M.I. et Lucien Lane
Quand
un cheval est très fougueux,
Qu’en fait-on ? On l’aveugle et l’enferme.
Puis, on le fait courir tant qu’il peut,
Toujours en rond, en rond sur le sable
Qu’en fait-on ? On l’aveugle et l’enferme.
Puis, on le fait courir tant qu’il peut,
Toujours en rond, en rond sur le sable
Aveuglé,
il croit courir en liberté.
Qui sait où il croit courir ?
Qui sait où il croit fuir ?
Mais il est toujours là, enfermé.
Qui sait où il croit courir ?
Qui sait où il croit fuir ?
Mais il est toujours là, enfermé.
Aveuglé,
foutu, fourbu.
Des chevaux, il y en a tant en plus,
Le maître en a tellement,
Plus de mille certainement.
Des chevaux, il y en a tant en plus,
Le maître en a tellement,
Plus de mille certainement.
Cours,
cours, écume, cours à t’estropier,
C’est sur le sable que tu cours,
Pas sur l’herbe ; et tu manges
La merde, pas le foin ; et tu montes
Une belle jument blanche
Mais c’est une jument de planches,
Avec un sac pour garder ta semence,
Que très cher, le maître vendra
C’est sur le sable que tu cours,
Pas sur l’herbe ; et tu manges
La merde, pas le foin ; et tu montes
Une belle jument blanche
Mais c’est une jument de planches,
Avec un sac pour garder ta semence,
Que très cher, le maître vendra
Aux
éleveurs. Et quand tu te calmeras,
Que tu auras passé l’âge de la monte,
Enfin, tu sortiras de ta prison
Pour un long voyage dans un wagon.
Que tu auras passé l’âge de la monte,
Enfin, tu sortiras de ta prison
Pour un long voyage dans un wagon.