EN PRISON
Version française – EN PRISON – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson
italienne – Al
carcere – Joe
Fallisi – 2007
Texte
de Tommaso
Campanella (1568-1639), philosophe, théologien, poète et moine
dominicain italien.
Je suis né pour dénoncer
Trois maux extrêmes
Tyrannie - Sophisme - Hypocrisie
Tommaso Campanella
|
Un
poème que Tommaso Campanella écrivit à l’époque de son
troisième, et pas ultime, procès pour hérésie, alors qu’il se
trouvait dans la prison de l’Inquisition à Rome.
La première arrestation de Campanella remonte à 1591. Beaucoup d’autres suivirent, et des détentions, et de terribles tortures, jusqu’à sa condamnation définitive, en 1599, à la prison à vie (Il échappa à la mort seule en se faisant passer pour fou). Suivent 27 ans de captivité à Naples, au début desquels, en 1602, il écrivit son œuvre la plus célèbre, « La Cité du Soleil ». En 1626, à sa libération, suivie de sa fuite en France en 1634 et sa mort quelques années après.
La première arrestation de Campanella remonte à 1591. Beaucoup d’autres suivirent, et des détentions, et de terribles tortures, jusqu’à sa condamnation définitive, en 1599, à la prison à vie (Il échappa à la mort seule en se faisant passer pour fou). Suivent 27 ans de captivité à Naples, au début desquels, en 1602, il écrivit son œuvre la plus célèbre, « La Cité du Soleil ». En 1626, à sa libération, suivie de sa fuite en France en 1634 et sa mort quelques années après.
Comme
quoi, il est quasi-inévitable que celui qui ne se contente pas des
opinions communes, qui aime la vérité et la professe, risque de
finir très mal, au mieux au fond d’une cellule humide, où le
Pouvoir exerce sa « tyrannie secrète » sur tous ceux qui
ont osé penser librement et différemment…
Dialogue
maïeutique
Je
suppose, Lucien l’âne mon ami, que tu as déjà entendu parler de
Tommaso Campanella, de son vrai nom Giovanni Domenico Campanella,
philosophe et auteur d’une utopie fameuse : « La Cité
du Soleil » et sans doute aussi, de ses démêlés avec
l’Église catholique.
En
effet, Marco Valdo mon ami, j’ai souvenir de ce Campanella, qui si
ma mémoire est fidèle, était membre de l’ordre religieux des
Dominicains, promoteurs zélés et vertueux de l’Inquisition. Je
l’ai souvent, quand bien évidemment, il n’était pas retenu en
prison, lors de ses multiples pérégrinations en Calabre, dans les
États romains et même, par la suite, en France, où il finit sa vie
en exil. Pour ce dont je me souviens de ce qu’il m’a raconté
durant nos cheminements, il était assez convaincu de la justesse des
idées de Telesio, qu’il considérait comme son maître et si je me
rappelle bien encore, ce Telesio était un philosophe assez
matérialiste.
Parfaitement,
Lucien l’âne mon ami, à propos de Telesio et de son influence sur
Campanella, ta mémoire ne te joue pas de tour. Bernardino
Telesio était un fameux philosophe et
devait avoir choisi avec soin le
titre de son livre le plus fameux : « De rerum
natura juxta propria principia (De la nature des choses selon leurs
principes propres) », qui rappelle sans aucun doute le « De
rerum natura » de Lucrèce. Il assoit sa pensée sur la raison
et l’expérience. En fait, c’est un naturaliste ; il étudie
la nature des choses selon leurs propres principes, c’est-à-dire
sans faire intervenir Dieu. On ne peut plus hérétique et quand on
lit bien entre les lignes, athée. Pour tous les trois – Lucrèce,
Telesio, Campanella, la nature est sa propre maîtresse, elle s’est
autodéveloppée. Mais, pour bien saisir la portée de tout ceci, il
convient de se rappeler que Telesio publie son œuvre majeure en 1565
(on le mettra à l’index) et Campanella, sa Cité du Soleil, écrite
en prison, quarante ans plus tard.
Mais
alors, Marco Valdo M.I., il faut examiner notre chanson à la lumière
de tout ceci, dit Lucien l’âne.
Bien
évidemment, Lucien l’âne mon ami, ce poème de Campanella, si on
le lit bien, est une charge contre la religion et aussi, la
dénonciation de la dictature tyrannique que l’Église fait peser
sur le monde.
Ainsi
va le monde, Marco Valdo mon ami, et s’il est certain que
l’humanité ne pourra être elle-même que du moment où elle se
sera débarrassée des dieux et des religions, et tout aussi
évidemment, des religieux, cela nous impose de reprendre sans
relâche notre tâche et de tisser le linceul de ce vieux monde
croyant, crédule, inquisitorial, dictatorial, létal et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Comme
chaque chose lourde va au centre
De la circonférence, et comme encore,
En bouche du monstre qui ensuite la dévore,
La belette court craintive et allègre
De la circonférence, et comme encore,
En bouche du monstre qui ensuite la dévore,
La belette court craintive et allègre
Ainsi
chaque amoureux de la grande science ,
Qui d’audace passe de la mare morte
À la mer vraie, dont il s’amourache,
Dans notre hospice finalement décrit les plantes.
Qui d’audace passe de la mare morte
À la mer vraie, dont il s’amourache,
Dans notre hospice finalement décrit les plantes.
Certains
l’appellent l’antre du bavard Polyphème,
D’autres, le palais du géant Atlas, et celui-là discerne
Le labyrinthe de Crète, et celui-ci voit l’Enfer extrême
D’autres, le palais du géant Atlas, et celui-là discerne
Le labyrinthe de Crète, et celui-ci voit l’Enfer extrême
(Où
ne valent ni savoir, ni pitié, ni privilège).
Moi, je peux te le dire ; je tremble, du reste,
Car c’est la roche sacrée de la tyrannie secrète.
Moi, je peux te le dire ; je tremble, du reste,
Car c’est la roche sacrée de la tyrannie secrète.