AINSI VA LE MONDE
Version
française – AINSI VA LE MONDE – Marco Valdo M.I. – 2017
C’est
un des premiers 45 tours de Battiato (1967) ;
elle est une adaptation
d’Et
moi, et moi, et moi de
Jacques
Dutronc . Les auteurs de la version originale sont Jacques
Lanzmann (Texte) et Jacques Dutronc (Musique) ;
la version italienne est de Herbert Pagani et de V. Buffoli.
Dialogue
maïeutique
Ah,
Lucien l’âne mon ami, je suis content de te voir, car me voilà
bien embêté.
Salut,
Marco Valdo M.I. mon ami, moi aussi , je suis heureux de te voir et
je serais encore plus heureux de t’aider. Dis-moi ce qui ne va pas
et ce qui te désole pareillement.
Ce
qui me désole et m’ennuie tant, Lucien l’âne mon ami ? Je
vais te le dire à l’instant. C’est cette chanson de Franco
Battiato que je viens de traduire. Enfin, ce n’est pas la chanson
italienne elle-même qui fait problème, mais ma version française,
car je ne peux m’empêcher de la mesurer à l’aune de la chanson
française d’origine, ce « Et moi » de Lanzmann et
Dutronc, dont Franco Battiato avait fait une adaptation en italien,
celle que précisément je viens de remettre en français.
Et
pourquoi donc, ça te désole à ce point, Marco Valdo M.I. mon ami.
D’abord,
car comme je te l’ai dit, Lucien l’âne mon ami, j’avais
toujours trouvé fort réussie la chanson de Dutronc et je ne
devais pas être le seul, car elle fit fureur dès sa création dans
les années 60 du siècle dernier ; par ailleurs, je l’avais
en tête et elle venait toujours se mettre entre moi et ma tentative
de version de celle de Battiato. Bref, je suis gêné aux entournures
et cette gêne doit sans doute beaucoup à ce mécanisme embrouillé
qui a présidé à la réalisation de ma version française.
Souviens-toi, Lucien l’âne mon ami, de ce fantastique « Et
moi et moi et moi », de l’effet qu’il fait quand on
l’entend pour la première fois – et même après, mais ce n’est
plus pareil et de sa pertinence quand il expose le nombril de
l’Européen moyen face à la misère du monde et face à
l’immensité du monde.
Encore
que, Marco Valdo M.I. mon ami, c’est une formidable caricature et
que de ce fait, elle ne fait pas dans la dentelle, ni dans le détail,
car en Europe (et d’ailleurs, laquelle ?), on trouve aussi
bien des misères.
Soit,
mais je pense que ce qui me gêne surtout – et ce n’est pas la
première fois que ça m’arrive et pour tout dire, ça m’arrive
souvent, j’ai l’impression de ne pas être à la hauteur de ma
tâche et des auteurs des textes d’origine.
Mais
enfin, Marco Valdo M.I. mon ami, on ne t’en demande pas tant.
Finalement, tout ce qu’on te demande, c’est une version française
et basta. Il y en aurait de pire, il y en aurait de meilleure ;
peut-être, mais pour cela, il faudrait déjà qu’il y en ait.
C’est d’ailleurs vrai pour l’ensemble des chansons que l’on
traduit, qu’on adapte, qu’on transpose. Donc, la version
française que tu fais, elle plaira, elle ne plaira pas, on ne sait.
Mais, c’est sans grande importance ; son principal mérite est
qu’elle existe. Maintenant, je t’invite à m’aider à tisser
avec moi le linceul de ce vieux monde trop plein, trop peuplé, trop
riche, trop guerrier, trop imbu de lui-même et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Sans
paix, le monde n’a pas de chance
Et moi ici
Sur l’autre
plateau de la balance,
Avec mon aspirine et ma crampe.
Ainsi
va le monde
Et ce n’est pas fini.
Et
mon appartement sur le toit
Ainsi le monde s’en va
Et ne
finit pas là
Trois
cents millions de chars d’assaut
Et moi ici
Avec mon
matelas d’eau,
Mon tourne-disque et mes photos.
Le monde
va ainsi
Et ce n’est pas fini.
Plus
d’un milliard de crève-la-faim
Et moi ici
Avec mes
chips, mon embonpoint
Et mon régime méditerranéen.
Le
monde va ainsi
Et ce n’est pas fini
Un
milliard d’hébétés sont là
Et moi ici
Avec la peur
du noir, du jaune, du rouge et du sida
Et leurs enquêtes sur
l’amour à trois.
Le monde va ainsi
Et ce n’est pas
fini.
Cent
milliards de Martiens
Et moi ici
Je collectionne des
objets anciens,
Eux préparent l’invasion de demain.
Le
monde va ainsi
Et ce n’est pas fini.
Des
millions de gens
d’ici
Comme
moi, comme moi,
Devant
la télé tous les soirs
Et
puis au lit dans
le noir.
Ainsi,
le monde va
Et
ce n’est peut-être pas
fini.
Le monde va ainsi,
Et
ce n’est pas fini,
Et
ce n’est pas fini.
Et moi ici
Sur l’autre plateau de la balance,
Avec mon aspirine et ma crampe.
Ainsi va le monde
Et ce n’est pas fini.
Ainsi le monde s’en va
Et ne finit pas là
Et moi ici
Avec mon matelas d’eau,
Mon tourne-disque et mes photos.
Le monde va ainsi
Et ce n’est pas fini.
Et moi ici
Avec mes chips, mon embonpoint
Et mon régime méditerranéen.
Le monde va ainsi
Et ce n’est pas fini
Et moi ici
Avec la peur du noir, du jaune, du rouge et du sida
Et leurs enquêtes sur l’amour à trois.
Le monde va ainsi
Et ce n’est pas fini.
Et moi ici
Je collectionne des objets anciens,
Eux préparent l’invasion de demain.
Le monde va ainsi
Et ce n’est pas fini.
Comme moi, comme moi,
Devant la télé tous les soirs
Et puis au lit dans le noir.
Ainsi, le monde va
Et ce n’est peut-être pas fini.
Le monde va ainsi,
Et ce n’est pas fini,