mercredi 12 février 2014

LE GARDIEN

LE GARDIEN


Version française – LE GARDIEN – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Wer hütet uns bei Tag und Nacht (Der Posten) – Alfred Schrappel – 1933

Sur la mélodie populaire du dix-huitième “Das Wandern ist des Müllers Lust”.
Texte tiré de Volksliederarchiv
Chanson présentée dans le volume édité par Guido Fackler intitulé“Des Lagers Stimme - Musik im KZ - Alltag und Häftlingskultur in den Konzentrationslagern 1933-1936”, pubblicato nel 2000.
Nella raccolta in 3 CD “O bittre Zeit - Lagerlieder 1933-1945”.

Petit film instructif : http://www.dailymotion.com/video/xpjwtb_colditz-les-evades-de-la-forteresse-d-hitler_school


COLDITZ OU LA VIE DE CHÂTEAU



Lorsque je suis tombé sur cette chanson, j'ai d'abord pensé qu'il s'agissait d'un texte d'humour amer et sarcastique écrit au camp de concentration de Colditz par un prisonnier antinazi. De cet Alfred Schrappel à qui elle est attribuée et dont on ne sait rien… Heureusement j'ai fait quelque vérification et sur le volume « The United States Holocaust Memorial Museum. Encyclopedia of Camps and Ghettos 1933-1935 », par Geoffrey P. Megargee, j'ai découvert que les gardes de Colditz, comme forme d'acharnement et de torture et « de rééducation », forçaient les prisonniers à chanter tous les soirs des airs patriotiques et des hymnes nazis, et cdlui qui ne le faisait pas, ou qui le faisait avec insuffisamment enthousiasme, était massacré de coups… Une de ces chansons est précisément ce « Der Posten » « LE GARDIEN » et donc, Schrappel était probablement un garde qui l'avait expressément composée, sur un mode ironiquement laudatif, pour les soirées de chant auxquelles les nazis « invitaient » les prisonniers…
Il s'agirait donc d'une des rares, si pas l'unique, Chanson contre la Guerre sur le thème du totalitarisme nazi composée non par une victime mais par un bourreau…




Qui jour et nuit sur nous veille ?
Qui protège notre sommeil ?
Le gardien !
Il nous accompagne à chaque instant,
Avec enthousiasme en marchant,
Au pas ou nonchalant.
Le gardien !

Qui nous réveille tôt quand nous rêvons ?
Qui fournit le peigne et le savon ?
Le gardien !
Puis, se précipite chez la fée de la cuisine,
Nous chercher le café, le beurre et la tartine
Et pour nous, adoucit la routine.
Le gardien !

Qui conduit les malade à l'infirmerie ?
Qui avec nous affronte la bière et l'eau-de-vie ?
Le gardien !
Il est là quand on coupe du bois,
Les oignons, à l'évier, peu importe quoi,
Jusqu'à ce que tu sois libre, qui est auprès de toi ?
Le gardien !
Qui te fait fumer pour ton argent ?
Qui c'est qui t'écoute attentivement?
Le gardien !
Qui t'enseigne le demi-tour, à droite, à gauche ?
Qui, quand tu te comportes bien, fait ton éloge ?
Grâce à qui es-tu toujours à la page ?
Le gardien !

Qui chante de belles chansons avec toi ?
Qui est soucieux quand ça ne va pas ?
Le gardien !
Rien, rien n'est assez bien pour toi
À la visite, il reste près de toi,
À la corvée purin, malgré l'odeur, il est là !
Le gardien !

Qui te retire de la liste des punis?
Qui t'envoie le soir dans ton lit ?
Le gardien !
Qui veille sur ton cantonnement ?
Qui écoute tes ronflements ?
Qui t'assure un sommeil sans dérangement ?
Le gardien !


Qui te conduit chez le commissaire,
Pour qu'enfin on te libère ?
Le gardien !
Qui te remets tes lettres et tes colis?
Qui enfin à la sortie te conduit ?
C'est – tous en chœur et d'un seul cri :
Le gardien !