mardi 31 décembre 2013

LA BELLE PARTISANE

LA BELLE PARTISANE

Version française – LA BELLE PARTISANE – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – La bella partigiana – Gruppo Padano di Piadena – 1997



Le titre original de cette chanson est « La belle Partisane » et auteur en est Ivana Monti (1947-), importante actrice italienne, femme du journaliste Andrea Barbato...
La chanson fait partie du spectacle intitulé « Ma chère mère. Souvenirs et voix de notre terre de 1913 à la Libération », dont (1996) Monti est l'auteure en plus de l'interprète, spectacle qui reprend, ajourne et enrichit un spectacle précédent inventé du
Coro delle mondine di Novi qui avait un titre encore plus beau : « Eva toujours rebelle »...
(Dans « 
Dagli Appennini alle risaie - Des Appennins aux rizières », de Clarissa Clo, professeure associé d'Italien à l'Université de San Diego, California, USA« The Cultures of Italian Migration », par Graziella Parati et Anthony Julian Tamburri, USA, 2011)

La petite Gigliola s'en va à bicyclette à Bologne porter les tracts, on lui promet une poupée, mais elle répond : « Non, je veux un certificat de conspiratrice ».




Marie-Rose Gineste
(soixante ans après sa tournée des paroisses)



Suite à la rafle du Vel d’Hiv, Marie-Rose Gineste* porte dans les paroisses du Tarn-et-Garonne sur sa légendaire bicyclette (aujourd’hui déposée à Yad Vashem à Jérusalem) la lettre pastorale de Monseigneur Théas* qui sera lue à la messe du 30 août 1942 : "des hommes et des femmes sont traités comme un vil troupeau et envoyés vers une destination inconnue avec la perspective des plus grands dangers. Je proclame que tous les hommes, aryens ou non aryens, sont frères (...) que tous les hommes, quelle que soit leur race ou leur religion, ont droit au respect des individus et des États". (http://www.ajpn.org/juste-Marie-Rose-Gineste-1261.html)


Je ne sais pas, dit Lucien l'âne en riant, si la partisane secrétaire de l'évêque de Montauban cachait les homélies de Monseigneur dans ses porte-jarretelles...


Ah, dit Marco Valdo M.I., l'évêque n'en a rien dit... Mais assurément, elle en avait des ... ressources et du courage.


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Elle s'en allait à bicyclette
C'est l'estafette, c'est l'estafette
Des partisans, c'est l'estafette

Les messages, elle les cachait, la belle
Dans ses jarretelles, dans ses jarretelles
Et les ordres dans ses belles crolles
Pour les rebelles, pour les rebelles
De la liberté si belle.

Elle s'en allait à bicyclette
C'est l'estafette, c'est l'estafette
Des partisans, c'est l'estafette

jeudi 26 décembre 2013

Un, deux, trois, quatre, cinq, six jours

Un, deux, trois, quatre, cinq, six jours



Canzone française – Un, deux, trois, quatre, cinq, six jours – Marco Valdo M.I. – 2013
Histoires d'Allemagne 102
An de Grass 09

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.



Walter  Rütt ( vers 1909)





Et voici, pure coïncidence, que se termine en même temps que l'année, le cycle – c'est le cas de le dire – des Histoires d'Allemagne. Il aura fallu trois ans pour y arriver. Comme tu le vois, ce n'est pas une mince affaire, c'est carrément une course de fond, un peu comme l’histoire que raconte le narrateur inconnu, dont on ne sait jamais trop bien qui il est, ni quand il parle, ni d'où il parle. Cette fois, on sait cependant qu'il s'agit d'un gars qui habituellement travaille dans un hôpital berlinois ; sans doute, un infirmier ou un préparateur et qui assiste un médecin – sans doute du même hôpital – au service médical des Six Jours de Berlin en 1909. Il déclare qu'il pense avoir été choisi plus pour ses compétences cyclistes supposées – il vient au travail à vélo et se passionne pour la petite reine que pour ses capacités en matière médicale.


Moi, dit Lucien l'âne, vois-tu Marco Valdo M.I. mon ami, comme âne, et même si on me considère parfois comme l'ancêtre du vélo et que les Chinois, dit-on, désignent le vélo sous le nom assez explicite d' « âne que l'on tient par les oreilles et que l'on bourre de coups de pied pour qu'il avance », je ne peux faire du vélo. À la rigueur, de mes quatre pattes, je pourrais faire du tandem. Cependant, une chose est sûre (chose sûre cycliste...), je n'ai jamais été admis dans une course cycliste et pourtant, en quelque sorte par proximité de destin, je m'intéresse au vélo. Du reste, tu le sais, pour moi comme pour Térence, rien de ce qui est humain ne me demeure étranger. Il le disait en latin : « humani nihil a me alienum puto ». J'attends donc avec le plus grand intérêt la suite de ton histoire.


Donc, je disais que le narrateur inconnu assiste en tant qu'assistant du Docteur Willner aux premiers Six Jours de Berlin en 1909. Mais sais-tu ce que sont les Six jours ?


Je pense bien, dit Lucien l'âne en redressant les oreilles subitement et verticalement. Je pense bien que je le sais... Enfin, je crois. Les Six jours sont en fait une course cycliste qui dure six jours d'affilée, nuit et jour, dans un lieu clos – généralement, un vélodrome. C'est donc une course sur une piste d'environ 400 m sur laquelle comme les danseurs d'On achève bien les chevaux [http://www.youtube.com/watch?v=nMoGmOCaI3s], les coureurs tournent, tournent jusqu'à la nausée. Il y en a qui tombent, d'autres sont malades... Bref, un service médical s'impose.


C'est bien cela. On a d'ailleurs imposé une limite de douze heures par jour par personne... D'où les équipes de deux et parfois, trois coureurs. Mais ces Six jours de Berlin sont un peu particuliers et les détails méritent d'être contés. D'abord, ce sont les premiers organisés sur le continent européen et particularité plus étrange ou saugrenue, comme tu voudras, c'est qu'ils se déroulèrent dans un jardin zoologique.


Ha, ha, dit Lucien l'âne en ricanant, le symbole est excellent... Dans un parc zoologique... Des hommes qui tournent comme des ânes, c'est un juste retour de la manivelle ou de la pédale, c'est selon... car rappelle-toi, nous les ânes, du moins, certains d'entre nous, on nous fait tourner sempiternellement pour pousser la noria ou le moulin à grains.


Il y a de ça, d'ailleurs, dit Marco Valdo M.I. On fait se combattre ces nouveaux gladiateurs, ces nouveaux esclaves pour les mêmes raisons que celles qui présidèrent à Rome à ce qu'on nommait « Panem et circenses ». Et comme à Rome, sous les yeux de l'Empereur – représenté ici dans la loge impériale par son fils, le Kronprinz Oskar. Cependant, je n'en ai pas encore terminé avec les particularités de ces Six Jours de Berlin. Figure-toi qu'un des organisateurs, mais aussi un des meilleurs coureurs de Six jours de l'époque, Walter Rütt – il avait gagné notamment les Six Jours de New-York en 1907 et en 1909 et menait une carrière de cycliste professionnel entre l'Australie et les USA, n'a pas pu concourir alors même qu'il était Allemand.


C'est surprenant ; à t'entendre, c'était la meilleure chance pour qu'un Allemand remporte ces premiers Six Jours de Berlin... et en plus, tu dis qu'il était un des organisateurs...


Certes et sans doute même, est-il le concepteur de ces Six Jours à Berlin, ville où il mourra cinquante-cinq ans plus tard. Bref, il ne pourra pas les courir ces fameux Six Jours et justement car il était Allemand... Allemand et exilé, il était considéré par la toute puissante armée prussienne, comme un déserteur. C'est ainsi que la paire étazunienne James Henri 'Jim' Moran et Floyd McFarland l'emporta.


Un déserteur ?


Oui, un déserteur, mais pas à la manière de celui de Boris Vian [[1]]... Walter Rütt était plutôt un déserteur administratif... D'ailleurs, lors de la Guerre de 1914, alors qu'il vivait à Newark dans le New Jersey..., il rentra dès octobre en Allemagne et participa activement à la guerre, comme le révèle un article du journal étazunien The Day du 4 octobre 1914 intitulé "Cyclist Walter Rutt Fighting For Kaiser ".


Pour finir, laisse-moi te dire combien j'aime ta façon de rappeler les comptines enfantines à ta rescousse et de les faire danser ironie et légèreté pour donner un air de chansonnette à tes histoires... Cela dit, reprenons notre tâche et tissons le linceul de cette société où les sports comme tout le reste ne sont qu'affaires, argent, arrangements divers où finalement s'installe la gangrène et où ils ne sont que miroirs aux alouettes et servent à masquer d'autres ambitions impériales, impérialistes, conquérantes, militaires, commerciales de ce vieux monde cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



C'était l'année de la mort
De Géronimo et de la Mogador
À Berlin, au Vélodrome d'Hiver
J'assistais le Docteur Willner
Pour les Six jours, invention américaine
Par équipes de deux durant une semaine
Une première chez nous, cette course dans un zoo
Cet immense marathon à vélo.
Pour voir ça, ils venaient de partout
Pour voir ça, il y avait un monde fou

Un, deux, trois, quatre, cinq, six jours
On fait des tours, on fait des tours
Un, deux, trois, quatre, cinq, six , sept
On fait des tours à bicyclette
Ainsi font, font, font
Les joyeux coureurs de fond
Ainsi font, font, font
Dix mille tours et puis s'en vont

À New-York, Rütt deux fois avait gagné
C'était le meilleur, sans discuter
C'est sûr... Rütt devait gagner, sauf erreur
En duo avec Johnny Stol le Hollandais
S'il était venu, c'est sûr, Walter l'emportait
Mais, les militaires n'aiment pas les déserteurs,
On est à Berlin, faudrait pas oublier qui commande
Un déserteur ne peut pas porter les couleurs allemandes
Les généraux n'ont pas voulu de ce déshonneur
Ils ont interdit Walter, le déserteur

Un, deux, trois, quatre, cinq, six jours
On fait des tours, on fait des tours
Un, deux, trois, quatre, cinq, six , sept
On fait des tours à bicyclette
Ainsi font, font, font
Les joyeux coureurs de fond
Ainsi font, font, font
Dix mille tours et puis s'en vont

Au son des marches militaires à répétition
Des fanfares et des flonflons
Sur la piste peinte en vert, les concurrents suaient
Dans la galerie, les jeunes gens se bousculaient
Dans les tribunes, les messieurs paradaient
Dans les loges, les dames en chapeaux minaudaient
De sa loge, Sa Majesté Impériale
A dû , quel scandale !
Aux Six jours de Berlin,
Saluer le triomphe des Américains

Un, deux, trois, quatre, cinq, six jours
On fait des tours, on fait des tours
Un, deux, trois, quatre, cinq, six , sept
On fait des tours à bicyclette
Ainsi font, font, font
Les joyeux coureurs de fond
Ainsi font, font, font
Dix mille tours et puis s'en vont

L’année d'après, en cycliste souverain
Aux mêmes Six jours de Berlin,
Rütt, avec Stol le Hollandais
Une première fois l'emportait
Et puis une fois en onze, et puis, deux fois en douze
Quand enfin le Reich et ses militaires
Eurent définitivement perdu la guerre
Et que Sa Majesté se fut éclipsée en douce
En mil neuf cent vingt-cinq encore.
Et Walter Rütt entra dans la légende des sports.

Un, deux, trois, quatre, cinq, six jours
On fait des tours, on fait des tours
Un, deux, trois, quatre, cinq, six , sept
On fait des tours à bicyclette
Ainsi font, font, font
Les joyeux coureurs de fond
Ainsi font, font, font

Dix mille tours et puis s'en vont...

mardi 24 décembre 2013

L'ARMÉE DES MORTS

L'ARMÉE DES MORTS

Version française – L'ARMÉE DES MORTS – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – L'esercito dei morti – La bottega di musica e parole – 2009





Enfant soldat 
(http://www.radio-canada.ca/emissions/plus_on_est_de_fous_plus_on_lit/2012-2013/chronique.asp?idChronique=273302)


Crisse dans le vent froid du matin
Le hurlement étranglé d'un gamin
Fils de la rage et de l'éternelle lutte
D'un pays otage et la bombe éclate

Kamikaze enrôlé dans l'armée des morts
Avec son cœur qui scande ses derniers efforts
Il se lance sur la foule innocente brusquement
Sa haine explose, s'enflamment les gens

Et brûle la liberté…

Crisse dans le vent chaud du soir
Le chant mélancolique de la femme noire
Mère de trop d'enfants à choyer
Nés pour aimer, dans la haine empêtrés

Kamikazes enrôlés dans l'armée des morts
Ils mettent mat le roi de l'Occident
Leurs bombes mangent les tours du Nord
Les esclaves s'insurgent soudainement
Et brûle la liberté…



lundi 23 décembre 2013

MOI EN PERSONNE

MOI EN PERSONNE






Moi en personne







Version française – MOI EN PERSONNE – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – Io come personna – Giorgio Gaber – 1992
Paroles de Giorgio Gaber e Sandro Luporini
Musique de Giorgio Gaber


En ces temps de résignation et de décadence
Serpente la peur cachée de l'indifférence.
En ces temps si chaotiques et si corrompus
Tout peut se passer d'un jour à l'autre .
En ces temps exaspérés et saugrenus
Circule tant et tant d'information qu'à la fin
On ne sait plus rien.

En ces temps terribles partout dans le monde.

En ces temps où le mythe occidental
Lors même qu'il l'emporte se trouve dans le désarroi le plus total.
En ces temps qui sont peut-être pires qu'une guerre
Où les engins nucléaires doucement envahissent la terre.
En ces temps où les personnes par millions
Se massacrent entre elles
Sans qu'on en perçoive la raison.

Moi personnellement
Moi personnellement
Moi personnellement, complètement hors de la scène
Moi comme femme ou moi comme homme
Qui ne reçoit plus aucune demande
Moi qui ne comprends pas
Qui ne peux ni évaluer ni croire
Moi qui observe le tout
Avec le soupçon de ne choisir jamais, de ne choisir jamais, de ne choisir jamais…

En ces temps toujours plus hostiles aux étrangers
Face à l'Empire, tous les peuples vont quémandant
En ces temps stériles et affairés
Monte menaçant le soleil rouge de l'orient.
En ces temps sans idéaux ni utopie
L'unique salut est une honorable folie.

En ces temps terribles partout dans le monde.

En ces temps où tout est domination
Où toute décision passe par dessus nos têtes.
En ces temps où notre contribution
Notre vraie faute est seulement un vote.
En ces temps qui ne laissent pas de sortie
Où le destin ou quelqu'un a en mains nos vies…

Moi personnellement, moi personnellement
Moi avec mes sentiments
Avec mes buts presque jamais atteints
Moi avec ma foi qui se disperse en routes infinies
Moi, avec l'effarement d'assister, étourdi et éteint,
Moi, confus et vide et résigné à ne me ranger jamais
À ne me ranger jamais, à ne me ranger jamais

[parlé :] En ces temps terribles, doucement doucement on s'éloigne du monde, mais avec effort, sans arrogance, comme un homme vaincu qui réussit à vivre seulement en se réfugiant dans son petit monde. Mais le salut personnel ne suffit à personne. Et la défaite est vraiment d'avoir encore envie de faire quelque chose et de savoir avec clarté qu'on ne peut rien faire.
C'est là qu'on meurt, hors et en nous. On est comme un individu inoffensif, sans jugements et sans idées. Et si on ne nous arrête pas le cœur , c'est parce que le cœur n'a jamais eu la prétention de penser. On est comme un individu appauvri et transporté au terminus, un individu toujours plus égaré et plus impuissant, un homme au bout du monde, aux frontières du plus rien.

Mais je suis là, je suis là
Moi personnellement je suis là, moi personnellement je suis encore là
Moi avec mes sentiments je suis là, moi avec mes sentiments je suis encore là
Moi avec ma rage je suis là, moi avec ma rage je suis encore là
Moi avec mon envie de changer je suis là, moi avec mon envie de changer je suis encore là.

Je suis là, je suis là
Moi personnellement je suis là, moi personnellement je suis encore là
Moi avec mes forces je suis là, moi avec mes forces je suis encore là
Moi avec ma confiance, moi avec ma confiance encore là
Moi, femme ou homme, je suis là, moi, femme ou homme, je suis encore là.

Je suis là, je suis là
Moi personnellement je suis là, moi personnellement je suis là
Moi personnellement je suis là, moi personnellement je suis là, je suis là, je suis là.