Version française – C’EST TA FAUTE – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson
italienne – È
stata tua la colpa – Edoardo
Bennato – 1977
Texte
et musique : Edoardo Bennato
« Cette
chanson ouvrait l’album « Marionnette sans fil » de
1977 ; c’est
une relecture de l’histoire de Pinocchio.
La guerre a toujours été
une des cibles
préférées de l’ironie de Bennato,
précédée probablement
seulement par
l’école (on en vient
à se demander
quelle expérience
scolaire terrible doit
avoir connue le
pauvre Edoardo…) » [Lorenzo Masetti, 24 janvier 2005]
Dialogue
maïeutique
Marco
Valdo M.I. mon ami, qu’as-tu encore été trouver là comme
chanson ? J’espère qu’elle ne m’est pas destinée.
J’ai
l’impression, Lucien l’âne mon ami, que tu te sens visé.
Ferais-tu, comme les grands du monde, une crise de paranoïa ?
Je t’assure qu’il n’en est rien. D’abord, c’est la version
française d’une chanson italienne d’il y a quarante ans, où il
n’est nullement question d’un âne. Ensuite, comme tu pourras le
voir de tes yeux noirs qui brillent ou l’entendre de tes oreilles
noires qui se dressent, elle ne pourrait en aucune manière te
concerner ne fut-ce que parce qu’elle dit d’entrée de jeu :
Dans
ton cas, je te le rappelle, c’est exactement l’inverse qui s’est
produit, si j’ai bien compris ce que tu
m’as dit encore récemment, contrairement à la légende colportée
par Apulée, tu ne souhaites pas redevenir un homme.
En
effet, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as parfaitement saisi mon
sentiment. Après tout ce que j’ai vu et connu depuis des siècles
que je parcours le monde, je n’ai aucune envie de rentrer dans la
peau d’un humain. Âne je suis, âne je reste.
Cela
établi, reprend Marco Valdo, c’est la première canzone du cycle
de la « Marionnette sans fil » et la dernière à être
nantie d’une version française. Elle raconte l’histoire de cette
Marionnette, petit être de bois qui a voulu devenir un être humain
– un être de chair et qui a réussi dans sa mutation. Mais,
dit en substance la chanson de Bennato, il n’a pas gagné au
change. De personnage insignifiant aux yeux des hommes, il est devenu
un des leurs et en le devenant, il a hérité de tous les
inconvénients de la situation : il est entré dans le monde. On
croirait entendre Paul Nizan qui disait : « Tout
menace de ruine un jeune homme :
l’amour, les idées, la perte de sa famille, l’entrée parmi les
grandes personnes. Il est dur d’apprendre
sa partie dans le monde. À quoi ressemblait notre monde ?
Il avait l’air du chaos… ».
Ainsi
commençait le voyage vers Aden Arabie, parabole de la vie. Ainsi, la
canzone est une parabole de la vie des humains qui d’enfants libres
et impertinents, puis d’adolescents libres et rebelles, finissent –
pour la plupart – dans les liens de la vie en société auxquels
ils se soumettent par complaisance et par obéissance aux règles
édictées par un mystérieux pouvoir. C’est le même parcours
qu’on trouve décrit ironiquement dans la chanson de Brel qui
raconte l’entrée
en bourgeoisie [[38553]].
Oh,
dit Lucien l’âne, il y aurait sans doute encore beaucoup de choses
à en dire qu’il faudra renvoyer à plus tard ou ailleurs, à
d’autres dialogues, mais je retiendrai qu’il nous faut
spécialement ici rappeler notre maxime essentielle, celle qui fait
que je reste un âne et qui dit : « Ne jamais se
soumettre ! » ; je la conseille comme viatique ultime
à tous ceux qui viendront. À tous présents et à venir, en quelque
sorte.
Pour
le reste, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux
monde cadenassé, organisé, ordonné, orthodoxe et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
C’est
ta faute ; alors, que veux-tu ?
Tu voulais devenir un de nous,
Et maintenant, tu regrettes ces jours où
Tu étais une marionnette mais sans fil
Car maintenant tu les as, les fils ! …
À présent, tu ne fais plus un pas,
Tu voulais devenir un de nous,
Et maintenant, tu regrettes ces jours où
Tu étais une marionnette mais sans fil
Car maintenant tu les as, les fils ! …
À présent, tu ne fais plus un pas,
Quelqu’un
qui commande et tire les fils pour toi.
À présent, les gens ne rient plus de toi,
Tu n’es plus un saltimbanque, mais vois
Tous les fils que tu as ! …
C’est ton choix, alors maintenant que veux-tu ?
Un de nous, voilà ce que tu es devenu.
À tous les pièges du chat et du renard, toi
Tu avais pu réchapper chaque fois.
Maintenant, tu risques beaucoup plus !
À présent, les gens ne rient plus de toi,
Tu n’es plus un saltimbanque, mais vois
Tous les fils que tu as ! …
C’est ton choix, alors maintenant que veux-tu ?
Un de nous, voilà ce que tu es devenu.
À tous les pièges du chat et du renard, toi
Tu avais pu réchapper chaque fois.
Maintenant, tu risques beaucoup plus !
Quelqu’un
qui commande et tire les fils pour toi.
À présent, les gens ne rient plus de toi,
Tu n’es plus un saltimbanque, mais vois
Tous les fils que tu as ! …
À présent, les gens ne rient plus de toi,
Tu n’es plus un saltimbanque, mais vois
Tous les fils que tu as ! …
Et
maintenant que tu raisonnes comme nous,
Tes livres d’école, tu ne te les vendras pas
Comme tu le fis un jour
Pour acheter un ticket et entrer
Dans le théâtre de Mangiafuoco.
Ces livres maintenant, tu les liras !
Tes livres d’école, tu ne te les vendras pas
Comme tu le fis un jour
Pour acheter un ticket et entrer
Dans le théâtre de Mangiafuoco.
Ces livres maintenant, tu les liras !
Va,
va, et lis-les tous
Et apprend ces livres de mémoire
Où il est écrit que les sages et les honnêtes
Sont ceux qui font l’histoire ;
Ils font la guerre, car la guerre est chose sérieuse.
Jamais ne la feront bouffons et marionnettes !
Et apprend ces livres de mémoire
Où il est écrit que les sages et les honnêtes
Sont ceux qui font l’histoire ;
Ils font la guerre, car la guerre est chose sérieuse.
Jamais ne la feront bouffons et marionnettes !
Tu
étais un bouffon, une marionnette de bois
Maintenant que tu es normal et tu vois
Combien est absurde le jeu que tu joues là !
Maintenant que tu es normal et tu vois
Combien est absurde le jeu que tu joues là !