ASTURIES
Version française — ASTURIES — Marco Valdo M.I. — 2022
Chanson espagnole — Asturias — Víctor Manuel — 1976
Poème :
Pedro Garfias
Zurita (1937)
Musique :
Víctor Manuel (1976)
Révolte des mineurs d’Asturies - 1934
Pedro Garfias Zurita est un poète espagnol d’avant-garde de la génération de 27. En 1937, il écrit le poème “Asturias”, un poème de 42 vers en pleine guerre civile, qui sera publié pour la première fois en exil dans son livre Poesías de la guerra española publié au Mexique en 1941.
Ce poème a été écrit après la chute des Asturies, le 20 octobre 1937, aux mains des franquistes, et son texte évoque la révolution d’octobre 1934 et la répression cruelle qui s’en suivit par le gouvernement de la République.
Avant la mort de Franco, le poème avait déjà été mis en musique par le chanteur-compositeur asturien Víctor Manuel. En raison de la censure, sa chanson n’est pas parue sur vinyle avant 1976. Cependant, ce n’est qu’en 1983, que cette interprétation a fini par devenir pour la grande majorité des Asturiens un véritable second hymne des Asturies en raison de ses paroles : plus sérieuses, profondes et percutantes que celles de « Asturias, patria querida ».
Et maintenant, Lucien l’âne, dit Marco Valdo M.I., juste pour savoir ce qui s’est passé, si on parlait d’un film : un documentaire de Sergio Montero Fernandez, 91mn, 2018, VO esp. sous-titrée français : Los Labios apretados (Les lèvres serrées). Voici ce qu’il raconte :
Le fils d’un mineur asturien voyage à Buenos Aires sans savoir qu’il entame un autre voyage, celui de la mémoire. Là-bas, il découvre qu’un événement historique de répercussion mondiale a eu lieu dans sa région d’origine. Et on ne lui a jamais rien raconté dans aucune école. Le jeune homme va passer d’un côté à l’autre de l’Océan en poursuivant l’ombre de cette révolution à laquelle il ne connaît rien, même si certains vieux de chez lui y font allusion.
Sur la grève insurrectionnelle dans les Asturies en 1934
Octobre 1934, Espagne. Face à la prise de pouvoir par la droite dure, la grève insurrectionnelle est déclenchée. Sensée embraser toute le pays, elle échoue en Catalogne et est vite matée au Pays Basque. Mais dans les Asturies, la République socialiste est proclamée. Casernes et usines d’armement tombent les unes après les autres et dans les bassins miniers, argent et propriété sont abolis. Ce qui va bien au-delà de l’antifascisme.
Madrid
va envoie 30 000 soldats, sous la coordination d’un certain
général Franco, pour suffoquer cette rébellion. Accompagnés de la
flotte de guerre et de l’aviation et face à la résistance
acharnée des ouvriers, ces militaires mettent plus de deux semaines
à parvenir auxcentres de la rébellion.
Plusieurs comités révolutionnaires coordonnent la révolution asturienne dont un est élu en assemblée sur les barricades.
Asturies, si je pouvais,
Si vous chanter, je savais
Asturies, vertes de montagnes
Et noires de mines.
Je suis du Sud profond,
Poussière, soleil, fatigue et faim,
Faim de pain et d’horizons…
Faim !
Sous la peau desséchée
De denses rivières de sang
Et le cœur asphyxié
Sans veines pour vous soulager.
Les yeux aveugles, les yeux
Aveugles à force de vous regarder
Sans vous voir, Asturies de l’âme,
Filles de ma même mère.
Vous avez tenu deux fois, deux,
L’occasion de jouer
Votre vie dans un jeu,
Et les deux fois, l’avez jouée.
Qui
abattra cet arbre
Des Asturies, maintenant ébranché,
Dénudé, sec, cloué
Par sa racine profonde
Qui court par toute l’Espagne
Nous innervant de courage ?
Regardez, ouvriers du monde
Sa silhouette se découpe
Sur ce ciel impassible,
Verticale, indéfectible,
Ferme sur la roche ferme,
Sa chair blessée vive.
Des poings crient par millions,
Dans l’air leur colère,
Des millions de cœurs
Battent contre leurs prisons.
Préparez votre dernier assaut,
Livide mort couarde,
Préparez votre dernier assaut,
Les Asturies vous attendent.
Seules au mitan de la Terre,
Filles de ma même mère.