dimanche 17 octobre 2021

FAMINE

 

FAMINE


Version française – FAMINE – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson allemande – HungersnotErich Mühsam1916







FAMINE – GUERRE

Simplissimus – Munich 1917





Dialogue maïeutique


Il ne faut pas croire, Lucien l’âne mon ami, il ne faut pas croire que comme cette version française d’Hungernot – FAMINE commence de la même façon que la chanson de Claude Lemesle « Par dix, par cent, par mille… », que chantait Melina Mercouri, comme elle commence de cette même façon, il ne faut pas croire qu’elle raconte la même chose. Soixante-cinq ans après Hungernot, Melina appelait la Grèce à la rébellion contre la dictature des Colonels. Erich Mühsam, c’était en 1916, lui s’en prend à la guerre et il le fait dans la guerre, en pleine guerre. Il s’en prend à Guerre et à sa sœur, Famine. Sœur cadette ? Sœur aînée ? Allez savoir qui de Guerre ou de Faim est venue au monde la première ?


Personnellement, dit Lucien l’âne, je les ai souvent prises pour des sœurs jumelles.


Il faut dire, continue Marco Valdo M.I., que cette année 1916, et les suivantes, l’Allemagne va recevoir la visite de Famine et très, très nombreux – des civils, sont ceux qui vont en souffrir.


Oh, dit Lucien l’âne, il n’y a rien d’étonnant. Aussi loin que je me souvienne, Famine, Misère, Maladie, Mort ont toujours fait escorte à Guerre. Elles n’ont jamais arrêté de courir le monde. Et nous, ici, on s’essaie chanson après chanson, à tisser le linceul de ces épouvantables demoiselles en même temps que celui du vieux monde obscène, absurde, avide, aviné, arrogant, avilissant et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Par dix, par cent, par mille, gisent les morts

Par terre, au fond des campagnes violées,

Par les guêpes et les taons de fer frappées.

Et menace et rampe hors

Des tas de feu et de ruines,

Et suce et lèche les ossements,

Et ronge la moelle des gens,

La sœur de la guerre, Famine


Elle niche au-dessus des portes et des toits

Et se jette sur les humains et les bêtes ;

Au-dessus des villages, elle tournoie,

Aucun œil, aucune oreille ne la repèrent,

Mais tous les sens la flairent,

Et la peau frémit

Et les cheveux se dressent en épis.


Les yeux errent,
vides et fixes.

Un enfant tire sur le tablier de sa mère.

Un petit cercueil roule vers le cimetière.

L’instituteur et le curé de la paroisse,

Le souffle court, suent l’angoisse.

Déjà, chez eux, il n’y a plus de pain

« Nous avons gagné ! », baragouine un crétin.


L’armée morte qui repose à l’étranger

Ne rapporte pas de pain à la communauté,

Mais beaucoup de gens en terre sont portés.

Ennemis de personne, à personne, ils n’ont fait la guerre

Ces modernes par millions, ainsi libérés de la misère.

Encore, d’une bouche desséchée, bredouillante,

Retentit le cri imbécile : « Nous avons gagné ! »