jeudi 9 février 2017

Le bon Président


Le bon Président



Chanson parodique de langue française - Le bon Président – Marco Valdo M.I. – 2017
inspirée par Eugène Pottier et sa chanson Leur Bon Dieu – 1884





L’autre soir, Lucien l’âne mon ami, j’ai reçu moi aussi la visite d’un revenant inquiet. Souviens-toi de la Commune, souviens-toi de Nuremberg, il est des massacreurs, il est des assassins qu’il vaut mieux arrêter avant qu’ils ne sévissent.

Un revenant, un fantôme, tu en as d’étranges visiteurs nocturnes ? Marco Valdo M.I. mon ami. Je me demande qui ça peut être et pourquoi tu en parles ici.

Il m’a dit : prends une de mes chansons et fais-en une bigarade contre ce gros balourd étazunien. Peut-être, lui demandai-je, veux-tu dire une arlequinade, une pasquinade, enfin bref, un pasquin. 
Et il m’incite plus encore : fais-en une moquerie, une raillerie, un brocard, une goguenardise, une ironie, envoie-lui des lazzi et des gros mots. Cet homme-là, me dit-il, est un sot. 
Un sot, dis-je, mais il est Président ? 
Ô, me répond-t-il, on peut être Président et sot, président et ambitieux, Président et menteur, Président et dictateur et même, la chose s’est déjà vue, demain, pourquoi pas, comme Napoléon le petit, Président et Empereur. 
Fais cela pour moi, car je ne le peux plus, n’étant plus, depuis si longtemps que poussière et ombre sur les murs et souviens-toi à ma mise en terre l’étoffe rouge et la noire même étaient mes bannières. Il me dit tout cela et voilà pourquoi, j’en parle ici. J’y suis bien forcé, si je veux répondre au vœu de cet ancien auteur.

Certes, dit Lucien l’âne un peu éberlué. Mais de qui s’agit-il ? Finiras-tu par me le dire qui était ce visiteur du soir ?

Bien sûr, Lucien l’âne mon ami, je te le dirai volontiers dans un instant, d’autant que lui ne risque pas d’essuyer les foudres de ce mannequin américain, de cet épouvantail à corniauds, de ce tordu d’envergure. Je te le dirai et même, je n’aurai pas un seul moment l’impression de le dénoncer, de faire du maccarthysme avec plus un demi-siècle de retard et même pas du trumpisme, version nouvelle de ce vieil art de la dénonciation et de la chasse aux sorcières.
Non, je ne le ferai certainement pas, car, comme il est dit plus haut, en son corps, il ne risque plus rien. Pour sa réputation et sa mémoire, il ne risque plus rien non plus, il a déjà tout entendu et plus encore. 
L’insulte-même ne l’atteint pas, il la prend pour un compliment quand elle vient d’un ennemi, fût-il Président ou se prît-il pour un Titan. Il avait du talent plus que je n’en aurai jamais, du courage à décourager l’obstination du répresseur, il avait l’ambition de dire au monde certaines vérités et il y est arrivé. Il avait été immigré en son temps, ici, sur l’île d’Albion et ironie du sort, pendant plusieurs années au pays d’Amérique où règne impudemment ce pseudo-Président.

Ça t’amuse, il me semble de me faire pareil rébus, Marco Valdo M.I. mon ami. Je crois bien cependant que je commence à deviner de qui il peut bien s’agir, mais je ne voudrais pas casser ton jeu. Continue.

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, j’y reviens. Cent cinquante ans après, on le chante encore ; il a écrit le chant le plus célèbre de tous les temps, ce fantôme, vois-tu Lucien l’âne mon ami, peut-être même qu’un jour de son vivant, tu l’as croisé. C’était au temps de la Commune, celle de Paris, évidemment.
D’ailleurs outre cette chanson, il m’a recommandé de rappeler ici un passage de sa chanson la plus célèbre en insistant, a-t-il ajouté, tu en feras un avis au milliardaire qui se prend pour un tribun et s’il faut changer un peu mon texte, me concéda-t-il en clignant de l’œil et en hochant sa barbe, je t’en prie va-z-y, entre nous, pas de copyright, pas de droit d’auteur, pas de manigance d’argent.
J’ai donc fait ce qu’il a demandé et voici ce qu’il en est résulté :

« Il n’est pas de sauveurs suprêmes
Ni Dieu, ni César, ni tribun,
Hideux dans ton apothéose
As-tu jamais fait autre chose
Que dévaliser le travail
et les gens du commun
Dans les coffres-forts de
ta bande
Ce qu
e les hommes ont créé s’est fondu
En décrétant qu’on le lui rende
Le peuple ne veut que son dû. »

Oh, dit Lucien l’âne, il me semble reconnaître comme une variation sur l’Internationale et même, j’en suis sûr. Mais ce mystérieux fantôme, je sais qui c’est maintenant. Il s’appelait Eugène Pottier.

C’est bien elle et c’est bien lui, dit Marco Valdo M.I. ; c’est bien lui qui comme François Villon (ces temps-ci, c’est péremptoire, il s’agit en prononçant le nom de ce poète méritoire d’éviter l’accent d’outre-Rhin) chez Wolfgang Biermann, hante mes nuits de pleine lune. C’est Eugène Pottier qui m’a soufflé cette chante-fable de circonstance.

Alors, Marco Valdo M.I. mon ami, il ne reste qu’à la voir, la voir et l’entendre – le jour où quelqu’un la chantera et puis à reprendre notre tâche sempiternelle et nécessaire et tisser, tisser, tisser encore le linceul de ce vieux monde malade de sa richesse, de ses ambitieux, de ses menteurs, de ses vantards, de ses milliards, de ses milliardaires en dollars et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Au citoyen Donald Trump de New-York.

Président jaloux, sombre turlutaine,
Cauchemar de citoyens hébétés,
Il est temps, vieux croquemitaine,
De te dire tes vérités.
Tes invectives, tes sérénades vieillottes,
Font sourire les bonnes sœurs.
Bon Président des idiotes,
Tu n’es qu’un farceur.

Tu déclares sans qu’on t’y invite,
Face au monde ébahi,
Qu’à toi seul, foi de sybarite,
Demain, tu mettras au pas tous les pays.
Ton monde, en six jours tu le bâcles,
Ô tout-puissant républicain.
Président des miracles,
Tu n’es qu’un crétin.

Le Mur se fera par ton ordre.
Tu fais wa-wa tout le temps,
Comme un chien prêt à mordre ;
Tu fais peur aux petits enfants.
Tes ministres, tu les consacres,
Tu les soûles de tes grommelots.
Président des futurs massacres,
Tu n’es qu’un vieux sot !

On connaît tes masquarades
Et l’on te voit, perruqué,
Te pourlécher de fanfaronnades,
Faire ton numéro à la télé.
Tes discours sont des menteries,
Beaucoup de bruit pour rien.
Président des supercheries,
Tu n’es qu’un gredin.

Tu hurles, tu cries, tu éclates
Rien pour les autres et tout pour toi
Ton honneur tient tout dans ta cravate
Tu ruineras les peuples et les États
Tu conduis le monde de mal en pire
C’est toi le fol en rut,
Président de ton Empire,
Tu n’es qu’une brute.