jeudi 18 avril 2019

ÉMIGRANT VIENT, ÉMIGRANT VA


ÉMIGRANT VIENT, ÉMIGRANT VA

Version française – ÉMIGRANT VIENT, ÉMIGRANT VA – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienne – Emigrante che vien emigrante che va – anonyme – s.d.


Gli emigranti
Raffaello Gambogi (1874-1943)

Chanson d’émigration, je n’ai pas réussi à comprendre si c’est du calabrais ou du sicilien. Elle devrait remonter à l’émigration du Sud de l’Italie après l’unification de l’Italie (fin du XIXième siècle), qui a d’abord transformé les peuples du Sud en brigands, puis en émigrants.

Dialogue Maïeutique

Vis donc, Lucien l’âne mon ami, cette chanson anonyme. Anonyme comme les gens dont elle raconte l’histoire et une histoire terriblement vraie. Elle raconte le temps où les gens du Sud, je veux dire du sud de l’Italie en train de se faire, ont dû massivement fuir leur pays, leurs villages, leurs montagnes, leurs campagnes et leurs villes. Pendant longtemps, ce fut le lot des laissés pour compte de la modernité.

Oh, dit Lucien l’âne, je sais ça, j’ai vu ça, on les reconnaissait sur les routes à leur valise, à leur baluchon et pas seulement en Italie. Des régions entières se sont ainsi dépeuplées, les hommes partaient d’abord, espérant faire fortune là-bas. Ce fut rarement le cas. On dit que pour la seule Italie – sans compter l’émigration intérieure du sud vers le nord, des campagnes et des montagnes vers les villes, avec le temps, il y en a autant dehors que dedans. Un peuple entier en exil…

Tu as raison, Lucien l’âne mon ami, et ce n’est pas fini, cette hémorragie continue. Par exemple, par les autres, similairement, se sont vidées l’Irlande, la France, la Suède, les Balkans, des régions entières d’Allemagne, d’Europe centrale, de Russie et d’ailleurs et les anciens migrants installés là-bas, perdant toute mémoire, font barrage et repoussent ces nouveaux venus. À présent, pareil mouvement touche l’Afrique, l’Asie, sans pour autant cesser ici. Et puis, il y a ceux qui sont partis là-bas pour chercher la fortune et n’ont pu trouver même un simple travail et qui sont revenus plus pauvres encore qu’ils n’étaient partis : émigrants à l’aller, et au retour, comment les nommer ?


À mon sens, dit Lucien l’âne, on devrait les nommer des « réfugiés », certains diront « économiques », mais tous les « réfugiés » sont des réfugiés politiques. On ne saurait séparer l’économique du politique. C’est une tromperie. Il suffit de considérer les choses pour ce qu’elles sont dans cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches (et les puissants) font aux pauvres pour accroître leurs richesses, conserver le pouvoir, renforcer leur puissance, augmenter leurs profits et maintenir leur domination. C’est ça le sens du mot politique, c’est à ça qu’elle sert la politique tant que dure cette guerre, tant qu’il faudra protéger les privilèges de certains. Mais pourquoi épiloguer plus longuement, tissons le linceul de ce vieux monde riche, méprisant, méprisable, avide, assassin et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Un jour, de mon pays, je suis parti ;
Émigrant en terre étrangère, je suis parti.
Ma mère pleurait et j’ai laissé
Ma femme et plus beau que le soleil, un fils à peine né.


Émigrant vient, émigrant va.
Émigrant vient, émigrant va.
Ta vie est un enfer, émigrant va,
Ta vie est un enfer, émigrant sera…


Les yeux pleins de larmes, je suis parti
Embrassant ma famille et mes amis.
Dans une valise, mes rêves, j’ai emportés ;
Émigrant dans une usine, je me suis retrouvé.


Émigrant vient, émigrant va.
Émigrant vient, émigrant va.
Ta vie est un enfer, émigrant va,
Ta vie est un enfer, émigrant sera…


Suant un bœuf, travaillant nuit et jour,
Je souffrais de la nostalgie du retour.
Un soir, j’ai rencontré une fille fort belle
Et je suis tombé amoureux d’elle.


Émigrant vient, émigrant va.
Émigrant vient, émigrant va.
Ta vie est un enfer, émigrant va,
Ta vie est un enfer, émigrant sera…


La nuit, je pensais, et je ne dormais pas.
Je voulais m’enfuir, mais je ne pouvais pas.
J’entendais une voix d’enfant si loin de moi,
Qui chantait : reviens papa, reste près de moi.


Émigrant vient, émigrant va.
Émigrant vient, émigrant va.
Ta vie est un enfer, émigrant va,
Ta vie est un enfer, émigrant sera…


Écoute, mon fils, mes mots banals.
Dis à maman que je t’aime,
Je te demande pardon, si je t’ai fait mal.
La distance est le vrai problème.


Sois content, mon fils, petit trésor de papa,
Car demain le bonheur reviendra chez toi.
Sois content, mon fils, petit trésor de papa,
Car demain chez toi, le bonheur reviendra.