jeudi 28 novembre 2019

LA CHANSON DES BISTROTS DE QUARTIER


LA CHANSON DES BISTROTS DE QUARTIER


Version française – LA CHANSON DES BISTROTS DE QUARTIER – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienneCanzone delle osterie di fuori portaFrancesco Guccini1972
Paroles de Francesco Guccini
Musique de Francesco Guccini, Ettore De Carolis et Vince Tempera
Album : "Stanze di vita quotidiana"





Presque un testament spirituel et artistique de Francesco Guccini, écrit non pas aujourd’hui, mais il y a presque 50 ans, et au début de son succès…



Comme autrefois, les bistrots de quartier sont toujours ouverts,
Les gens qui allaient boire au-dedans ou au-dehors sont tous morts.
L’un est parti par âge, l’autre, s’était fait vétérinaire
Et mûrissant, s’est marié, fait une carrière : pire fut cette mort.


Les poivrots tombent comme les feuilles sur les routes ;
De leurs rages anciennes, il reste à peine une phrase ou un geste.
Je ne sais pas s’ils excusent leur passé par leur jeunesse ou par leurs erreurs.
Quand ils me rencontrent, je ne sais ce qui les éveille : si c’est la curiosité ou la peur.


Moi, maintenant je me lève tard tous les jours, je traîne toujours le matin
À faire les cartes, puis le café de la gare pour neutraliser le mal de tête.
Je n’ai pas d’excuse à présenter, je ne me dis plus poète.
Je n’ai pas d’utopies à réaliser : rester au lit le lendemain est mon seul destin.


L’aube magique sur les collines se lève toujours aussi lentement.
Quand je la regarde, je ne ressens plus ce que je ressentais avant.
Les voleurs et les prophètes de l’avenir m’ont volé mon temps et l’ont détruit ;
Le jour est toujours un peu plus obscur, est-ce l’histoire, est-ce que je vieillis ?


Les rues sont pleines d’une rage qui chaque jour hurle plus fort.
Les fleurs sont tombées et n’ont laissé que des symboles de mort.
Afin que je me cache, si je dois être lapidé, dis-le-moi.
Chacun a sa pierre prête et la première, ne le nie pas, tu me la jetteras.


Je suis plus célèbre qu’au temps où tu me connaissais,
J’ai un public qui écoute les chansons en lesquelles tu croyais.
Les amis se moquent de moi, mais au fond, j’ai une conscience pure.
Toi, ne ris pas si je dis ça, seul rit qui a la haine au cœur et à l’esprit, la peur.


Ne va pas croire que ça a changé ma vie,
C’est une petite chose d’hier qui demain sera déjà finie.
Je suis toujours là à vivre de moi, j’ai assez de mes journées.
J’ai la gloire que je peux : quelque chose qui s’en ira bientôt, comme les sous d’une poche trouée.


Tu ne le croirais pas. J’ai presque fermé toutes les portes à l’aventure.
Pas pour remettre ma tête à l’endroit, mais par ennui ou par peur.
Pour ce que j’ai fait ou ce que j’ai eu, je ne passe pas des nuits désespérées
Les choses passées sont passées et je regrette seulement les occasions manquées.


Comme autrefois, les bistrots de quartier sont toujours ouverts,
Les gens qui allaient boire au-dedans ou au-dehors sont tous morts.
L’un est parti se former, celui-là se prétendait expert ;
Celui-là fatigué de jouer, de boire, de se discréditer : pire fut cette mort.