LE
CULTE
Version
française – LE CULTE – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après
la version italienne – CULTO de Riccardo Venturi – 2018
Et
pour la vieillesse, le culte du Rosaire
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Dialogue
Maïeutique
Lucien
l’âne mon ami, depuis Alfred Jarry (1873-1907), on n’en finit
pas de découvrir l’étrangeté de la Pologne, pour ne pas dire sa
bizarrerie. Étrangeté et bizarrerie qui touche particulièrement
ses figures les plus célèbres. On vit même récemment encore un
Polonais promener sa robe dans les allées du Vatican et sur les
avenues du monde entier. On en a fait – en Pologne – tout un
culte. Mais enfin, pour le Polonais moyen, ce n’est pas
rédhibitoire. Par exemple, on peut naître Polonais, être un homme
et vivre en Pologne tout en participant à la grande fête commune de
la vie, nonobstant ce vieux monde cacochyme. J’en tiens pour preuve
notre ami Krzysiek.
Certes,
Marco Valdo M.I., il doit bien y avoir des Polonais heureux.
Aleksandar Petrović
avait bien rencontré des
Tziganes heureux. Cependant, sans être aussi informé de la Pologne
que le Père Ubu qui, dans sa grande sagesse, disait : « S’il
n’y avait pas de Pologne, il n’y aurait pas de Polonais ! »,
j’ai ouï dire que la Pologne était affectée d’une sorte de
maladie du culte et du rite qui lui a souvent valu de glorieuses
heures et certains héros de dimensions peu ordinaires.
Lucien
l’âne, tu es perspicace ou devin, car c’est de cela même que
parle la chanson qui, comme il ressort de sa langue,
est véritablement polonaise et tout à fait contemporaine. Je
m’en vais te montrer à coups de citations rapides que
la Pologne, disons officielle, a montré fort souvent un esprit digne
du père du Roi Ubu . Pour
mieux comprendre,
allons
voir le moment originel quand
Ubu lui-même (c’est le début d’Ubu Roi ou Les Polonais, la
pièce que Jarry publia en 1896) se refuse à tuer le roi Venceslas
pour lui succéder, la Mère Ubu, son épouse, qui connaît bien
aussi certaines ambiances de ces lieux, lui suggère, mais voyons les
répliques :
« PÈRE
UBU
De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant; et même en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ?
De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant; et même en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ?
MÈRE
UBU
Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?
Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?
PÈRE
UBU
Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure par la casserole.
Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure par la casserole.
MÈRE
UBU
Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte ?
Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte ?
PÈRE
UBU
Eh vraiment ! et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?
Eh vraiment ! et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?
MÈRE
UBU
À ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues. »
À ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues. »
Et
dans la présentation de la pièce, l’auteur prévient : « Le
scène se passe en Pologne, c’est-à-dire nulle part. »
En
Pologne, c’est-à-dire nulle part, c’est-à-dire, autrement dit,
à peu près n’importe où, dit Lucien Lane. N’importe où dans
notre monde ubuesque où les Chefs d’État font un concours à qui
égalera Ubu. Je ne donnerai aucun nom mais puisqu’on a cité la
Pologne, citons les États : USA – qui mène la course à
l’imbécillité, la Russie – ex-URSS, la Turquie, le Congo (RDC),
l’autre aussi, mais c’est moins voyant, la Syrie, la Chine,
l’Inde … J’arrête là, je n’en finirais pas. Mais avec cette
excursion dans la Pologne d’Ubu, on ne sait toujours pas de quoi
cause la chanson.
Ho,
Lucien l’âne mon ami, ne dis pas cela, car avec Ubu, on ne s’est
pas égaré du tout. La chanson évoque le culte sous toutes ses
formes ; j’ajoute, évoque et critique vertement le Culte et
on comprend son auteur, puisqu’il est Polonais et que pour ce qui
est du Culte, comme je l’ai dit plus haut, la Pologne ne craint
personne, surtout depuis qu’après avoir connu un
général-Président, sa tête est affublée d’un essaim de culs
bénits qui la feront – si on ne les retient pas à temps –
tomber dans le trou du Culte national et catholique.
Soit,
cette perspective de national-catholicisme, Marco Valdo M.I. mon ami,
n’a rien de réjouissant, d’autant qu’un même goût pour le
Culte s’est développé chez certains de ses voisins. Mais passons
à la chanson et puis, reprenons notre tâche qui est de tisser le
linceul de ce vieux monde ubuesque, réactionnaire, nationaliste,
passionné de culte et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane