vendredi 31 janvier 2014

On va se marier

On va se marier


Chanson de langue française – On va se marier – Marco Valdo M.I. – 2014
Parodie d'une chanson de Léo Ferré – Ils ont voté (1967) -[[7413]]










Lucien l'âne mon ami, voici une chanson composée dans l'urgence et qui répond à un objectif précis : mettre en cause la chape de plomb catholique qui pèse sur nous tous Européens (et bien au-delà) et qui dans bien des pays, encage les gens et entrave leurs libertés les plus personnelles. Ce combat, je le mène (avec toi, avec d'autres) à partir de la Belgique où je réside. Nous le menons au travers d'une association dont je t'ai déjà parlé et qui s'appelle ALBI – Action laïque belgo-italienne, dont le but est de soutenir et défendre les personnes résidant en Italie et les associations qui en Italie, sont en butte aux rétorsions catholiques, qui comme tu le sais, sont nombreuses et persistantes.

Cette association m'a adressé ce jour un message en quatre langues que je te montre :

LIBERI DI AMARE. Des gays italiens se marient à Bruxelles
Mario et Giovanni s’aiment et vivent ensemble à Milan depuis 12 ans. Comme de nombreux couples de même sexe italiens, ils veulent se marier, mais l’Italie ne leur reconnaît pas ce droit.
En Belgique, le mariage entre personnes de même sexe est admis depuis le 1er juin 2003, à l’issue d’un long combat de la communauté LGBTQI. De 2004 à 2012, 19.463 mariages de personnes de même sexe ont été célébrés en Belgique !
Le 15 février 2014 à 12h30, Mario et Giovanni et deux autres couples s’uniront symboliquement pour revendiquer l’égalité des droits pour les personnes de même sexe en Italie. Les mariages seront célébrés en téléconférence par Olivier Deleuze, Bourgmestre de Watermael-Boitsfort, à la Salle Bauer de la Società Umanitaria (Via Daverio 7 à Milan), et à la Maison Arc-en-ciel, rue du Marché au Charbon 42, à 1000 Bruxelles.
Venez soutenir nos amis Italiens dans ce combat en nous rejoignant ce jour-là à la MAC !
Cette action est une initiative de l’association Certi Diritti www.certidiritti.it en Italie, et d'ALBI Action laïque belgo-italienne (albi@laique.be) en Belgique.
LIBERI DI AMARE. Omosessuali italiani si sposano a Bruxelles
Mario e Giovanni si amano e vivono insieme a Milano da 12 anni. Come molte altre coppie italiane dello stesso sesso vorrebbero sposarsi, ma l'Italia non riconosce loro questo diritto.
In Belgio, a seguito di una lunga lotta della comunità LGBTQI, il matrimonio tra persone dello stesso sesso è riconosciuto dal 1 giugno 2003. Dal 2004 al 2012 sono stati celebrati 19.463 matrimoni!
Il 15 febbraio 2014 alle 12.30, Mario e Giovanni e due altre coppie si uniranno simbolicamente per rivendicare l'uguaglianza dei diritti per le persone dello stesso sesso in Italia. I matrimoni saranno celebrati in teleconferenza da Olivier Deleuze, sindaco di Watermael-Boitsfort (Bruxelles), alla sala Bauer della Società Umanitaria ( Via Daverio 7 a Milano), e alla Maison Arc-en-ciel, rue du Marché au Charbon 42, a 1000 Bruxelles.
Vi aspettiamo il 15 febbraio alla MAC per sostenere i nostri amici italiani in questa lotta.
Questa azione è un'iniziativa dell'associazione Certi Diritti (www.certidiritti.it) in Italia, e di ALBI Action laïque belgo-italienne (albi@laique.be) in Belgio.
LIBERI DI AMARE. Italiaanse homo's trouwen in Brussel
Mario en Giovanni houden van elkaar en leven reeds 12 jaar samen in Milaan. Net als vele andere Italiaanse koppels van hetzelfde geslacht willen ze graag trouwen, maar in Italië wordt dit recht niet erkend.
In België wordt het huwelijk tussen personen van hetzelfde geslacht erkend sinds 1 juni 2003, als gevolg van een lange strijd van de LGBTQI gemeenschap. Tussen 2004 en 2012 werden maar liefst 19.463 huwelijken gesloten!
Op 15 februari 2014 om 12u30 zullen Mario en Giovanni en twee andere koppels symbolisch trouwen om gelijke rechten voor koppels van hetzelfde geslacht in Italië te eisen. De huwelijken zullen via teleconferentie voltrokken worden door Olivier Deleuze, burgemeester van Watermaal-Bosvoorde, in de zaal Bauer van de Società Umanitaria (Via Daverio 7, Milaan), en in het Rainbow House, Kolenmarkt 42, 1000 Brussel.
Kom die dag naar het Rainbow House om samen onze Italiaanse vrienden te steunen!
Deze actie is een initiatief van de vereniging Certi diritti www.certidiritti.it in Italië, en van ALBI Action laïque belgo-italienne (albi@laique.be) in België.
LIBERI DI AMARE. Italian gays marry in Brussels
Mario and Giovanni love each other and live together in Milan since 12 years. As many other Italian same-sex couples they would like to marry, but Italy doesn't recognize this right.
After a long struggle of the LGBTQI community, the same-sex marriage became legal in Belgium the 1st June 2003. Between 2004 and 2012 were celebrated 19.463 marriages!
15 February 2014 12.30, Mario and Giovanni and two other couples will marry symbolically to claim equal rights for same-sex peoples in Italy. The marriages will be celebrated via teleconference by Olivier Deleuze, Major of Watermael-Boitsfort (Brussels), at the Bauer hall of the Società Umanitaria, (Via Daverio 7, Milan), and at the Rainbow House, rue du Marché au Charbon 42, 1000 Brussels.
We hope to see you that day at the Rainbow House to support the struggle of our Italian friends.
This action is promoted by the association Certi Diritti (www.certidiritti.it) in Italy, and by ALBI Action laïque belgo-italienne (albi@laique.be) in Belgium.




Comme à ce moment, je terminais de relire la chanson de Léo Ferré « Ils ont voté », il m'est venu à l'esprit d'en faire une parodie – au sens premier, c'est-à-dire dans son sens le plus ancien, son sens d'origine : « Texte composé pour être chanté sur une musique connue ». Cette parodie a pour but de raconter ce qui est dit dans l'annonce ci-dessus et d'en montrer certaines dimensions plus étendues. Comme tu peux le voir, il s'agit d'homosexuels qui souhaitent se marier, ce qui est légitime – dès le moment que l'on considère le mariage comme une forme d'union librement consentie. Ce type de mariage est d'ailleurs légal et très courant ici, dans ce petit pays pourtant très conservateur. Ces deux hommes Mario et Giovanni, qui vivent depuis douze ans ensemble, se voient refuser ce mariage dans leur propre pays et ont donc demandé l'asile symbolique en Belgique et cela leur a été accordé. Le mariage et deux autres similaires seront célébrés par un bourgmestre belge à Bruxelles ; ce sera même un mariage électronique... les mariés étant toujours en Italie. Un mariage célébré par la grâce de la télématique...


Ce sont là les mystères de la modernité... Ça nous changera de la grâce divine ou de la grâce du Saint-esprit... dit Lucien l'âne en riant à belles dents. Mais, ajoute-t-il, dis-moi deux trois mots sur la chanson elle-même. Que raconte-t-elle ?


C'est simple. En fait, je l'ai conçue comme si c'était un des futurs mariés qui annonce à sa « mamma-maman » qu'il va se marier avec un homme. Alors, il faut déjà bien se dire que la « mamma-maman » est peut-être sa mère biologique, mais aussi certainement l'Italie et sa belle-mère ou son aïeule est forcément l'ÉCAR – Église Catholique Apostolique et Romaine ; je précise, l'ÉCAR, car des Églises, il y en a beaucoup et des bien différentes. Il faut aussi comprendre que cet homme qui épouse un homme pourrait être une femme qui épouse une femme... Pour moi, c'est complètement égal ; en somme, ce sont leurs oignons. Comme on dit par ici, ils feront leurs lits comme ils se coucheront. Cet homme ou cette femme explique à sa « mamma-maman », qu'en raison de l'intolérance qui règne dans son pays, il a demandé et obtenu l'asile symbolique en Belgique et que le mariage aura lieu là...


Mais enfin, je ne te savais pas partisan du mariage..., dit Lucien l'âne qui ouvre de très grands yeux pensifs...


Mais mon ami Lucien l'âne, ce n'est pas seulement du mariage dont il est question, mais de la liberté de se marier ou non et plus généralement, de la liberté de disposer de soi-même et de ses actes, de la liberté de disposer de son corps, de sa vie... et fondamentalement, de la liberté tout court. De sa liberté à cet homme, de leur liberté à ces hommes, de ta liberté, de ma liberté... Bref, de la liberté de chacun de nous. C'est un combat global qu'il nous faut mener contre toutes les forces d'oppression qu'elles soient politiques, militaires ou religieuses. Je te rappelle notre devise : « Ne jamais se soumettre », ce qu'on pourrait traduire en italien par « Non mollare », qui fut un journal clandestin antifasciste publié en 1925, immédiatement interdit et dont les fondateurs les frères Rosselli furent assassinés par les fascistes. [http://it.wikipedia.org/wiki/Non_Mollare]


Alors, allons-y défendons ce mariage, c'est une manière comme une autre de tisser le linceul de ce vieux monde clérical, bigot, cagot, haineux, étouffant, oppressant, objecteur, mortifère et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Avec le Christ sur le dos
Depuis le temps de Benito
En Italie, si on n'est pas catho
On ne vaut pas le moindre euro
Voilà ton fils, mamma, maman,
Il va se marier maintenant
C'est épatant, il s'émancipe
Il va épouser un autre type

On va se marier... et puis, après?

Certains ont la mémoire hystérique
Et les souvenirs castrés
Normal, ils sont catholiques
Ils veulent tout sanctifier
Et vous voudriez qu'ils acceptent
Sans discussion et sans hurler
Qu'à leurs commandements qu'on débecte
On oppose la liberté.

On va se marier... et puis, après ?

Au Vatican, à Rome, le long du Tibre
On ne peut être des gens libres
Des femmes, des hommes ensemble
Des êtres humains vivant en couple.
Dans ce pays, à la télé
On peut voir agiter leurs ailes
Ces pathétiques demoiselles
Avec leurs charmes dévoilés

On va se marier... et puis, après ?

Maintenant, on ne veut plus se taire
Nous on veut s'aimer debout
On ne cache plus nos goûts
Comprenez-le pères et mères
C'est absurde et dramatique
Il nous faut aller à l'étranger
Demander asile à la Belgique
Pour pouvoir nous marier
Le jour de gloire est arrivé !


CI SI SPOSERÀ… E POI, DOPO ?

Version italienne – 2014
http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=46672

Con il Cristo alle spalle
dai tempi di Benito
In Italia, se non sei cattolico
non vali neanche mezzo euro
Ecco tuo figlio, mamma mamma
Ora si sposerà
E' magnifico, si è emancipato
e sposerà un altro ragazzo

Ci si sposerà... e poi dopo?

C'è chi ha la memoria isterica
e le idee castrate
Normale, sono cattolici
Tutto vogliono santificare
E vorreste che accettassero
senza discussioni e senza urla
che ai loro ordini esecrabili
si opponga la libertà.

Ci si sposerà... e poi, dopo ?

Al Vaticano, a Roma, lungo il Tevere
non si può essere persone libere
Donne, uomini insieme
esserei umani che vivono in coppia.
In questo paese, alla tivù
Si possono vedere agitare le ali
Queste patetiche signorine
con le loro grazie svelate

Ci si sposerà... e poi, dopo ?

Ora non vogliamo più tacere
Vogliamo amarci alla luce del sole
non nascondiamo più i nostri gusti
Cercate di capirlo, padri e madri
è assurdo e drammatico
ci tocca andare all'estero
domandare asilo al Belgio
per poterci sposare.



Il giorno di gloria è arrivato !

jeudi 30 janvier 2014

On n'est pas des saints

On n'est pas des saints




Chanson française – On n'est pas des saints – Léo Ferré – 1967




Ces gens-là ont mis la croix partout, jusque sur le dos des ânes




Ah, Lucien l'âne mon ami, je te l'avais annoncée et en quelque sorte, promise, celle-ci.




Je n'avais pas oublié, mon ami Marco Valdo M.I., dit Lucien l'âne en souriant de son piano à mastiquer le son, et je me préparais à te rappeler ta promesse, car placer une nouvelle chanson de Léo Ferré dans les Chansons contre la Guerre, c'est un grand moment à chaque fois. Et puis, une chanson avec un pareil titre... « On n'est pas des saints »... Ça change du sirupeux évangélique dont on bassine nos jours et nos nuits. Jusqu'à la nausée... Imagine que ces gens-là, les mêmes que chantait Jacques Brel (Chez ces gens-là, on ne pense pas, Monsieur, on prie...) ont réussi à mettre des croix partout, jusque sur le dos des ânes... C'est tout dire. Laisse-moi te révéler une image qui me vient à l'esprit : le Vatican avec son Église, c'est un boa autour du cou de l'Europe... Il l'étouffe... La seule question sérieuse est comment desserrer cette étreinte mortelle, qu'ils ont mis plus d'un millénaire à disséminer et à insérer partout... Alors, cette chanson,vue ainsi, c'est une chanson qui sonne comme un étendard, comme un chant des gueux que nous sommes...




Donc, comme tu le vois, moi non plus, je n'avais pas oublié et tu as parfaitement interprété le sens profond de ce chant de révolte. « On n'est pas des saints ! », c'est en effet un peu, une paraphrase de notre « Noi, non siamo cristiani... » – Nous, nous ne sommes pas des chrétiens... Nous, les descendants de Cro-Magnon, comme on le disait naguère dans une autre chanson :


« Mais au milieu de toutes vos historiques prétentions,
Que faites-vous de notre ancêtre Cro-Magon ?
Qui aux temps de la préhistoire,
Sans crucifix, sans religion,
Sans en faire toute une histoire
vivait déjà dans nos régions. » [[38759]],


nous les mécréants qui existions bien avant que des esprits malsains inventent l'image tutélaire de Dieu, cet instrument précieux pour assurer la domination que les riches imposent par mille moyens aux pauvres. C'est ce que disait le bon curé Meslier, qui en connaissait un bout sur la question, vu sa profession. [[5393]]




Bref, Marco Valdo M.I., mon ami, cette Église et cette religion, comme toutes les religions du reste, c'est un instrument, une mise en scène , tout un cinéma afin de tromper le pauvre peuple et le berner, une machine de propagande du système pour mener les pauvres comme un troupeau... C'est la Propaganda Abteilung des riches dans la Guerre de Cent Mille Ans. Ah, les bons pasteurs, fidèles servants des abattoirs... Ah, ce discours évangélique à l'usage des bénis... Ma, noi, non siamo cristiani... Et nous menons tranquillement notre petit bonhomme de chemin, tissant le linceul de ce vieux monde crédule, croyant, religieux, déiste, clérical et cacochyme.






Heureusement !






Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



On n'est pas des saints
Pour la béatitude
On n'a que Cinzano
Pauvres orphelins
On prie par habitude
Pour notre Pernod

Monsieur le curé
Se signe quand on passe
Comme s'il voyait
Le diable dans sa glace
Nous, on n' a rien dit
On n'est pas d'ici

Des boîtes à chansons
Que l'on nourrit d'oseille
Et d'accordéon
Et puis le patron
Qui montre sa bouteille
Pour des picaillons

Des clients par-ci
Qui arrosent leur peine
Des clients par-là
Qui boivent leur quinzaine
En zinc ou en bois
Au comptoir, on boit

On a le bras long
Le long de demoiselles
Qu'on met sur le dos
On fleurit le long
Le long de leurs dentelles
Qui font le gros lot

On se lève tard
Au soleil des caresses
Vers midi moins le quart
Juste après la grand-messe
On tire comme on peut
Le diable par la queue

Quand le beaujolais
Au Café du Commerce
Vide ses coteaux
Qu'on soit beau ou laid
Le soleil vous transperce
Comme un fin couteau

Si tu vis longtemps
C'est pas de Vichy-fraise
Mais d'un différent
Avec le Père Lachaise
Dans le zinc ou dans le bois
Un mort, ça boit pas !

On n'est pas des loups
Mais dans la bergerie
On file où ? Lonlaine
Pauvres manitous
On manie tout ce qui brille
Tout passe à la semaine

On est des chrétiens
Mais faut pas nous la faire
Sacré nom d'un tien
Vaut mieux que t'auras la paire
Chacun ses ennuis
On n'est pas d'ici

Ah ! Le joli son
Qui monte des bouteilles
Sonnant du bouchon
Comme un vieux clairon
Sur le champ des merveilles
Sonne du canon

C'est vers les midis
Que se gagnent les guerres
Quand on introduit
Le caporal Sancerre
Dans notre paradis
Qui n'est pas d'ici

Quand on sera des saints
On foutra tout, lonlaire
Ici, là ou là
On sera tous copains
Et dans le ministère
On fera la java, tiens !

Monsieur le curé
Entre deux vobiscums
Ira se rhabiller
À la façon des hommes
C'est ce qu'on lui dira
Quand on radinera

Quand on radinera.

ET MOI, J'Y SUIS

ET MOI, J'Y SUIS



Version française – ET MOI, J'Y SUIS – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – E io ci sto – Rino Gaetano – 1980
Texte et musique de Rino Gaetano
Album: "E io ci sto"









Ah, Lucien l'âne mon ami, cette canzone de Rino Gaetano, me plaît vraiment et même, pour plusieurs raisons. Bien évidemment, la canzone elle-même et son auteur, son interprète, bref, son chantauteur, puisqu'il s'agit d'une seule et même personne. Mais il en est d'autres...


Oh, oh..., dit Lucien l'âne en secouant son encolure comme s'il se mettait subitement à danser le rock... Et tu pourrais m'en dire de ces plusieurs raisons...


Certainement et je vais le faire à l'instant. Une de ces fortes raisons, c'est que cette chanson est en quelque sorte une d'évocation d'un des aspects de la Guerre de Cent Mille Ans, cette guerre que les riches font aux pauvres afin de maintenir leur domination, d'accroître leurs richesses, d'étendre leurs privilèges... Cette guerre quotidienne où chaque geste compte :

« Partout guerre clandestine,
Guerre guère anodine
Où tous les gestes comptent imperceptiblement
Où chacun choisit son camp
Rappelle-toi à tout moment
Si tu n'y prends garde, inconsciemment
À chaque instant, tu choisis ton camp. »

Et voici ce que dit Rino Gaetano :

« Mais moi, ma guerre, je veux la mener à sa fin 
Et coûte que coûte, il me faut la gagner.
On n'est pas des saints ! »



C'est d'elle qu'il parle et il a nettement choisi son camp, qui n'est pas celui des puissants...



Voilà bien une forte raison et je la comprends, dit l'âne Lucien en hochant la tête, que les oreilles accompagnent dans un mouvement de balancier. Mais tu en avais plusieurs, disais-tu...


Mais oui, Lucien l'âne mon ami, et si tu as tendu l'oreille, tu as certainement repéré la deuxième forte raison... C'est qu'il y a là comme de l'obstination de canuts tissant le linceul du vieux monde...


Évidemment ! Une autre encore... ?


Oui, bien sûr, en voici une autre... Elle nous touche très profondément... Et elle dit, du moins, dans ma version de langue française... « On n'est pas des saints ! ». C'est ce « On n'est pas des saints ! » qui me rappelle : « noi, non siamo cristiani, siamo somari », qui est une de nos devises. Et pour compléter le tableau, cet « On n'est pas des saints ! » est le titre d'une chanson de Léo Ferré, qu'il faudra bien mettre un de ces prochains jours parmi les Chansons contre la Guerre. Je t'en rappelle un petit morceau :


« On foutra tout, lonlaire
Ici, là ou là
On sera tous copains
Et dans le ministère
On fera la java, tiens ! »


Ce serait une bonne idée, dit Lucien l'âne en raclant le sol de son petit pied noi


Et puis, dernière raison et encore plus forte celle-là, puis, je m'arrêterai d'en exposer ; donc, Lucien l'âne mon ami, il y a encore une raison à mon con... Oui, mon contentement , comme disait Boby Lapointe dans Comprend qui peut, chanson qu'il faudra bien mettre ici, vu qu'il y est question du légionnaire et du sable chaud. Et la voici cette forte raison, qui nous vient de l'enfance et des lectures passionnées de l'adolescence. Je t'explique : Rino Gaetano a intitulé sa chanson : Io ci sto...


Et il a bien eu raison, dit Lucien l'âne en riant sous cape...



J'y suis 
Épitaphe de Philippe de Nevers



Lucien l'âne mon ami, il ne faut pas m'interrompre, car après, je ne sais plus où j'en suis et je raconte n'importe quoi. Donc, Rino Gaetano a intitulé sa chanson : Io ci sto... et sans réfléchir, car la chose est évidente, j'ai naturellement traduit ce titre par : « J'y suis ! ». Je t'assure que c'est venu comme ça, tout à trac. Ce n'est qu'en en cherchant la raison, là tout de suite, car on aurait pu traduire différemment : par exemple, Me voilà ou Je suis là ou Pour moi, je suis d'accord... que j'ai soudain compris... « J'y suis ! », c'est la devise du jeune duc de Nevers lâchement assassiné et que Lagardère, un brave Gascon, sous l'apparence du Bossu, va finalement venger ... Ces aventures ont tenu en haleine bien des gens depuis plus d'un siècle et demi. D'ailleurs, il y eut des suites jusqu’à la troisième génération que je me promets de lire in extenso...Cela dit, la chanson qui est pleine d'illusions se termine en reprenant intégralement l'illusion des illusions qui illusionne tant les hommes, celle que Verlaine immortalisa dans son Rêve familier...
Le voici de mémoire :

« Mon rêve familier



Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues. »



Sublime... ce poème de Verlaine..., dit Lucien l'âne encore sous le charme. Mais en attendant, mon bon ami Marco Valdo M.I., recommençons à tisser le linceul de ce monde peuplé de fourbes, de sournois, de lâches, de traîtres et cacochyme.




Heureusement !




Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Je me lève au matin avec une nouvelle illusion
Je prends le 109 pour la révolution,
Et je suis satisfait
Un peu sage un peu distrait
Je pense que dans vingt ans
Finiront mes errements

À y repenser, aussitôt
Je regarde là et ici
Et je suis seul dans la vie
Au fond, il est beau
Mon âge à moi et moi, j'y suis

On dit qu'en Amérique, tout est riche, tout est neuf
On peut monter en téléphérique
Sur les gratteciels et se faire cuire un œuf
Moi, je cherche du rock, de la musique
Je cherche une bannière différente
Sans sang et toujours pimpante

À y repenser, aussitôt
Je regarde là et ici
Et je suis seul dans la vie
Au fond, il est beau
Mon village à moi et moi, j'y suis

On dit à la radio, à la télévision
« Soyez calmes et soyez bons
Pas d’histoires, pas de chambard, soyez modérés »
Mais moi, ma guerre, je veux la mener à sa fin
Et coûte que coûte, il me faut la gagner.
On n'est pas des saints !

À y repenser, aussitôt
Je regarde là et ici
Et je suis seul dans la vie
Au fond, il est beau
Mon combat à moi et moi, j'y suis

Je cherche une femme qui m'émerveille
Qui me sourie à mon réveil
Qui soit belle comme le jour
Intelligente et folle d'amour.

Au fond, elle est belle
Ma femme à moi et moi, j'y suis !

Au fond, elle est belle
Ma femme à moi et moi, j'y suis !

mardi 28 janvier 2014

MURS SECS


MURS SECS


Version française – MURS SECS – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Muri a secco – Riccardo Venturi – 2009
Texte de Riccardo Venturi
Paroles et musique du prolétariat, quand il y en aura.



Mon bisaïeul maternel, Menotti Dini, était né le jour où était mort Giuseppe Garibaldi : le 2 juin 1882. Son père était expert dans l'art de fabriquer les murs à sec pour les vignes en terrasse où on faisait le vin aleatico [http://fr.wikipedia.org/wiki/Aleatico] ; et ces vignes veulent un terrain sec comme les murs, pietraie (cailloutis), et de l'air. Les meilleurs étaient sur le Seccheto, qui le nom dit déjà tout, sur le Cavoli, sur le Pomonte et le Chiessi ; et ceux encore meilleurs étaient les plus en hauteur. Il fallait prendre des sentiers raides à pic et monter jusqu'à six ou sept cents mètres.

Les enfants étaient précieux pour ce travail. Agiles, petits, avec les doigts qui s'enfilaient dans les crevasses. Quand il eut cinq ans et demi, mon aïeul dut aller travailler avec son père, à faire les murs secs. Nous sommes à l'Île d'Elbe autour de 1888, l'année où naquit celle qui ensuite serait sa femme, mon aïeule Giuseppa Dini. À Marina di Campo, ils s'appelaient presque tous Dini. Ou bien Danesi, ou bien Ditel. Un ancien nom français qui était resté peut-être comme empêtré dans ce coin. Pas d'école pour mon aïeul. Il apprit à lire et à écrire durant les trois ans qu'il passat sous les armes, à dix-huit ans.

Une vie d'enfant passée à se tuer de fatigue, et sans le sou. Les sous, seul le père en ramenait et ils devaient suffire pour toute la famille. Peu. Moins que rien. Dans les bonnes périodes pour faire les murs, il n'existait même pas de dimanches, ni de repos. Les bonnes périodes étaient celles où il faisait le plus chaud et il ne pleuvait pas ; il devait pleuvoir après, car les murs secs tiennent ensemble par l'encastrement parfait des pierres et de la terre qui se met entre. Lorsqu'il pleut, dans la terre croissent les plantes qui cimentent le mur. Maintenant, je crois, plus personne ne sait les faire ; mais bien faits, ils durent des siècles.

Ils partaient à l'aube, et ce n'était pas un réveil avec des mots gentils et des caresses. En bas du lit ; et pour se donner de la force, le petit déjeuner des hommes. Du pain trempé dans le vin fort. À six ans. Le mulet chargé de pierres et eux à pied, l'homme de trente ans et l'homme de six. Des kilomètres, dont les derniers à grimper une côte raide à faire peur.

Rater un encastrement voulait dire démolir le mur et le recommencer du début. C'était le désespoir. Si l'enfant se trompait, la leçon était donnée à coups de pied dans le cul et des coups sauvages ; ainsi il ne se trompait plus. Si le père se trompait, les coups sauvages, il se les donnait tout seul, à lui-même. Il prenait un caillou et il se tapait sur la tête, et l'enfant regardait.

Arrivaient les dix-huit ans et le moment d'aller au service militaire ; pour tous, c'était un soulagement. La période durait trois ans, mais la fatigue et la discipline du service n'étaient probablement rien en comparaison de ce qu'ils avaient connu enfants. Pour cela, ils étaient contents. Ils allaient voir le monde au-delà de l'île. Ils mangeraient. Il y en avait qui y voyaient un morceau de viande pour la première fois de leur vie. Ils apprenaient à lire et à écrire, s'ils le voulaient. Il y avait, certes, l'inconvénient de devoir aller mourir à la guerre, mais à mon bisaïeul, ça n'arriva pas pour des raisons que j'ignore. Cela arriva ensuite à un de ses fils, qui s'appelaient Mamiliano, lors d'une autre guerre. Mamiliano ne savait même pas comment on faisait les murs secs, et mon bisaieul ne voulut ensuite plus le voir. Durant toute la vie, il fut pêcheur. Je ne l'ai jamais connu ; il est mort l'année avant que je naisse.

On l'appelle « mémoire d'homme ». Ça veut dire avoir entendu raconter des histoires de la voix de celui qui les a vécues, ou qui les a à son tour entendues directement. Ma bisaïeule, Dini Giuseppa, née en 1888 comme j'ai dit, les avait entendues de son mari. Son mari était cet enfant qui faisait les murs secs. Elle la racontait toujours cette histoire des murs à sec, du réveil à l'aube, du petit déjeuner au pain et au vin, du mulet et des coups de pied. J'ai eu le temps de l'écouter, avant qu'elle ne meure d'un coup le 4 Juillet 1968. J'avais cinq ans. Personne ne me réveillait pour me dire d'aller travailler. Le petit déjeuner, je le faisais avec le lait et les biscuits. Moi, je recevais une claque si je faisais des espiègleries, mais pas car je me trompais quand j'insérais une pierre dans le mur

Je ne sais pas si je serai la dernière partie de la mémoire d'homme, pour cette histoire-là. N'ayant pas d'enfant, c'est probable. La mémoire faut se la dire, pas l'écrire ; ce que je fais est un artifice qui ne vaut pas tant. Je n'aurais sûrement pas été un bon père. Je n'ai pas de grands instincts paternels. Cependant, une chose pour laquelle il me déplaît de ne pas avoir d'enfant, c'est de ne pas pouvoir les lui passer oralement, ces histoires. Mais peut-être, ça ne l'aurait pas du tout intéressé.

Il y a eu des enfants qui ne l'ont jamais été. La pauvreté les réveillait à l'aube, hurlait et mettait le vin dans la tasse. Il y en a encore, dans mille parties du monde, et sans même le vin. [R.V.]

Dédié à Lucien Lane, à Marco Valdo et à tous les ânes de ce site



Il m'est arrivé, dans ce site, de raconter parfois des histoires de ma famille, ou bien entendues raconter par ma mère et par ma tante. Les ânes n'y sont pas rares.

Un soir, il y a peu, ma mère a eu l'envie de tirer une vieille photographie d'un tiroir ; et elle est apparue celle qu'on voit ci-dessus.

Île d'Elbe, année 1948. En plein été sur un sentier très raide quelque part au-dessus d'une plage déserte. Il faut tous se couvrir la tête, le soleil n'est pas une petite plaisanterie dans des caillasses.

À gauche : ma grand-mère, Maria, née le 19 avril 1911 à Marina di Campo. Auprès d'elle, une enfant dont ma mère ne se rappelle pas qui c'est. L'enfant a la tête découverte.

Ensuite ma tante Clara, née le 14 août 1927 Marina di Campo. Auprès d'elle, très grande, ma mère Luciana, née à Portoferraio le 16 octobre 1933. Sur la photo, elle a 15 ans

À droite, l'âne de famille, nommé Gustavo. Toutes les familles avaient un ou plusieurs ânes ; même lui, à juste titre, porte son bon canotier. Et malgré la montée, personne ne le monte. Même pas l'enfant. Elles l'avaient emmené avec elles pour prendre un bain, comme membre de la famille.

Je suis très fier de venir de ce monde disparu.

Salut.


Riccardo Venturi





Il y a déjà un bon bout de temps que j'avais mis de côté cette canzone de Riccardo Venturi, dans ma grande armoire électronique appelée « À faire »... Car comme tu le sais, comme tu le vois, en ne tenant compte que des Chansons contre la Guerre, il y en a des choses à faire, à traduire. Et une chose entraînant l'autre, un jour prenant la place de l'autre, tout s'éloigne doucement dans le temps et l'armoire se remplit de ce qui n'a pas pu être fait et qu'on fera demain, plus tard, quand il n'y aura rien d'autre en cours. Donc, j'avais envoyé, plein de bonne volonté, cette chanson sur une voie de garage. Elle attendait son tour dans un brouillard de plus en plus profond. Mais heureusement, Riccardo l'a relancée dans le jeu infini des CCG, grâce à un commentaire d'une très intéressante photo où l'on découvre une partie de sa famille, avant même sa naissance. Une photo historique, en quelque sorte. Tu imagines : sa grand-mère, sa tante, sa mère, une enfant et Gustavo... Mais ce n'est pas tout, il nous la dédie cette chanson... Oui, à toi et à moi...


Mais c'est superbe... Une chanson pour nous..., dit Lucien l'âne en agitant les oreilles tout réjoui. Il te faut donc la traduire et de plus, le faire bien...


Mais, Lucien l'âne mon ami, tu as parfaitement compris... Cependant, il y a une chose que je voudrais dire, c'est que je n'aurai aucune difficulté à en faire une bonne traduction, car le texte de Riccardo est vraiment très réussi... Enfin, je suis un peu optimiste, car rien ne dit que je réussirai à faire aussi bien qu'il pourrait le souhaiter... Et sans vouloir lui lancer des fleurs, autrement dit en disant exactement ce que j'en pense, c'est une excellente canzone... Tiens, elle m'a fait penser à certains textes de Rocco Scotellaro, pour lequel tu sais que j'entretiens une certaine admiration et je ne suis pas le seul. D'ailleurs, cela me fait penser qu'il faudrait aussi en faire connaître plus ici dans les CCG des poèmes de Rocco.


Houla, tu places la barre bien haut. Moi, je serais Riccardo, je ne saurais plus trop comment me mettre. Si, si, ce n'est pas rien et moi, en tous cas, j'en serais fort aise... Mais parle-moi un peu de la canzone elle-même.


Tu vois, Lucien l'âne mon ami, cette canzone dit combien les ânes et les hommes (les pauvres, bien entendu – Noi, non siamo cristiani, siamo somari) ont des destins semblables et des œuvres communes. Ce peut être de mouliner le blé ou n'importe quoi, de porter de lourdes charges, de faire de périlleux transports. Et elle dit aussi combien ils sont mêlés dans leur existence ; du moins, dans les civilisations paysannes. Et tu apprendras – mais c'est dans ses commentaires Riccardo l'évoque – que dans sa famille, l' âne – en l'occurrence, Gustavo – était considéré comme un membre à part entière ; au point de l'emmener à la plage pour prendre un bain avec les dames..C'est la photo du commentaire...


Alors, ça, c'était une belle vie d'âne, dit Lucien.


Pour revenir un instant à la canzone, elle évoque la dureté des conditions de vie sur l'île d'Elbe, il y a un demi-siècle et plus et de ce difficile et éreintant métier de ceux qui faisaient les murs à sec ou murs secs, comme on dit en France. Ce mur sec, c'est celui qui est façonné de pierres encastrées, qui tiennent les unes sur les autres ; ce genre de murs qui bordent les champs en terrasse ou qui soutiennent les vignes sur les versants pentus. Ils ont servi aussi à faire bien d'autres choses, évidemment. Le principe consiste pour ces murs secs à les mouiller après les avoir farcis de terre. Autrement dit, le mur sec a besoin d'eau... Il faut le tremper, tout entier. Pour que s'y glissent mille racines, ce qui est le secret de leur résistance aux intempéries et à l'usure du temps.


Si tu crois que je ne le sais pas... J'en ai fait de ces murs-là... Je suis un âne quand même et puis, j'en ai vus tellement. Il y en a partout dans le monde. Mais assurément, c'est du solide. Enfin, car il faut bien conclure, nous qui ne connaissons plus pareilles conditions, il nous revient de tisser le linceul de ce vieux monde encore rongé par l'avidité, l'ambition, l'argent, l'ardeur guerrière et en bref, borné, brutal et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




À l'aube, aucun coq ne chantait
Il n'y avait ni caresses ni lait.
Juste un hurlement, un commandement :
Au travail, en avant !

Au matin, pas d'école
Il fallait grimper
Le mulet portait les pierres
Les hommes allaient à pied.

Debout, réveille-toi, faut y aller,
La tasse, le pain et le vin.
Sur le chemin escarpé
On ne disait rien.

Le père a les souliers foutus
Le fils va pieds nus
Le soleil monte implacable
L'âne avance imperturbable.

On croise des autres qui marchent,
Un signe, un salut en silence.
Et puis, on commence à monter,
Au sommet, à peine arrivés.

Il faut encastrer les pierres
Y mettre aussi la terre.
Le mur sec, il faut bien le tremper
Les plantes doivent s'y attacher.

Les plantes cimentent le mur
Le mur dur toujours dure.
Les pierres ne sont pas égales,
On les gratte aux autres pierres.

La terre doit être trempée
Et il y a peu d'eau à boire.
Le soleil est déjà haut, faut manger
En silence, un bout de pain noir.

On ne peut se reposer
La vigne s'impatiente.
Une pierre mal posée
Il faut tout refaire.

Si le père se trompe, jurons,
Il se tape la pierre sur la tête.
Si le fils se trompe, jurons,
Il lui tape la pierre sur la tête.

Et vient le soir et on rentre,
Fatigue, et puis faim, et fatigue
À la maison, les femmes attendent la fin
D'un jour de faim, de fatigue, et de faim.

On mange la soupe, la même
Et le lit pas la peine de le faire.
Le sommeil est sans rêve
À l'aube, un cri, un ordre.

Debout, il faut y aller, c'est le matin
La tasse avec le pain et le vin.
On grimpe le chemin
Et on ne dit rien.