lundi 16 septembre 2013

FERME LA PORTE, PETIT

FERME LA PORTE, PETIT



Version française – FERME LA PORTE, PETIT – Marco Valdo M.I. – 2013
d'après la version italienne FRATELLINO, CHIUDI LA PORTA de Stanislava
d'une chanson tchèque de Karel Kryl : Bratříčku, zavírej vrátka – 1968




Exil
(ici, celui des Républicains espagnols...)





Le répertoire de Karel Kryl n'est pas encore épuisé. Je voudrais ajouter aussi cette chanson qui à mon avis, est parmi ses chansons les plus touchantes. Le contexte est toujours celui de l'invasion de (la Tchécoslovaquie par les troupes « amies » du pacte de Varsovie) 1968. ...



Est-ce le chant d'exil ? Le chemin tortueux de la longue nuit de l'exil de nombre de jeunes (et moins jeunes) Tchécoslovaques... Te souviens-tu de Miluška ? Et pour la quantième fois dans le siècle, la quantième fois dans leur histoire ?


Oh, dit Lucien l'âne, on ne les compte plus ces envahisseurs et ces touristes d'un temps ou d'un autre. Les derniers en date étaient les Autrichiens, les Allemands, les Russes... Et à présent, les touristes et les investisseurs... Je me demande d'ailleurs si ce ne sont pas les pires... je veux dire, si on n'assiste pas là et ailleurs à une colonisation d'un nouveau genre (le genre « européen » et « libéral »), à cette domination par la paix et la « liberté obligatoire » dont on parlait l'autre jour. D'ailleurs, les Tchèques, les Slovaques comme les Allemands, les Polonais, les Hongrois, les Grecs, les Bulgares, les Roumains, les Espagnols, les Portugais, les Italiens, etc (je parle des pauvres évidemment) commencent à subir les effets de cette nouvelle forme de servage salarié, instauré au nom de et au profit de la « paix ».


Tu as touché juste... Je me souviens du temps où on marchait dans les rues en criant « Guerre à la guerre ! » . C'était limpide, c'était clair. Mais comment faire quand il faut faire la guerre à la paix, sans faire la guerre... ?


Comment combattre la paix ? En fait, il faut replacer cette idée dans le contexte de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres où la paix n'est qu'une des phases de la guerre toujours en cours, une sorte de temps mort dans le grand combat du temps... Un temps mort où se taisent les armes, où les armées fonctionnelles rentrent dans leurs casernes et n'encombrent plus les routes et les rues, où provisoirement les uniformes ne servent qu'à la parade. C'est une sorte de mirage et comme tu peux le constater, la guerre militaire n'est jamais bien loin ; elle rampe sur la surface de la terre depuis si longtemps et dans un certain sens, elle est consubstantielle à la richesse. De toute façon, si les armées sont dans leurs casernes, les forces de maintien de l'ordre sont toujours actives. J'arrête ici pour aujourd'hui. Nous y reviendrons.


Je le pense bien. En attendant reprenons notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde malade de la paix, empêtré dans son gigantesque mensonge pacifique, malade de son avidité, épuisé par ses ambitions, rongé par sa recherche frénétique du profit, pourri par ses richesses et dès lors, cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane









Petit, ne pleure pas !
Ce ne sont pas des monstres effrayants
Maintenant tu es grand…
Ce sont seulement des soldats.
Ils sont arrivés dans leurs mécaniques
Aux formes cubiques.

Avec une larme à la paupière
Nous nous regardons mutuellement.
Petit, reste près de moi
Je suis préoccupé pour toi.
Sur les sentiers tortueux,
Petit avec tes petites chaussures…

Il pleut ; dehors, le soir tombe.
Cette nuit ne sera pas brève.
Au loup, l'envie d'un agneau est venue
Petit, as-tu fermé la porte ?

Petit, ne pleure pas,
Ne gâche pas tes larmes.
Repousse les outrages
Épargne tes forces.
Et ne me jette pas la pierre
Si nous n'arrivons pas.

Apprends la chanson,
Ce n'est pas si difficile.
Appuie-toi, petit,
Le sentier est détruit.
C'est très dangereux
Mais nous ne pouvons plus retourner.


Il pleut ; dehors, le soir tombe.
Cette nuit ne sera pas brève.
Au loup l'envie d'un agneau est venue
Petit, ferme la porte !
Ferme bien la porte !