GALILÉE

Version française — GALILÉE — Marco Valdo M.I. — 2023

Chanson italienne — Galileo — Edoardo Bennato — 1998

GALILÉE FACE À L’INQUISITION

Joseph-Nicolas Robert-Fleury — 1847

Petit Dialogue Maïeutique

Lucien l’âne mon ami, j’espère que tu sais qui était Galilée.

Oh, dit Lucien l’âne, pour moi, si je me souviens bien de ce que j’en ai entendu à l’époque déjà, ce fut un grand savant et aussi, le bruit courait qu’il eut de solides démêlés avec l’Inquisition qui n’appréciait pas trop ses explications du monde dont on racontait qu’elles étaient fondées sur l’observation de la réalité et non sur les affirmations de la Bible et des théologiens.

Ah, je vois que tu t’en souviens bien, répond Marco Valdo M.I. et que tu as en quelques mots réglé cette affaire que d’aucuns ont tendance à embrouiller pour préserver la place centrale de la divinité et les intérêts de leur Église. La seule chose à en dire est que Galilée à l’instar de bien des chercheurs et savants de ces temps anciens, et d’ailleurs, il se fait que pareil sort attend de tous les gens — hommes, femmes et enfants — qui ont (eu) le malheur de vivre dans un monde religieux. On lui mit un bâillon sur ses découvertes comme on mettait une feuille de vigne sur les statues. Les feuilles de vigne finissent par se faner et s’envoler tout comme les bâillons glissent sur les mentons avant d’être jetés aux poubelles.

Je sais, dit Lucien l’âne, on le força à abjurer et particulièrement, à rejeter publiquement son héliocentrisme, à nier sa conviction que la Terre tourne autour du Soleil et à affirmer l’inverse de la réalité. C’est ainsi qu’on l’obligea à faire tourner le Soleil autour de la Terre conformément à l’idéologie en place. On raconte cependant qu’il aurait déclaré « E pur si muove ! » — « Et pourtant elle tourne ! ».

C’est sans doute une déclaration vengeresse, dit Marco Valdo M.I., et s’il ne l’a pas dite vocalement — par prudence face à la prison et au bûcher, il l’a pensée tellement fort qu’on l’entend encore.

Oui, dit Lucien l’âne, dans ces lieux de chez nous ou d’ailleurs et ces temps de ce temps-là ou d’aujourd’hui, il s’agit de feindre la croyance et l’observance et de pratiquer férocement l’obéissance et la soumission ; il en va de même dans les pays où l’on édifie des villages Potemkine, en Zinovie par exemple, mais la réalité finit toujours par ressortir de l’ombre. Quelle horreur cependant de passer sa vie à étouffer sa conscience ou museler son intelligence ; la peste soit des religieux — de tous les genres, de tous les temps et de tous les lieux ; ainsi soit-il. Quant à nous deux, qui pour devise avons « Ne jamais se soumettre », tissons le linceul de ce vieux monde religieux, croyant, crédule et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

Je déclare la Terre immobile

Juste là au centre

De l’Univers et que

Le Soleil tourne autour d’elle

La poursuivant sur son chemin.

Si cela vous convient

C’est très bien.

J’abjure ma théorie,

Je maudis la grande erreur de ma vie,

Et remercie la Sainte Inquisition

Qui m’a sauvé de l’excommunication.

Si cela vous convient

C’est très bien.

À dire la vérité, il y a deux vérités :

Celle qu’il nous faut répéter

Ou celle que personne ne dira :

La vérité qui ne convient pas.

Si un mensonge éhonté

Peut nous rendre heureux,

Même si vous connaissez la vérité,

Ne pas la dire vaut mieux.

Si cela vous convient

C’est très bien.

Après avoir compris les étoiles et en avoir rêvé,

Et découvert cette loi qui les fait voyager,

Moi, Galilée, devant le monde entier,

Je suis contraint d’abjurer

À dire la vérité, il y a deux vérités :

Celle qu’il nous faut répéter

Ou celle que personne ne dira,

La vérité qui ne convient pas.

Moi, Galilée, pour me sauver

Je suis contraint d’abjurer,

En tant que vrai professeur,

Je ne renie pas mon erreur.

Aussi vrai qu’il est vrai que je suis Galilée

Dans votre procession, vous ne m’aurez pas

Mais aussi vrai qu’il est vrai que je suis Galilée,

Vous ne m’aurez pas.