mercredi 30 décembre 2015

Le Bulletin De Santé


Le Bulletin De Santé

Chanson française – Le Bulletin De Santé – Georges Brassens – 1966



Ne dites pas: "C’est tonton Georges qui expire"



L’autre jour, mon cher Lucien l’âne, mon ami, j’avais proposé une chanson de Francesco Guccini, une chanson qui curieusement était absente du site des Chansons contre la Guerre… Enfin quand je dis curieusement, nous nous comprenons. Ça n’a rien d’étrange, car il y a beaucoup plus de chansons qui ne sont pas dans ce site que le contraire. Et puis, bien que ce site soit très mondial, il n’en est pas pour autant une multinationale et c’est déjà « extraordinaire » (au sans premier du terme : qui sort de l’ordinaire) qu’un tel site existe et perdure ; et encore plus quand on sait qu’il est fait par des bénévoles et qu’il est le fait d’une petite équipe héroïque, essentiellement italienne.

J’opine, dit Lucien l’âne en riant. J’opine complètement, car moi aussi, je suis très admiratif de ce qui est fait par l’ « Antiwarsongs staff ». Et comme la chanson s’intitule « Le Bulletin de Santé », j’en profite pour dire qu’il me semble en tant qu’âne que le site se porte bien. Ce qui me réjouit hautement.

Je reprends à partir de la canzone de Francesco Guccini qui disait : « J’ai encore la force », mais en italien : « Ho ancora la forza » [[51228]]. Dans notre dialogue quasi-socratique, façon de parler, j’avais évoqué cette chanson de Tonton Georges. Parenthèse : c’est dans cette chanson-ci qu’il (Georges Brassens) se désigne lui-même par cette locution : « Tonton Georges ». Je cite le quatrain :

« Et si vous entendez sourdre, à travers les plinthes
Du boudoir de ces dames, des râles et des plaintes,
Ne dites pas : « C’est tonton Georges qui expire »,
Ce sont tout simplement les anges qui soupirent. »


À elle seule, cette citation valait d’insérer la chanson. Et tant qu’on y est, outre tout ce qui fut dit à propos de celle de Guccini, raisons sur lesquelles on peut revenir, n’aurais-tu pas une bonne raison pour justifier la présence de cette chanson dans les Chansons contre la Guerre ?


Eh bien, si. J’en ai une et elle figure dans le texte de la chanson elle-même.
« Et si vous entendez crier comme en quatorze :
« Debout ! Debout les morts ! », ne bombez pas le torse,
C’est l’épouse exaltée d’un rédacteur en chef
Qui m’incite à monter à l’assaut derechef. »

Voici donc un passage où il est nettement question de guerre et de la façon qu’ont les « bonobos » d’en sortir.


D’accord, dit l’âne Lucien en se trémoussant de rire. Fameuse manière que celle des bonobos de mettre fin aux conflits. D’ailleurs, elle est souvent utilisée dans les ménages ; et même, chez les ânes et les ânesses, je l’admets. Cependant, je ris, car j’ai soudain la vision d’une partouze mondiale pour mettre fin à la guerre. Il faudrait qu’on se dépêche, car comme ce sera déjà bien compliqué à sept milliards, que sera-ce demain, à neuf milliards ? Je n’ose imaginer plus tard encore au temps du « only stand up » imaginé par un démographe statisticien. Et si en plus, on crie « Debout ! Debout les morts ! ». Ah, vous les humains, vous me faites bien rire.


Tu ris, tu ris, mais c’est ce qui est prévu lors du Jugement Dernier… Tout le monde est réveillé. Imagine le mari assassin se retrouvant en présence de sa femme et de sa maîtresse ou de ses femmes et de ses maîtresses. Fameux jugement en perspective. Allons, Lucien l’âne, pense un instant à Ménélas retrouvant Hélène et Pâris ou à Henry VIII, ses épouses avec ou sans tête…


Et ce pauvre Landru… Comment s’en sortira-t-il, ce vieux séducteur tout feu tout flamme ? Mais tout ça, nous éloigne de la chanson. Que raconte-t-elle vraiment ?



Oh, l’affaire est simple. La presse (en 1965, par là) avait remarqué que Tonton Georges avait subitement maigri et avait lancé la rumeur qu’il souffrait d’un mal incurable qui devait l’emporter rapidement. Il le rejoindra, mais quinze ans plus tard. Et Tonton Georges de répliquer par cette chanson. Sur un mode où l’acide ironique coule à gros bouillons et tant qu’à prouver sa santé autant le faire avec virilité – dérision de la dérision. Pour le reste, comprenne qui pourra.



On y pourvoira, dit Lucien l’âne en balançant des épaules. En attendant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde cancanier, malveillant, rancunier et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




J’ai perdu mes bajoues, j’ai perdu ma bedaine,
Et, ce, d’une façon si nette, si soudaine,
Qu’on me suppose un mal qui ne pardonne pas,
Qui se rit d’Esculape et le laisse baba.

Le monstre du Loch Ness ne faisant plus recette,
Durant les moments creux dans certaines gazettes,
Systématiquement, les nécrologues jouent
À me mettre au linceul sous des feuilles de chou.

Or, lassé de servir de tête de massacre,
Des contes à mourir debout qu’on me consacre,
Moi qui me porte bien, qui respire la santé,
Je m’avance et je crie toute la vérité.

Toute la vérité, messieurs, je vous la livre :
Si j’ai quitté les rangs des plus de deux cents livres,
C’est la faute à Mimi, à Lisette, à Ninon,
Et bien d’autres, je n’ai pas la mémoire des noms.

Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
C’est que je baise, que je baise, que je baise
Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute,
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !

Qu’on me comprenne bien, j’ai l’âme du satyre
Et son comportement, mais ça ne veut point dire
Que j’en ai le talent, le génie, loin s’en faut !
Pas une seule encore ne m’a crié « bravo ! »

Entre autres fines fleurs, je compte, sur ma liste
Rose, un bon nombre de femmes de journalistes
Qui, me pensant fichu, mettent toute leur foi
À me donner du bonheur une dernière fois.

C’est beau, c’est généreux, c’est grand, c’est magnifique !
Et, dans les positions les plus pornographiques,
Je leur rends les honneurs à fesses rabattues
Sur des tas de bouillons, des paquets d’invendus.

Et voilà ce qui fait que, quand vos légitimes
Montrent leurs fesses au peuple ainsi qu’à vos intimes,
On peut souvent y lire, imprimés à l’envers,
Les échos, les petits potins, les faits divers.

Et si vous entendez sourdre, à travers les plinthes
Du boudoir de ces dames, des râles et des plaintes,
Ne dites pas: "C’est tonton Georges qui expire",
Ce sont tout simplement les anges qui soupirent.

Et si vous entendez crier comme en quatorze:
« Debout ! Debout les morts ! », ne bombez pas le torse,
C’est l’épouse exaltée d’un rédacteur en chef
Qui m’incite à monter à l’assaut derechef.

Certes, il m’arrive bien, revers de la médaille,
De laisser quelquefois des plumes à la bataille…
Hippocrate dit: « Oui, c’est des crêtes de coq »,
Et Gallien répond « Non, c’est des gonocoques… »

Tous les deux ont raison. Vénus parfois vous donne
De méchants coups de pied qu’un bon chrétien pardonne,
Car, s’ils causent du tort aux attributs virils,
Ils mettent rarement l’existence en péril.

Eh bien, oui, j’ai tout ça, rançon de mes fredaines.
La barque pour Cythère est mise en quarantaine.
Mais je n’ai pas encore, non, non, non, trois fois non,
Ce mal mystérieux dont on cache le nom.

Si j’ai trahi les gros, les joufflus, les obèses,
C’est que je baise, que je baise, que je baise
Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute,
Je suis hanté : le rut, le rut, le rut, le rut !

Noël est à nous

Noël est à nous

(Cantate de Noël – Chant du solstice d’hiver)

Chanson de langue française – Noël est à nous (Cantate de Noël – Chant du solstice d’hiver) – Marco Valdo M.I. – 2012



Noël, c’est le Nouvel an de chez nous
Au solstice, la nuit rebrousse chemin





Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, voilà-t-il pas que tu chantes Noël à présent… Tu te mets à composer des cantates… J’en suis bien surpris…

Allons, Lucien l’âne mon ami, toi qui circules partout depuis si longtemps, que peux-tu bien trouver de si surprenant à ce que je fasse une cantate sur le thème de Noël. Nous sommes à la fin décembre, que je sache. C’est le début de l’hiver, c’est le moment où les jours sont les plus courts, la nuit la plus longue et où tout va basculer insensiblement. On fête ça depuis toujours ici, aussi loin que tu remontes dans le temps et dans des temps prébibliques, du temps de ces préadamites dont parlait le Duc d’Auge à son chapelain.


Ah, dit l’âne Lucien un peu interloqué. Tu connais aussi le Duc d’Auge et son chapelain… Tu m’en vois fort surpris. Je les avais accompagnés dans le temps entre Lascaux et Altamira où le Duc faisait découvrir à son chapelain les peintures rupestres datant d’avant la création de l’homme selon la Bible. Le chapelain ne savait plus où il en était avec son Paradis et son Enfer, avec son Adam et sa côtelette. Et en effet, le Duc aimait beaucoup évoquer les Préadamites et cela faisait enrager le chapelain. Mais au fait, peut-être, connais-tu Cidrolin ?


Évidemment, mon ami Lucien l’âne. Je connais bien le dénommé Cidrolin et son goût prononcé pour l’essence de fenouil à l’eau plate. Mais, excuse-moi, ce n’est pas le sujet de la chanson. J’y viens donc. Ce n’est pas que j’aie l’instinct propriétaire, ni le goût de l’accaparement, mais j’aime la vérité et je n’aime pas que l’on trompe sciemment les gens. La chose me fâche et d’autant plus, si elle dure longtemps. Et la vérité ici, c’est qu’il y a eu une manipulation du calendrier pour déplacer la grande fête hivernale qui en bonne logique coïncide avec le solstice afin d’en faire une fête de propagande religieuse.


Ah, dit l’âne Lucien un peu interloqué. Tu serais donc fâché…


Et comment donc Ça fait près de deux mille ans que ça dure et je dis assez, basta ! Je dis assez de clowneries, assez de menteries, assez de mensonges, halte à l’escroquerie. Halte au vol de Noël par certaine confrérie ecclésiastique. Ces gens se sont emparé de Noël pour en faire leurs choux gras, ils l’ont détourné de son sens originel pour remplir leurs chapelles et meubler leurs discours de réclame religieuse. Mais, Lucien mon ami l’âne, toi qui viens des temps anciens, tu le sais bien que Noël est une fête populaire, une fête pour tout dire, laïque – de laios qui en grec doit bien vouloir dire le peuple, les gens. Noël n’a que faire de l’Orient, Noël n’est pas né en Palestine, c’est évident. Il fallait être assez au Nord pour imaginer le sapin, la neige et vénérer le solstice pareillement. Avant même l’arrivée des Romains (disons même clairement l’invasion), les druides – saints hommes de ce moment – coupaient le gui, coupaient le houx et bien entendu, fêtaient Noël en Finlande comme dans le Morbihan. Telle était l’Europe, à ce moment ; telles sont ses racines. Il est temps de remettre les pendules à l’heure, crois-moi.


Certes, et je me souviens qu’en Gaule et bien avant qu’elle ne s’appelle ainsi, du temps de Cro-Magnon, à Lascaux, à Altamira, on fêtait Noël, on se rassemblait, on faisait un grand festin autour d’un feu de bois et chacun apportait un cadeau, généralement de la nourriture, car c’était ce qu’il y avait de plus précieux au milieu de l’hiver. Pour la viande et le poisson, c’était assez facile de s’en procurer… Mais les légumes et les fruits, enfin tout ce qui pouvait accompagner ce morceau de renne, de caribou, d’auroch, de volatile ou de poisson, tout cela était chose rare, précieuse, car on était au moment de plus grande pénurie. On chantait, on se regroupait, on se rassurait. C’est ainsi que, plus tard, quand il y eut des maisons, des cabanes, des habitations, les animaux domestiques furent les bienvenus ;d’ailleurs, ils vivaient dans le même habitat et souvent, comme des radiateurs, tenaient les gens au chaud. C’est ainsi que j’ai souvent passé des nuits avec la vache auprès de la litière où la famille mettait à dormir le petit enfant. C’était la coutume chez les paysans. Quant au Père Noël et aux rennes tractant son traîneau dans le ciel, c’est pure allégorie… Cependant, une chose est sûre, il n’y eut jamais de rennes au Moyen-Orient… Dès lors, tu as raison, Noël est bien une invention d’ici, une coutume de nos pays où l’hiver est rude, les jours très courts et les nuits très longues. Mais quand même, pour ne pas le laisser filer, pour le reprendre aux imposteurs, pour nous le réapproprier, chantons Noël et son beau sapin, son Père Noël, son traîneau et ses rennes; si on peut faisons un festin et offrons des cadeaux (oh, modestes, sûrement modestes) et tissons le linceul de ce vieux monde croyant, crédule, dupé et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

  


C’est la Noël, c’est la Noël
Chantons Noël à pleine voix
C’est la Noël, c’est la Noël
Chantons Noël et reprenons nos droits
Noël est à nous, Noël est à nous
Noël, c’est le nouvel an de chez nous

Noël, c’est ici qu’on l’a inventé
Noël n’est pas ce spectacle importé
De je ne sais quel Orient
Il y a à peine deux mille ans
Par je ne sais quels propagandistes
D’un consortium monothéiste
Ils ont occulté le solstice, ils ont déplacé le nouvel an
Ils ont tout pris : l’âne, le bœuf, la mère et l’enfant
On ne peut laisser notre Noël à ces gens.
Ils nous racontent des fables, un vrai roman
Des récits de déserts, des légendes de pêcheurs,
Des histoires de foi, des contes d’aviateur.
Avec leurs évangiles et leurs croix
Ils ont massacré le monde à tour de bras

C’est la Noël, c’est la Noël
Chantons Noël à pleine voix
C’est la Noël, c’est la Noël
Chantons Noël et reprenons nos droits
Noël est à nous, Noël est à nous
Noël, c’est le nouvel an de chez nous

C’est l’an qui finit, c’est l’an qui commence
Le bébé dans la litière animale
Au milieu de la pièce familiale
C’est l’an qui finit, c’est l’an qui commence
En dépit des homélies de leurs prêtres
Noël est à Cro-Magnon et à nos autres ancêtres
À ces gens-là qui dans des grottes affrontaient le froid
Il y a dix mille ans et plus et qui fêtaient Noël dans nos bois
Et la verdeur du sapin dans les frimas
Noël est à nous autres, ça ne se discute pas
Noël, c’est le tournant des jours
Ici, depuis toujours
À Noël, la nuit rebrousse chemin
À Noël, avance le matin

C’est la Noël, c’est la Noël
Chantons Noël à pleine voix
C’est la Noël, c’est la Noël
Chantons Noël et reprenons nos droits
Noël est à nous, Noël est à nous
Noël, c’est le Nouvel an de chez nous
Au solstice, la nuit rebrousse chemin
Au solstice, avance le matin.