LES FOUS
Version
française – LES FOUS – Marco Valdo M.I. – 2016
Ils s’arrêtent de longues heures,
Pour se reposer, les os et les ailes, les os et les ailes,
Et vont fumer... des centaines de cigarettes.
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Les
fous, les fous ; que peut bien raconter une chanson sur les
fous ?, dit Lucien l’âne en ridant le front.
Oh,
plein de choses. Il y a d’ailleurs beaucoup de chansons à propos
des fous et de la folie. Encore qu’il faille distinguer la folie
individuelle, cette manière particulière d’être : parfois,
maladie, parfois, meilleure santé mentale. Écoute bien ce qu’en
disait Pascal, le philosophe auvergnat – je le cite de mémoire :
« Quelle étrange folie que de n’être point fou ». La
formulation n’est peut-être pas parfaite, mais c’est bien le
sens. Il est de ces folies qui sont des maladies et qui engendrent de
grandes souffrances et d’autres qui relèvent de la divergence de
pensée d’avec l’ordre ambiant – et qui peuvent faire naître
de plus grandes souffrances encore. Et puis, il est des folies
collectives – ce sont les plus terribles et les plus dangereuses ;
il en est de très massacrantes, même si certaines paraissent assez
douces et pacifiques ; le germe de la terreur vit en elles et
souvent, débonde.
J’imagine
bien tout cela, Marco Valdo M.I. mon ami, et sans doute, y a-t-il un
rapport avec la canzone dont tu viens de faire une version française.
Mais ne pourrais-tu me donner quelque précision sur cette dernière.
Bien
sûr. Elle chante les fous, ceux du genre tranquille (dans nos
régions, on les appelle des « demi-doux »), un peu
décalés par rapport au monde affairé où nous sommes. Elle chante
une sorte de folie-refuge. Ce sont des fous qui se tiennent à
l’écart des grands tracas du monde et cheminent ainsi toute une
vie. Peut-être leur manque-t-il un peu de ces convictions et de ces
capacités mentales (ou les cachent-ils ?) qui amènent les
hommes à participer à la grande foire de la société.
Dans
le fond, Pascal, que tu citais, avait peut-être raison. Moi qui ne
suis qu’un âne, je me sens assez proche de ces fous « contents,
entre le chemin de fer et les champs » et beaucoup moins des
agités de l’économie, des zélés du travail, des mordus de
l’ambition et des zélotes de l’apparence. Il me paraît urgent
de penser autrement cette société et de tranquillement tisser le
linceul de ce vieux monde sain d’esprit, méprisant, méprisable,
suractif, suractivé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Les fous vont contents, entre le chemin de fer et les champs.
À la chasse aux grillons et aux serpents, à la chasse aux grillons et aux serpents.
Tenus en laisse par la folie, les fous vont contents
À la chasse aux grillons et aux serpents, à la chasse aux grillons et aux serpents.
Les fous n’ont plus rien, autour d’eux plus aucune cité
Même s’ils crient qui les entend, même s’ils crient des vérités.
Les fous s’en vont contents, au confin de la normalité,
Comme des étoiles tombantes, dans la mer de la Tranquillité,
Transportant de grosses enveloppes de plastique du poids total du cœur,
Pleines d’ordure et de silence, pleines de froid et de rumeur.
Les fous n’ont pas de cœur ou s’ils l’ont, il est usé,
C’est une caverne toute noire.
Les fous restent là à songer à un train jamais arrivé
Et à une femme emportée par on ne sait quelle tourmente.
Les fous marchent sans patente,
Les fous vivent toute une vie, dans la nuit, enfermés à clé.
Les
fous s’en vont contents, ils arrêtent le trafic de la main,
Puis ils traversent le matin, à l’aide d’une fiasque de vin.
Ils s’arrêtent de longues heures,
Pour se reposer, les os et les ailes, les os et les ailes,
Et vont fumer, dans les églises,
Devant l’autel, des centaines de cigarettes.
Puis ils traversent le matin, à l’aide d’une fiasque de vin.
Ils s’arrêtent de longues heures,
Pour se reposer, les os et les ailes, les os et les ailes,
Et vont fumer, dans les églises,
Devant l’autel, des centaines de cigarettes.