HYMNE DES TERREPLATISTES
Version française – HYMNE DES TERREPIATISTES – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson italienne – Inno dei Terrapiattisti – L’Anonimo Toscano del XXI Secolo e la Piccola Orchestrina del Costo Sociale – 2021
Paroles :
Anonimo Toscano del XXI Secolo[27-12-2021]
Musique :
Warszawianka
1905 roku
(A las barricadas, ecc.)
CIRCONFÉRENCES CUBIQUES
Fernand Léger – ca. 1920
Dialogue Maïeutique
Voici donc, Lucien l’âne mon ami, que surgit de nulle part une chanson hautement astronomique et carrément philosophique, digne des contes éclairés du temps des Lumières ou peut-être, de ce cher Swift qui créa Gulliver et son monde. C’est là tout le plaisir que j’ai eu à en faire une chanson française. Peut-être ne l’entendrons-nous jamais chanter au travers des canaux multiples qui irriguent les oreilles et inondent les cerveaux de nos contemporains ; mais comme ça n’a pas d’importance. Son but n’est pas mercantile, il est tout simplement propédeutique.
Soit, répond Lucien l’âne, mais quel est donc le titre de cette mystérieuse chanson ?
Bien sûr, dit Marco Valdo M.I., le titre. C’est un titre curieux que cet Hymne des Terreplatistes, car il ouvre lui-même la porte d’un insondable mystère. Que peuvent être ces Terreplatistes, d’où viennent-ils, où sont-ils, depuis quand il y en a-t-il ? Je m’en vais éclaircir tout ça à l’instant. Les terreplatistes sont ceux-là qui croient mordicus que la Terre est plate – à la différence du grand Mordicus d’Athènes, fondateur de l’école éthylique pour qui elle était ronde.
Oh, dit Lucien l’âne, de ceux-là, j’en ai croisé des tas. Pour une grande part d’entre eux, c’était une évidence comme la pluie qu’ils voyaient tomber ; c’étaient généralement des gens des plaines intérieures. Les montagnards et les marins avaient déjà une autre opinion de cette platitude terrestre.
Tu as raison, répond Marco Valdo M.I., ils sont fort nombreux et au cours de la brève histoire de l’humaine nation, ils furent sans aucun doute les plus nombreux, une énorme majorité qui était celle du sens commun.
Ah, le sens commun, dit Lucien l’âne, n’est-ce pas ce que nous suggère la raison la plus commune, la raison raisonnable, le sens commun n’est-il pas le raisonnable ?
En quelque sorte, oui, reprend Marco Valdo M.I., mais avec la nuance qu’il s’agit de la raison brute, dont je vais devoir faire ici la critique. La raison brute est un avis à première vue. De ce fait, elle s’impose en premier au regard et à l’esprit, avec la force du fait brut – ici « brut » veut dire tel quel, immédiat, sans aucune réflexion. Plus encore qu’une croyance, puisque son regard la confirme, cette raison brute ne se laisse détrôner de son règne sur l’esprit où elle s’est imposée qu’avec une extrême réticence. Cependant, face à cette intelligence bridée ou bornée, existe une raison plus rationnelle, qui s’est patiemment construite sur l’argumentation contradictoire face à la nature, en face à face avec le réel. Elle s’irrigue des acquis de la science qu’elle tient pour ultime méthode d’investigation de la réalité. À ses yeux, le savoir n’est pas un donné, c’est un acquis. Mais trêve de réflexion sur le statut comparé de la raison brute et de la science ; disons que face à la raison brute, il s’agit de définir une raison bien tempérée, la raison raisonnée. Mais telle n’est pas la lettre de la chanson.
Oh, dit Lucien l’âne, il me faut à présent distinguer la lettre de l’intention ? Enfin, raconte un peu.
Oui, ça s’impose, remarque Marco Valdo M.I. ; cet hymne, car c’en est explicitement un, est celui de ces gens franchement irrationnels et irrationalistes, assez déraisonnables, qui s’agitent beaucoup actuellement dans le monde humain. La chanson détaille assez leur point de vue ; pas besoin d’insister. Elle le fait d’autant plus volontiers qu’elle se place sur le plateau de l’ironie ; elle imprime à cet hymne une démarche grotesque, fantasque afin d’en exprimer au mieux la nature. Quand même, ce qui est plaisant, c’est un hymne qui pourrait parfaitement être celui du Disque Monde, tel que l’avait exploré en des dizaines de volumes Terry Pratchett, qui le décrivait comme suit :
« Le Disque-monde est un monde plat et circulaire, complété par l’immense chute d'eau qui s’écoule de ses bords. Il est soutenu par les quatre éléphants Bérilia, Tubul, Ti-Phon l’Immense et Jérakine, eux-mêmes juchés sur la carapace de la Grande A’Tuin, tortue gigantesque naviguant lentement dans le cosmos. Une petite lune et un petit soleil orbitent autour du disque. »
Pour le reste, je renvoie aux Annales et à La Science du Disque Monde
Et tu fais bien, enchaîne Lucien l’âne, car il nous faut conclure. Quoi qu’il en soit, monde rond, monde plat, tissons le linceul de ce monde absurde, obsédant, magnifique, mortel et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Terres rondes, sphères et ballons,
Globes, planètes et boulets de canon !
Dans l’univers, il y en a des blancs, des jaunes,
Notre monde est plat et les boules tournent.
Oui, nous croyons que la Terre est plate,
Comme une pizza Quatre Saisons !
Complots scientifiques, vérités contrefaites,
À bas les conneries de Galilée et Strabon !
Terreplatistes, à la rescousse !
La Terre est plate, même Qanon le bredouille !
Terreplatistes, à la rescousse !
Les vraies choses rondes, ce sont nos couilles.
L’océan
s’effondre dans
le cosmos,
Englouti par l’obscure fosse.
Le soleil tourne sur une assiette
Et sous-tasses sont les planètes.
Le jour viendra où la Terre plate
Sera reconnue par les emperruqués !
L’astronomie sera réécrite
Et des milliards de soucoupes vont tourner.
Terreplatistes, à la rescousse !
La Terre est plate, même Qanon le bredouille !
Terreplatistes, à la rescousse !
Les vraies choses rondes, ce sont nos couilles.
La
Terre pose sur d’énormes colonnes,
Anaximandre l’a vue comme un piston !
Nous la voyons étendue et plane,
Comme la perçoit notre raison.
Nous marchons sur la Terre certains
Que tôt ou tard, nous atteindrons ses recoins !
Mort aux ellipses et aux circonférences,
Que par millions des sphères cubiques, on lance.
Terreplatistes, à la rescousse !
La Terre est plate, même Qanon le bredouille !
Terreplatistes, à la rescousse !
Les vraies choses rondes, ce sont nos couilles.