dimanche 19 mars 2023

LE PETIT COIN DE PARADIS

 

LE PETIT COIN DE PARADIS


Version française — LE PETIT COIN DE PARADIS — Marco Valdo M.I. — 2023

Chanson italienne — A ZonzoErnesto Bonino — 1942


Texte : Riccardo Morbelli

Musique : Gino Filippini

Interprète : Ernesto Bonino con l’Orchestra della Rivista, direction : Carlo Zeme








LE PETIT COIN DE PARADIS


Lucas Cranach — 1526







En 1942, en Italie, en pleine Seconde Guerre mondiale, quelqu’un — sur un rythme swing, musique souvent interdite par le régime fasciste — rêve d’un temps où tout changerait, où le ciel serait à nouveau bleu et où le bonheur reviendrait au pays de l’éternel printemps.




Dialogue maïeutique


Comme il est dit dans la petite note italienne ci-dessus, Lucien l’âne mon ami, cette chanson — du moins sa version italienne d’origine — fut élaborée « en 1942, en Italie, en pleine Seconde Guerre mondiale », époque où était encore au pouvoir un de ces dictateurs fascistes ou apparentés comme on en rencontre souvent dans l’Histoire depuis un bon siècle maintenant.


Oui, dit Lucien l’âne, on dirait qu’il y a une mode et qu’ils font entre eux un concours au plus sordide, au plus stupide, au plus désastreux. Pour l’heure, il en est un qui se distingue tout particulièrement et qui fait tout pour faire parler de lui. Il se gonfle de son propre vide. Assurément, il tient la corde. Mais laissons cela et parlons de la chanson.


Soit, dit Marco Valdo M.I., résumons le point de départ : c’est une chanson de paix en pleine guerre et comme nous le savons très bien, les meilleures chansons contre la guerre sont des chansons de paix. Ainsi, en plein dans la tourmente et les tourments, elle parle aux gens d’un pays de paix où le bonheur est libre de fleurir. Voilà pour le sujet : Une femme, un homme, les deux, allez savoir, rêve à haute voix d’un « petit coin de paradis ».


Est-ce ce que je me trompe, dit Lucien l’âne, si je dis que « petit coin de paradis » me paraît tout droit sortir de sous le parapluie de Tonton Georges ?


Non, Lucien l’âne mon ami, tu ne te trompes pas du tout, c’est évidemment de sous ce parapluie, que j’ai été le quérir. Mais c’est un privilège de celui qui crée une version de son cru d’une chanson. C’est le charme poétique par excellence. Cela dit, on y reviendra une autre fois au parapluie de Brassens qui disait quand même textuellement :


« Un petit coin de parapluie

Contre un coin de paradis »

Le Parapluie : https://www.youtube.com/watch?v=96M1LE2K6L0


C’est difficile, il faut me croire, d’échapper à la réminiscence.


Et puis, maintenant, demande Lucien l’âne, que dit-elle d’autre cette version française au titre tellement différent de l’originelle « A Zonzo » ?


Il convient de la replacer dans le contexte de la guerre en cours, répond Marco Valdo M.I., pour apprécier toute l’audace de proposer une chanson de paix en pleine guerre, surtout quand en plus, le dictateur affirme qu’il n’y a pas de guerre et interdit de même prononcer ce mot grave. Chanter le « petit coin de paradis » quand on vit dans le pays qui commandite des centaines de milliers de morts est un acte de courage et une affirmation pacifiste non dénuée de danger. Bref, c’est un acte de résistance. Je te suggère d’ailleurs de décoder la chanson dans ses détails, dans doubles sens interdits. Tout y est question de soleil, de bonheur, de liberté, choses dont, en effet, on ne peut que rêver.


Bien, bien, dit Lucien l’âne, j’ai compris ; je verrai les détails par moi-même. Alors, à présent, tissons le linceul de ce vieux monde infernal, barbare, sans cœur et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Mer de soleil, pays de paix,

Terre entière de bonheur,

Sentiers rêveurs parmi les fleurs,

Petit coin de Paradis, dis, où tu es ?


Les mouettes dessus les vagues

Raillent et rient là-haut.

Bleu est le ciel, je vais, je vague,

Tant de poésie ! Oh !


Je vais, je vague le cœur songeur

Et je rêve aux alentours

Où dans les frondes, mille fleurs

Parlent d’amour.


Pays de l’éternel printemps,

Paradis des amants,

Sur ses routes, mon cœur suit la chimère.

Fleur, j’ai l’âme blanche, pure et légère.


Le bonheur mon âme enivre.

Je me balade

Comme l’oiseau libre,

De-ci, de-là, je baguenaude.


Sur les cartes, la mappemonde,

Les atlas, je cherche jours et nuits,

En vain, le plus doux pays.

Où trouver cet heureux monde ?


Les mouettes dessus les vagues

Raillent et rient là-haut.

Bleu est le ciel, je vais, je vague,

Tant de poésie ! Oh !


Je vais, je vague le cœur songeur

Et je rêve aux alentours

Où dans les frondes, mille fleurs

Parlent d’amour.


Pays de l’éternel printemps,

Paradis des amants,

Sur ses routes, mon cœur suit la chimère.

Fleur, j’ai l’âme blanche, pure et légère.


Le bonheur mon âme enivre.

Je me balade

Comme l’oiseau libre,

De-ci, de-là, je me baguenaude.