mardi 27 août 2019

LA SEMEUSE QUI SEMAIT LE GRAIN [NON À LA GUERRE !]


LA SEMEUSE QUI SEMAIT LE GRAIN
[NON À LA GUERRE !]

Version française – LA SEMEUSE QUI SEMAIT LE GRAIN [NON À LA GUERRE !] – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson toscane (italien) – La donnina che semina il grano [No alla guerra]Caterina Bueno – 1975






Extrait du concert avec le chœur étrusque (col Coro degli Etruschi), Florence 1975belle dans sa première partie de la séquence guerre / soldats / maladies / maladies / médecins / décès et dans sa deuxième partie, [on notera] le contraste entre la guerre (on mange mal on dort sur le sol) et la paix (dans un bon lit pour se reposer avec la belle brune, le champ de fleurs)
J’avoue une certaine incertitude sur le verset du champ de fleurs (bien que je sois originaire de Toscane, j’ai du mal à comprendre les mots, aussi parce que l’enregistrement n’est pas de grande qualité – les corrections sont bienvenues). Quoi qu’il en soit, le sens me paraît celui-là, et la condamnation de la guerre ne pourrait pas être plus claire


Dialogue Maïeutique


Il te souviendra certainement Lucien l’âne mon ami, que l’autre jour, on avait discuté autour et à l’entour d’une chanson de Fabrizio De André, qui s’intitulait Volta la carta[[39290]] ; une « filastrocca » qui était tirée d’une comptine populaire ancienne

Oui, oui, Marco Valdo M.I. mon ami, je m’en souviens très bien et aussi, de cette conformation particulière de cette villanelle qui prenait toutes les allures d’un tarot de divination. Ce qui, si toutefois ma mémoire st bonne, nous avait ramenés au temps de Charles VI dans le duché de Milan, au début du XVe siècle.

Très juste, Lucien l’âne mon ami, et si je te rappelle cette version française de trois « filastrocche » se renvoyant l’une à l’autre, c’est car en voici une autre. Je te disais bien qu’il devait en exister d’autres déclinaisons et je te citais notamment celle-ci.

Oui, oui, interrompt Lucien l’âne, tu disais exactement ceci : « On a ici trois versions d’une même comptine italienne – en italien, on dit filastrocca ; j’insiste sur le « ici », car il en existe forcément d’autres ; par exemple, la version de Caterina Bueno – La donnina che semina il grano [No alla guerra], très proche de CONCETTA. Sur le fond, toutes évoquent la guerre, les soldats, la mort. »

Et comme, dès lors, Lucien l’âne mon ami, cette version de Caterina Bueno n’avait pas de version française, je me suis efforcé d’en créer une. Je lui ai donné une forme légèrement modifiée, m’appuyant entre autres choses, sur le commentaire introductif et ses hésitations. De toute façon, quand on a à faire à des versions diverses d’une cantilène dont on a perdu la trace d’origine, quand on est en présence d’un thème interprété de différentes manières, farci de variantes en tous genres, il s’agit de fixer un peu les choses et de les présenter à sa manière. Ce que j’ai fait.

Passons sur tes légèretés par rapport à la forme, dit Lucien l’âne, c’est une question d’adaptation et de sens de la rime. Je sais, tu sais, il faut savoir ce qu’en disait Paul Verlaine. « Ô qui dira les torts de la rime… ». Place alors au vague et à l’imprécis, qui divaguent au gré des versions.

Tu n’as pas tort, Lucien l’âne mon ami, il y a là tout un art poétique. Le vague et l’imprécis, ainsi dans les versions italiennes : la jeune personne qui sème est successivement une donna, une donnina, une donnetta ; elle sème le grain, elle sème le lin. On a donc toujours la semeuse avec toute sa symbolique de vie et de mort, mais encore et encore le vilain bêche la terre, c’est son destin. Pour ce qui est de la guerre, elle est partout et chez Caterina Bueno, personne ne veut y aller :

Car à la guerre,
On n’a rien à manger,
Car à la guerre, on dort à terre.
Nous, à la guerre, on ne veut pas aller.

Somme toute, conclut Lucien l’âne, c’est une bonne résolution ; encore, faut-il pouvoir s’y tenir ; c’est tout le dilemme de la désertion. Quant à nous, on est trop vieux maintenant pour qu’on cherche à nous recruter pour ces jeux idiots et dangereux. Ce n’est pas à plus deux mille ans que je serai rappelé. Cependant, dans la Guerre de Cent Mille Ans, on ne sait jamais, ils seraient bien capables de forcer tout le monde à la faire – les jeunes, les vieux, les enfants, les femmes et s’ils y arrivaient, même les morts, souviens-toi de La Légende du Soldat mort – ces fauteurs de guerre, grands amateurs de profits, de puissance, de privilèges et de pouvoir. Des malades, ce sont des malades du cerveau, moi, je te le dis. Enfin, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde militaire, amateur de guéguerres, brutal, stupide et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



La semeuse sème le grain.
Tournez la carte : on voit le vilain,
Le vilain bêche la terre.
Tournez la carte : c’est la guerre,
La guerre avec tous ces soldats.
Tournez la carte : les malades sont là,
Les malades avec toutes leurs douleurs.
Tournez la carte et voici le docteur.
Le médecin soigne les douleurs.
Tournez la carte : voilà Concetta,
Concetta ferme la porte et s’en va.
Tournez la carte : la mort est là.


Non, non, à la guerre,
Je ne veux pas aller.
Non, non, à la guerre,
Je ne veux pas aller.
Car on n’a rien à manger
Et on dort à terre.
Non, non, à la guerre,
Je ne veux pas aller.
Non, non, à la guerre,
Je ne veux pas aller.


Ma belle brune, c’est le moment.
Si tu veux venir avec moi, c’est le moment
D’aller se coucher,
Dans un bon lit, pour se reposer.
D’aller se coucher,
Dans un bon lit pour se reposer.


Tu dormiras tout à l’heure
Dans un champ de fleurs
Avec quatre belles, pour te consoler ;
Avec quatre belles, pour te consoler.


Ma belle brune, c’est le moment.
Si tu veux venir avec moi, c’est le moment
D’aller se coucher,
Dans un bon lit, pour se reposer.
D’aller se coucher,
Dans un bon lit pour se reposer.


Car à la guerre,
On n’a rien à manger,
Car à la guerre, on dort à terre.
Nous, à la guerre, on ne veut pas aller.