vendredi 22 mai 2015

AMBARADAN

AMBARADAN


Version française – AMBARADAN – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – AmbaradanAlessio Lega – 2015
Te
xte et musique de Alessio Lega

Nous avons fait seulement un peu d'ambaradan,
Nous les braves gens, nous de purs Italiens.


Quel étrange titre que porte cette canzone d'Alessio Lega. Marco Valdo M.I. mon ami, peux-tu m'expliquer ça ?


Certainement, Lucien l'âne mon ami. Pour comprendre cet ambaradan, il faut d'abord dire qu'il s'agit à présent d'une expression populaire qu'on pourrait aisément traduire en français par une sorte d'embarradame ; un étrange mot, je te le concède, qui semble vouloir dire à son tour : un « embarras de dame », une sorte d'embrouillamini, de chahut chaotique, de chose pas claire, mais bruyante et déplaisante. En somme, un foutu bordel. Mais contrairement à ce que je viens de te dire, il ne s'agit pas d'une sorte d'onomatopée évoquant un fameux foutoir, mais bien de la dérive d'une dénomination géographique précise : l'Amba Aradam, un massif montagneux d’Éthiopie, où se déroula en 1936 une bataille entre les Éthiopiens et l'armée de l'envahisseur italien. C'était au temps où Mussolini, en plein délire, construisait à coups de massacres un Impero s'étendant à l'intérieur de l'Afrique jusqu'à l'Océan Indien. Sans doute, si on l'avait laissé faire, avant de conquérir le monde entier et pourquoi pas, la planète Mars [[3816]].


Mais dis-moi maintenant, Marco Valdo M.I. mon ami, que viennent faire les « marò » dans cette affaire éthiopienne ?


D'abord, il faut souligner que cette bataille n'est certes pas une action glorieuse compte tenu des armements de la partie italienne, composée d'éléments de l'armée, de miliciens fascistes et d'auxiliaires africains, engagés de force dans cette « croisade ».On lança l'aviation. Au sol, on commença par les gaz, puis on y alla au canon, à la mitrailleuse, au lance-flammes contre des populations civiles. Mais, comme on le sait, en face, ce n'étaient que des Éthiopiens, des gens de couleur noire. Et puis, on ne colonise pas sans une bonne dose de massacres et de terreur. Ceci nous amène aux marò, ceux-là même qui il y a quelque temps avaient mitraillé sans remords des pêcheurs indiens, gens on ne peut plus civils et pacifiques. L'Inde a eu l'idée saugrenue de vouloir appliquer ses lois, de poursuivre les assassins et ce fut un grand «Ambaradurambaradirambaradan ambaradurambaradin bamberou Ambaradurambaradirambaradan» dans toute l'Italie, jusqu'au sommet de l'État. Quand même, ces Indiens, ils exagèrent… Pour qui se prennent-ils ? S'en prendre à des fusilliers marins ITALIENS… lesquels, remarquez, ne faisent que leur devoir : ils fusillaient. Il y eut du remous dans le landerneau. À ce égard, je rappelle ce que disait ma grand-mère : « On ne laisse pas les enfants jouer avec des allumettes... » et je complète « ni les militaires avec des mitrailleuses, des canons et toutes ces sortes de choses ». Dans le fond, ces « maròs » n'étaient que des hommes de paille ; les vrais responsables étaient restés à Rome.


Moi, dit Lucien l'âne en souriant doucement, je me demande ce qui se serait dit, si la Marine indienne avait flingué deux pêcheurs italiennes en vue des côtes siciliennes, sardes ou toscanes ? Ou alors, rien que pour l'exemple, que l'on charge la Marine italienne de la sécurité de la côte belge et qu'ils mitraillent un bateau de pêche flamand qui approcherait la côte ? Et qu'ils tuent deux pêcheurs ? Pour le reste, attendons de voir ce qui va se passer au large de la Libye… D'ici là, tissons le linceul de ce vieux monde mitrailleur, condescendant, expansif et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou


Que peut bien vouloir dire « ambaradan »,
Un mot si chaotique ?
Mais bordel, qu'est-ce qu'ambaradan ?
Une réminiscence abyssine.

Sur le haut plateau de l'Amba Aradam,
Nous nous y sommes seulement sali les mains,
Nous avons fait seulement un peu d'ambaradan,
Nous les braves gens, nous de purs Italiens.


Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou


Dans les grottes de l'Amba Aradam,
Il y avait des femmes avec des vieux et des enfants
Dans les grottes de l'Amba Aradam
Nos soldats arrivèrent triomphants.

Avec le gaz d'arsine et les bombes à l'ypérite,
Ils font sauter au lance-flammes,
Braves chrétiens qui blessent durement,
Le cœur sacré de toutes les mamans,

Cinq centaines de moines coptes,
Cinq centaines de nègres assassinés,
Jette les pâtes, ils sont tous morts,
La petite négresse est cuite et mangée.

Nous avons fait juste un peu d'ambaradan,
Puis nous sommes rentrés, domptés et vivants,
Coulés dans le mythe des bons Italiens,
Plus ineptes, mais pas moins mauvais.


Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou
Ambaradurambaradirambaradan
ambaradurambaradin bamberou


Que pourrait bien vouloir dire « ambaradan » ?
Colonialistes meilleurs et plus forts,
Nous avons apporté les routes dans le désert
Pour le grand voyage de tous ces morts.

L'Amba Aradam est la tache sur l'oubli,
C'est le monument à Rodolfo Graziani,
Les enseignes de Nassiriya,
Ce sont les deux marò qui fusillent les Indiens.