dimanche 29 octobre 2017

LES ÉTOILES S’EN FOUTENT

LES ÉTOILES S’EN FOUTENT
Version françaiseLES ÉTOILES S’EN FOUTENT – Marco Valdo M.I.2017
Chanson suédoise – Stjärnorna kvittar det lika - Tor Bergner – s.d.





Tor Bergner (1913 – 1990) était un poète, chanteur et acteur suédois.



Dialogue maïeutique

Ah, dit Lucien l’âne, voilà un titre qu’on comprend sans difficulté, tellement il est plein de vérité. Cependant, il est tellement vrai qu’il demande quand même certaines précisions ; car il peut s’appliquer à peu près à tout.

Certes, « les étoiles s’en foutent », c’est le point de vue de Sirius, comme on dit chez nous, répond Marco Valdo M.I. et les étoiles se foutent complètement de ce qui concerne la vie de l’un d’entre nous et même, de nous tous, ancêtres et descendants compris. Elles se foutent aussi complètement de nos guerres, de nos crises, de nos catastrophes tout autant que de nos réussites, de nos paix et de nos bonheurs. Quant à nos amours, même s’il y a des étoiles dans les yeux des amoureux, les vraies, les grandes, les lointaines s’en tapent comme de leur première étincelle, laquelle a dû se produire généralement, il y a quelques milliards d’années, au moins. Et si elles nous voient, ce qui est de la plus extrême improbabilité, ce serait après plus de deux fois cette durée ; quand je dis nous, je veux parler au minimum du système solaire tout entier ou plus sûrement, de la galaxie. Et nous, poussières d’étoiles, que dis-je, événements minusculissimes et instantanissimes, nous donc, ce nous individu ou collection d’individus humains, on n’atteint même pas la taille et la durée d’une particule élémentaire, telle que peut en imaginer le chimiste ou le physicien. On est tout bêtement des riens imperceptibles, même pas du néant – car lui, on peut le percevoir à l’échelle des étoiles et même, ce sont elles qui baignent dedans.

Mais où tu vas, Marco Valdo M.I. mon ami. Où tu m’entraînes, dis ? C’est la chanson qui raconte tout ça ?

Pas vraiment, Lucien l’âne mon ami, mais si on extrapole, sans doute que oui. Il aurait fallu interroger son auteur, mais il est parti pour les étoiles depuis un certain temps et je ne suis pas sûr de pouvoir le rattraper. Enfin, c’est très conforme au titre et à la fin de la chanson :

« Mais les étoiles s’en foutent,
Qu’on vive ou qu’on meure. »

M’est avis, Marco Valdo M.I. mon ami, que ce Suédois pensait en athée, car s’il eût été croyant, il aurait dit tout simplement : Dieu, les dieux… s’en foutent qu’on vive ou qu’on meure. Et même cette façon de dire l’aurait rangé dans les descendants d’Épicure. Cela dit, il nous faut retourner à notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde minusculissime, brévissime, tristissime, absurdissime et cacochymissime.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



On sait et on entend
Depuis la nuit des temps
Qu’une étoile tombera,
Chaque
fois qu’un homme mourra.

Entre les cris des hiboux,
Le vent glacial crie fort ;
J’entends des loups
Hurler à la mort.

Les veuves, pour de la soupe,
Pour du pain, les enfantspleurent
Mais les étoiles s’en foutent,
Qu’on vive ou qu’on meure.


vendredi 27 octobre 2017

L'HISTOIRE D’ESPAGNE (EXPLIQUÉE AUX ESPAGNOLS)

L'HISTOIRE D’ESPAGNE 
(EXPLIQUÉE AUX ESPAGNOLS)

Version française – L'HISTOIRE D’ESPAGNE (EXPLIQUÉE AUX ESPAGNOLS) – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après la version italienne de Riccardo Venturi
d’une chanson catalane – Història d’Espanya (explicada pels espanyols)Brams2014
Texte : Francesc Ribera
Musique : Xevi Vila





Hégésippe Simon

LE PRÉCURSEUR


Une « histoire de l’Espagne » ironique des origines à nos jours, avec des moments très significatifs comme lorsque les habitants originaires du continent américain sont si émerveillés par leurs conquérants qu’ils meurent par milliers dans les mines d’or pour se payer le catéchisme et les leçons d’espagnol. Intéressant aussi lorsque le général Franco remporte les élections de 1936 en devenant le fondateur de la démocratie !


Dialogue maïeutique

Évidemment, tout le monde sait que ce n’est pas Franco Bahamonde – Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios – qui inventa la démocratie, mais bien Hégésippe Simon ; on se souvient encore de l’inauguration de sa statue sur la place principale de la riante commune de Poil, pour célébrer son centenaire le 31 mars 1914, où le grand précurseur de la démocratie qu’était Hégésippe Simon était en effet né à Poil, le 31 mars 1814. Il faut rendre à Hégésippe ce qui lui revient. Répétons-le : l’inventeur de la démocratie n’est pas Franco, c’est Hégésippe. On en fit à l’époque une chanson qui atteste la gloire de ce créateur de la démocratie. Je te propose le refrain de la biographie héroïque d’Hégésippe Simon, le Grand Précurseur de la Démocratie :

« Il fit tout jeune ses débuts politiques
En se faisant sous la Révolution
Guillotiner pour la Grande République.
C’est ce qui fit la gloire de son nom.
Un peu plus tard, cet aigle au cœur de bronze
En quarante-huit se faisait fusiller
Et finalement, c’est en soixante et onze
Qu’il succombait parmi les Fédérés.
Ah ! Ah ! mes bons amis chantons
La gloire d’Hégésippe Simon. »

Il fallait que ce fut dit ; d’ailleurs, le dénommé Franco n’a jamais participé aux élections de 1936 ; là aussi, c’est un imposteur.

C’est bien vrai ça, dit Lucien l’âne en riant.

Maintenant, mon ami Lucien l’âne, il s’agit de se souvenir que c’est une chanson catalane et en ce jour de proclamation de l’indépendance, il importe de plaider pour que sans délai et sans discuter, elle lui soit accordée. Les Espagnols, quoi qu’en pense le barbeau madrilène et son chœur national, ont l’habitude de céder aux demandes d’indépendance et ils ont perdu leur vertu coloniale des dizaines de fois et depuis longtemps. J’en tiens pour preuve ce qui suit. Au fil des siècles, les rois espagnols qui se sont succédés ont dû reconnaître l’indépendance ou abandonner la possession de – je ne retiendrai que les possessions les plus importantes : le Sahara espagnol (1976), la Guinée équatoriale (1968), le Gabon (1900), Malte (1530), la Sardaigne (1718), la Sicile (1735), le Royaume de Naples (1714), Cuba (1898) Porto Rico et les îles Vierges (1898), la Floride (1821), une série d’États d’Amérique du Nord en 1803 (Louisiane, Arkansas, Oklahoma, Missouri, Kansas, Texas, Colorado, Nebraska, Iowa, Dakota, Minnesota, Wyoming, Montana, Alberta, Saskatchewan) la Californie en 1821, Hispaniola (Haïti en 1697 + Saint Domingue en 1865), Vancouver, Colombie britannique, Washington, Oregon, Idaho (1819), les Philippines et Guam (1898), etc.
Alors, une indépendance de plus, qu’est-ce que ça changerait ? Au contraire, l’Espagne se grandirait de choisir d’admettre la liberté et de rejeter ses vieux démons coloniaux du passé. Elle se ferait peut-être même une nouvelle virginité.

Oh, dit Lucien l’âne, la virginité des vierges est une chose miraculeuse.

C’est d’autant plus vrai en Espagne où la vénération pour ces descendantes de Vénus est de plus extrême ; ils ont tué tant de gens en son nom. De plus, la Vierge est censée faire des miracles ; alors, attendons. À propos de miracle, je ne peux m’empêcher de te rappeler l’histoire du rabbin de Bratislava ou de Prague qui avait dû répondre aux comitards locaux du Parti communiste tchécoslovaque (c’était en 1968) inquiets de l’arrivée soudaine de milliers de touristes en chars d’assaut, venus du pays voisin, qui lui posaient avec insistance la question épineuse de savoir quand ces joyeux visiteurs s’en iraient et surtout, comment. Le rabbin, qui n’en menait pas large, réfléchit et répondit. J’ai consulté en haut lieu et Dieu m’a fait connaître deux solutions : une solution normale et une solution miraculeuse. La première, la solution normale est que des milliers d’anges vont descendre du ciel et ramener ces honorables visiteurs chez eux. Ah !, fit le comité. Et la solution miraculeuse, alors ? La solution miraculeuse, dit le rabbin, c’est qu’ils s’en aillent d’eux-mêmes. Comme l’Histoire (encore elle) nous l’a appris, c’est pourtant celle-là qui triompha ; au bout d’un temps, ils s’en allèrent et depuis, ils ne sont jamais revenus. On peut dès lors espérer un miracle espagnol.

Dans le fond, conclut Lucien l’âne, miracle pour miracle, ils ont vraiment gagné un mondial et Saint Bernabéu s’en réjouit encore. Avant de terminer, je voudrais rappeler ce que je disais l’autre jour :

« les Catalans sont des gens patients. Mais quand même, la seule voie raisonnable serait d’accorder leur indépendance à ces gens et puis, ensuite, trouver les arrangements qui s’imposent entre des voisins égaux ; ce serait d’ailleurs absolument indispensable du fait que les territoires sont immobiles. Voilà ce que je peux dire, moi qui ai vu tant de conflits, de luttes de libération. » 

Pour le reste, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde réactionnaire, colonial, franquiste, débile, stupide et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Bienvenue à la conférence magistrale
Sur l’histoire officielle de l’Espagne
Qui dégonflera les fables et les contes malséants
Dont les nationalistes abreuvent les enfants.

Avec l’aide de gens comme Fabra et Bauzá
Pour combattre les mensonges, finalement parviendra
À toutes les écoles, le cours d’histoire
D’Espagne que les enfants devraient savoir.

Trois mille ans d’histoire font de l’Hispania
La nation la plus ancienne du monde, et déjà
Dans les peintures d’Altamira, on voit
Santiago Bernabéu, un tricorne et une tuna.

Les Romains et les Wisigoths sont venus ici
Non en conquérants, mais comme touristes
La Dame d’Elche, qui parlait le valencien
Se mit à l’espagnol, un beau matin.

Mais ce qui est si
Étrange et si confondant,
C’est malgré une si
Grande Histoire, d’Espagne, pourtant,
Certains veulent foutre le camp.

Le roi Jacques, qui était subtil et lapaoparlant
Sans reconquête, chassa de Majorque et du Levant,
Tous les Maures qui étaient venus
Voler le travail des gens du cru.

Plus tard, on a découvert le Nouveau Continent
Et les pauvres de là-bas s’en émerveillèrent tant
Qu’ils moururent par milliers dans les mines
Pour payer les cours d’espagnol et le catéchisme.

Et ainsi, on est devenu l’empire
Où le soleil jamais ne se couche
Et si l’empire a fondu, c’est qu’on n’usa pas
De la force contre ceux qui ne l’aimaient pas.

Quand l’Europe fit sa première révolution industrielle
D’abord, on a fainéanté et puis, on a couru derrière elle
Et on a évolué jusqu’au moment précis
Où Franco a remporté les élections de trente-six.

Franco lui-même est le fondateur
De la démocratie et en détient les droits d’auteur.
Certaines personnes attribuent aux Grecs cette invention,
Mais ce gouvernement du peuple est une perversion.

La démocratie et la monarchie séparément
Nous ont donné un résultat si spécial
Qu’on les a unies expérimentalement.
Et qu’on a gagné le mondial.

jeudi 26 octobre 2017

VOUS POUVEZ TOUJOURS COURIR

VOUS POUVEZ TOUJOURS COURIR

Version française – VOUS POUVEZ TOUJOURS COURIR – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson catalane – Espera'm assegut – Brams – 1992





« Vous pouvez toujours courir ». Quel titre curieux, encore une fois, Marco Valdo M.I. mon ami. Sache que pour ce qui est de courir, nous les ânes, on est assez doués. Plus doué encore que nous, il y a notre cousin d’Asie, l’onagre qui bat aisément à la course les chevaux les plus racés, les plus rapides et il est même plus endurant qu’eux. Ce serait déjà une réponse. Cependant, je suppose que ce n’est pas pour m’inciter à la course que cette chanson a été écrite.


Certainement pas, Lucien l’âne mon ami, même si cette course imaginaire entre les brillants chevaux du roi et les ânes sauvages peut être une parabole. Nous verrons si cela est possible. En attendant, laisse-moi d’abord préciser le contexte : à savoir qu’il s’agit d’une chanson catalane et qu’elle date de 25 ans déjà et que par certains aspects, elle paraît bien s’inscrire tout naturellement dans les événements récents qui sont, comme tu le sais, marqués par le conflit assez dur entre le gouvernement espagnol – autoritaire et totalitaire, incapable de négocier et la Généralité de Catalogne – assez désarmée face au régime madrilène. Cela dit, j’en viens à la signification de ce titre qu’il eût fallu traduire par « Vous pouvez toujours attendre », mais l’expression usuelle française est celle que j’ai retenue. Si on devait le dire plus crûment, cela donnerait « Vous pouvez toujours aller vous faire foutre » ou une autre expression fleurie du genre.


Oh, maintenant que tu le dis, Marco Valdo M.I. mon ami, je vois très bien le rapport avec l’actualité. Les Catalans, du moins une grande partie d’entre eux, vouent aux gémonies le sinistre barbeau madrilène.


Cela étant, Lucien l’âne mon ami, revenons à cette chanson ancienne. Que visait-elle à ses débuts, c’était en 1992 ? Elle mettait en scène un jeune homme (symbole du peuple catalan) auquel le pouvoir espagnol voulait imposer un service militaire. Évidemment, le jeune homme rejette cette proposition et il ajoute qu’il n’accepterait pas plus d’accomplir un service civil pour le compte de ce pouvoir lointain. Bref, si on traduit ses intentions, il ne veut rien céder à ce pouvoir étranger qui invoque le devoir envers le roi, le drapeau et l’État, tous espagnols. Ses réponses sont claires : ce n’est pas mon drapeau, ce n’est pas mon roi, ce n’est pas mon État et il ajoute :

« Si on en vient aux armes demain,
Vous pouvez être certains
Qu’on va se retrouver
Des deux côtés opposés. »

À part la confrontation armée, on dirait une chanson actuelle, dit Lucien l’âne.

C’est bien pourquoi je l’ai mise en langue française afin qu’on comprenne mieux l’enjeu proprement historique des derniers événements et aussi, qu’on comprenne également que quoi qu’il advienne prochainement, la Catalogne ne baissera pas les bras jusqu’à ce qu’elle retrouve son indépendance et qu’elle soit débarrassée de la domination espagnole, dont je te rappelle qu’elle la subit depuis des siècles.

En effet, dit Lucien l’âne, les Catalans sont des gens patients. Mais quand même, la seule voie raisonnable serait d’accorder leur indépendance à ces gens et puis, ensuite, trouver les arrangements qui s’imposent entre des voisins égaux ; ce serait d’ailleurs absolument indispensable du fait que les territoires sont immobiles. Voilà ce que je peux dire, moi qui ai vu tant de conflits, de luttes de libération. Maintenant, pour ce qui nous concerne, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde arthrosé, arcbouté sur ses privilèges, accroché à son pouvoir, malade des nationalismes sclérosés et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Il y a tant de problèmes chez moi,
Au travail et dans l’enseignement,
Car vous êtes venus me prendre chez moi
Et vous voulez me faire perdre un an.
Vous voulez me faire soldat
Invoquant un inexistant
Devoir envers le roi,
Le drapeau et l’État.



Vous pouvez toujours courir
Que j’aille soldat ;
Vous pouvez toujours courir,
Même au service civil, je n’irai pas.
Vous pouvez toujours courir
Pour me voir devant votre drapeau m’incliner.
Vous pouvez toujours courir
Et vous pouvez même aller vous coucher.



Ce roi est un fantoche
Et l’État est un fantasme,
Ce drapeau n’est pas à moi,
On ne me fera pas soldat,
Et n’allez pas penser
Que je n’y vais pas,
Car j’ai peur d’y aller
Ou que je suis témoin de Jéhova.



Ne cherchez pas d’alternative
Pour me plaire,
Je ne ferai pas le service militaire
Plus que le service civil.
Ma solidarité
Je la donne à qui je veux
Et c’est de ma seule volonté
Que je me bougerai le cul, si je veux.



Dans votre armée, je n’irai pas ;
L’Otan, je ne le servirai pas ;
Je ne défendrai pas
Les intérêts des Nord-Américains.
Si on en vient aux armes demain,
Vous pouvez être certains
Qu’on va se retrouver
Des deux côtés opposés.



mercredi 25 octobre 2017

VIVE L’AMÉRIQUE !

VIVE L’AMÉRIQUE !

Version française – VIVE L’AMÉRIQUE ! – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienneViva l’America!Pino Masi – 1987




VIVE L’AMÉRIQUE ! 



Viva l’America ! Vive l’Amérique ! Quel titre ! Quel titre !, Marco Valdo M.I. mon ami, dit Lucien l’âne un rien énervé. Quel titre encore une fois ! Un titre si plein enthousiasme et si je ne te connaissais pas comme je te connais, je pourrais penser que cette exclamation juvénile serait une innocente marque d’admiration pour une région lointaine. J’imagine que ce n’est nullement le cas et qu’il faut comprendre différemment ce sursaut d’ardeur patriotique à l’égard d’un continent étranger.

Figure-toi, Lucien l’âne mon ami, que j’ai eu la même réaction que toi quand j’ai lu pour a première fois cette chanson italienne pur déterminer si j’allais ou non en donner une version française, car comme tu peux le penser, je choisis ce que je traduis et il me faut souvent renoncer à cet exercice, qui est quand même assez laborieux et demande du temps. Donc, de prime abord, je me méfie toujours des dithyrambes, mais voyant le nom de l’auteur je me suis rassuré sans retard. Pino Masi ne pouvait être qu’un contempteur de pareille puissance : l’Amérique, bien entendu réduite aux seuls États-Unis, excluant ainsi les trois quarts (ou plus) de ce continent double ou triple. Voilà ce dont on parle : un morceau de continent, mais ce sont les Étazuniens eux-mêmes qui se gonflent le col. Et dans cette manière de voir et de se nommer, qu’en est-il de tous les autres Américains ? Considérés ainsi, ils n’existent pas. Cependant, le réel s’empresse de démentir cette vantardise.

Certainement et heureusement, dit Lucien l’âne. J’ai toujours ressenti une gêne, une sorte d’embarras devant cette exagération de soi, devant cette superbe et cette prétention. Mais dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, la chanson.

Disons, Lucien l’âne mon ami, que c’est là une histoire américaine qui commence bien tard au moment où, venu d’Espagne, le Génois Christophe Colomb, alias Cristoforo Colombo, Christophorus Columbus, Cristóbal Colón, tteint une île des Caraïbes. Juste une petite incise pour faire remarque que ce personnage portait un nom prédestiné quand on le décortique un peu : Ce serait en quelque sorte le pigeon porteur du Christ, une sorte d’Esprit Saint en chair et en os.

À vrai dire, je n’y avais jamais pensé, dit Lucien l’âne en riant. Mais enfin, pourquoi pas ; ce serait une preuve de l’existence de la prédestination. Certains devraient y réfléchir.

Ensuite, je veux dire, car on a perdu le fil, dit Marco Valdo M.I., après l’arrivée du pigeon de Dieu, ensuite donc, rapidement, cet immense continent fut progressivement conquis, asservi et ravagé. Après avoir tracé un parcours historique légèrement elliptique, la chanson réduit son attention aux seuls Zétazunis, passe sur la liquidation des Amérindiens – à mon sens, elle ne fait que suivre son époque ; en 1987, date de sa composition, on ne parlait pas trop de cet aspect de la colonisation. À sa décharge, on ne s’est vraiment rendu compte que récemment que ce fut sans doute un des plus grands génocides de l’histoire humaine. Le décompte actuel estime que rien que sur le territoire des États-unis d’Amérique du Nord, il y avait à l’arrivée des envahisseurs venus d’Europe, environ 18 000 000 d’habitants amérindiens et que rapidement, 90 % ont été liquidés.
La chanson note qu’ils furent pour une part remplacés par des Africains transformés en esclaves. De tout cela, il reste des traces qui ne sont pas près d’être effacées. Toujours en chantant Vive l’Amérique !, la chanson célèbre la grande puissance surarmée actuelle et comment elle traite ses « alliés ». Comme on l’aura compris, ce titre est plein d’une virulente ironie.

Je m’en suis aperçu, répond Lucien l’âne en souriant. Et je suis, comme nombre de gens de ce côté de l’Océan atlantique, assez d’accord de dénoncer aujourd’hui ce qu’elle dénonçait, de dire mon dégoût de cette arrogance et de cette bêtise impériales. Je veux crier de la même façon : Viva l’America ! Cela dit, il nous faut continuer notre tâche et tisser encore et toujours le linceul de ce vieux monde esclavagiste, génocidaire, arrogant, ambitieux, stupide et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !
Vive l’Amérique ! Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !

L’Histoire de l’Amérique est stupéfiante, véritablement !
Quand Christophe Colomb vit au milieu de l’océan
Cette terre splendide, il voulut en faire présent
À la reine pâle d’un royaume d’occident.

Qui était-ce encore ? Oui, Isabelle la catholique. Très bien !

L’Histoire nous raconte que notre Génois
Mourut dans la gêne et la misère loin de chez soi
Et que sa belle Amérique aussitôt on démembra
Pour la donner aux barons, aux princes et au roi.

Vive l’Amérique ! Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !
Vive l’Amérique ! Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !

Les siècles passèrent qui la dépouillaient
Et les peuples qui alors l’habitaient,
S’aperçurent qu’ils avaient un brin exagéré,
Mais ils ne pleurèrent pas sur le lait versé.
Alors, sur leurs frêles navires, les négriers
Volèrent l’Afrique et emplirent leurs voiliers
De tant d’esclaves agiles, de tant de corps sains
Et firent fortune en vendant de l’humain.

Vive l’Amérique ! Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !
Vive l’Amérique ! Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !

Ainsi naquit son industrie et naquit sa prospérité :
D’une main-d’œuvre fournie par des négriers !
Et naquirent les usines d’armes américaines,
Pour de nouvelles expéditions en terres lointaines.
Ainsi naquit le pouvoir de cette grande Nation
Qui a toujours peu de scrupules et trop de prétentions,
Qui veut dominer le monde et mettre les mains
Sur les biens de peuples qu’elle dit « souverains » !

Vive l’Amérique !
Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !
Vive l’Amérique ! Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !

Elle est exceptionnelle cette Histoire des États-Unis ;
Elle nous fait même comprendre que si nous sommes mal ici,
C’est que nous faisons partie de leur grand empire,
Un peu trop à la périphérie, ici, près du cimetière !

Vraiment !

Ils nous donnent quatre sous pour montrer comme ils sont bons,
I
ls nous utilisent comme troupe et nous traitent de couillons,
Ils nous envoient par-delà les mers et les montagnes
À leur place, au feu et à la castagne !


Vive l’Amérique !
Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !
Vive l’Amérique ! Vive l’Amérique !
Vive, Vive l’Amérique !

samedi 21 octobre 2017

Les Présidents, les Indiens et le Général

Les Présidents, les Indiens et le Général

La question indienne ou comment faire disparaître 18 000 000 de personnes pour prendre leur territoire.

Chanson française – Les Présidents, les Indiens et le Général – Marco Valdo M.I. – 2017





Dialogue maïeutique

Donc, Lucien l’âne mon ami, personne ne contestera que les États-Unis d’Amérique soient une grande nation, ni même qu’ils sont une grande puissance qui domine la planète depuis au moins un peu plus d’un demi-siècle, ni qu’ils possèdent la plus puissante force armée du monde.

Certes, Marco Valdo M.I. mon ami, je ne contesterai pas ces affirmations qui me paraissent exactes, du moins pur ce que j’en sais.

Ça tombe bien, dit Marco Valdo M.I., car la chanson e rapporte directement à leur histoire et singulièrement, à la façon dont ils se sont constitués laquelle est fondée sur la spoliation des terres indiennes et l’élimination physique des populations qui y vivaient.

J’avais connaissance de cette expropriation forcée des territoires indiens, dit Lucien l’âne. Ce fut, me semble-t-il, l’application pure et simple de l’adage : « Tire-toi de là que je m’y mette ! » et si j’ai bonne mémoire à peu près l’ensemble de ces expropriés furent tués par les armes ou décimés d’autres façons.

C’est en effet ce qui s’est passé, Lucien l’âne mon ami. Tous les moyens ont été utilisés, y compris l’empoisonnement et l’inoculation de maladies. On y ajouta pour faire bonne mesure l’alcool et la drogue. Tout cela est bien connu. Ce qu’on sait moins c’est que les populations indiennes ainsi réduites à néant étaient composées d’un nombre énorme d’individus. Les calculs établis le plus récemment et le plus scientifiquement chiffrent les victimes de ce génocide à 18 000 000 de personnes. Dix-huit millions de personnes ont été rayées des vivants en quelques dizaines d’années. Et pour atteindre un tel résultat, il a fallu le faire systématiquement. Tel est le décor de notre chanson.

Un tel génocide est proprement consternant, dit Lucien l’âne en raclant le sol avec mépris. Mais qu’en ont dit les autorités de ce pays qui, si je ne m’abuse, se considère comme un défenseur des droits de l’homme, comme une des plus vertueuses démocraties de tous les temps. Elles ont, par exemple, sans doute voulu empêcher pareils massacres et à tout le moins, ont condamné ces agissements criminels.

Détrompe-toi, Lucien l’âne mon ami. Tout au contraire, elles ont encouragé et justifié ces assassinats massifs. C’est le sujet même de la chanson qui reprend (quasiment) mot à mot les propos de plusieurs Présidents des États-Unis et de plusieurs hauts responsables- tous censément des gens respectables. Elle accuse donc nommément d’avoir cautionné le génocide des populations indiennes :

Georges Washington (Président 1)
Benjamin Franklin (Bonhomme Richard)
Thomas Jefferson (Président 3)
James Monroe (Président 5)
John Quincy Adams (Président 6)
Andrew Jackson (Président 7)
John Marshall (Président de la Cour Suprême)
William Henry Harrison (Président 9)
Theodore Roosevelt (Président 26)
Philip Sheridan (général).

Enfin, j’ajoute que j’ai trouvé tous ces renseignements dans un ouvrage scientifique publié par le géographe étazunien, Jared Diamond, intitulé « Le troisième chimpanzé ».

Voyons cette chanson et reprenons notre tâche et tissons de conserve le linceul de ce vieux monde massacreur, spoliateur, expropriateur, génocidaire, suicidaire et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le Président 1 (1732-1799) dit :

Destruction totale de leurs villages,
Dévastation de leurs terres,
Incendier toutes leurs récoltes,
Empêcher leurs moissons nouvelles.

Le Bonhomme Richard (1706-1790) dit :

Les sauvages doivent disparaître
Dit la Providence
Les Cultivateurs de la terre, c’est l’évidence
Sont les seuls maîtres.

Le Président 3 (1743-1826) dit :

Cette race de façon inopinée
Contre la civilisation s’est rebellée.
Elle mérite l’extermination,
Telle est notre décision.

Le Président 5 (1758-1831) dit :

La vie à l’état sauvage est
Incompatible avec le Progrès.
Face au monde civilisé,
Elle doit s’effacer.

Le Président 6 (1767-1848) dit :

Quel droit a le chasseur sur la forêt
Pour y chasser le gibier,
Où il s’aventure sans respect
De notre propriété ?

Le Président 7 (1767-1845) dit :

Ni intelligence, ni assiduité au travail,
Ni désir d’amélioration, ni comportement moral,
Contemporains d’une race supérieure – la nôtre,
Ils doivent se replier et disparaître.

Le Président de la Cour (1755-1835) dit :

La découverte a créé le droit
De mettre fin par conquêtes et achats
À l’occupation par les Indiens
Du territoire américain.

Le Président 9 (1773-1841) dit :

Cette belle partie du globe
Ne peut rester hantée par les sauvages.
Le Créateur lui a donné une destination :
Devenir le siège de la civilisation.

Le Président 26 (1858-1919) dit :

Le colon, le pionnier
Avaient la Justice de leur côté.
Ce continent n’est pas une réserve
Pour d’ignobles sauvages.


Conclusion du général (1831-1888) :

« Je le redis encore :
Les seuls bons Indiens
Sont les Indiens
Morts ! »