Ces Gens-là
Chanson
de langue française – Ces
Gens-là – Jacques Brel – 1966
Mais quand même… Alors, Brel… |
« Et
si la France n'était pas la France, tous les Français seraient des
étrangers ! », disait Pierre Dac se remémorant De
Gaulle. Et si la chanson française n'était pas française ?
Comment faut-il dire ? Donc, il y a la chanson française et la
chanson de langue française – Zacharie Richard, par exemple ou
Claude Léveillée ou Diane Dufresne ou Eddie Constantine… Mais
quand même… Alors, Brel… Lucien l'âne mon ami, Brel,
c'est toute une histoire. D'abord, on l'aime. Et puis, on ne l'aime
plus. Et on ne sait pas pourquoi. Et puis, on l'aime de retour. Pour
de bon, cette fois. On ne sait toujours pas pourquoi. Enfin, on
l'aime toujours, même s'il n'est plus là. Enfin, c'est mon histoire
à moi. Cette histoire de rien que je t'ai racontée là. Mais enfin,
quand on l'entend, quand on le voit, quand on l'entend en le voyant,
quand on le voit en l'écoutant… C'est toute une histoire, ce
Brel-là. Bien des gens en savent plus que moi sur lui et bien sûr,
d'autres gens gens en savent beaucoup plus sur moi que lui. Et puis,
il y a l'autre, celui que je n'aime pas, un Brel aussi déguisé en
scout, celui-là je ne l'aimais pas. Je ne l'aime toujours pas.
Comme
je te comprends, Marco Valdo M.I., mon ami. Il y a bien eu deux Brels
et on peut ne pas aimer les scouts. Moi non plus, j'aime ce Brel-là.
Ceci dit, en ce début d'année, te voilà bien caustique !
D'abord,
pour les scouts, j'aimais bien Hamster Jovial. Et puis, c'est
peut-être bien la faute à 2015, un an caustique ! Enfin,
passons ! Je disais tout ça de Brel, car je suis tout pantois
devant une chanson comme ça à me demander pourquoi elle est si
comme ci, si comme ça… Elle a l'air de rien dire, et elle dit
tant. Elle va au cœur des gens, au cœur de ces gens-là, au cœur
de ce monde-là, ce monde où macère une humanité vague, où se
ruminent d’étranges sentiments... de l'envie, de l'ambition. C'est
dans ce bourbier-là, Monsieur, dans ce bourbier-là où ça clapote,
dans ce bourbier-là qu'on clabaude, où fermentent les miasmes qui
empuantent et où prospèrent de grandes haines contre l'exogène.
Donc, canzone du fond du marigot de la peste brune, bleue, verte,
noire… On en a tout un spectre… Les chemises, ah, les
chemises... Méfiez-vous des chemises, quand elles se rassemblent,
quand elles pullulent, même quand elles sont blanches ou claires.
Bref, il y a là, dans la chanson de Brel, tout un peuple… Bien
décrit. On le reconnaîtra aisément.
Quand
je disais, dit Lucien l'âne d'un ton sombre comme le bout de ses
cils, quand je disais que dans la Guerre
de Cent Mille Ans , que
les riches font aux pauvres afin d'assurer leurs richesses et de
pouvoir les étendre indéfiniment, l'important était de choisir son
camp et ses rêves… À chaque seconde, à chaque moment de la vie. Brel a raison : « Faut
pas jouer les riches - Quand on n´a pas le sou ».
Je formulerais la chose un peu différemment : "Faut pas se mettre dans le camp des riches quand on n'a pas le goût". Nous
on a choisi le nôtre, cap en avant toute, moussaillon et reprenons
notre minuscule tâche et tissons le linceul de ce vieux monde
convenable, croyant, crédule, prospère et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
À propos d'Hamster Jovial, pour ceux qui ne le connaissent pas...
le voici :
Hamster Jovial
et en image :
Hamster Jovial
Un gars sympa, non ?
Cordial
Lucien Lane
D’abord, d’abord, il y a l’aîné ;
Lui qui est comme un melon,
Lui qui a un gros nez,
Lui qui ne sait plus son nom,
Monsieur, tellement qu´il boit,
Tellement qu´il a bu,
Qui ne fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n´en peut plus,
Lui qui est complètement cuit,
Et qui se prend pour le roi,
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu´on retrouve matin
Dans l´église qui roupille
Raide comme une saillie,
Blanc comme un cierge de Pâques
Et puis qui balbutie
Et qui a l´œil qui divague.
Il faut vous dire, Monsieur,
Que chez ces gens-là,
On ne pense pas, Monsieur,
On ne pense pas, on prie.
Et puis, il y a l´autre
Des carottes dans les cheveux,
Qui n'a jamais vu un peigne,
Qui est méchant comme une teigne,
Même qu´il donnerait sa chemise
À des pauvres gens heureux ;
Qui a marié la Denise,
Une fille de la ville,
Enfin, d´une autre ville
Et que ce n´est pas fini,
Qui fait ses petites affaires
Avec son petit chapeau,
Avec son petit manteau,
Avec sa petite auto,
Qui aimerait bien avoir l´air
Mais qui n'a pas l´air du tout –
Faut
pas jouer les riches
Quand on n´a pas le sou –
Il faut vous dire, Monsieur,
Que chez ces gens-là,
On ne vit pas, Monsieur,
On ne vit pas, on triche.
Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n´importe quoi.
Et du soir au matin,
Sous sa belle gueule d´apôtre
Et dans son cadre en bois,
Il y a la moustache du père
Qui est mort d´une glissade
Et qui regarde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands slurps,
Et ça fait des grands slurps.
Et puis, il y a la toute vieille
Qui n'en finit pas de vibrer
Et qu´on attend qu´elle crève
Vu que c´est elle qui a l´oseille
Et qu´on n´écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent.
Il faut vous dire, Monsieur,
Que chez ces gens-là,
On ne cause pas, Monsieur,
On ne cause pas, on compte.
Et puis et puis
Et puis, il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m´aime pareil
Que moi j´aime Frida.
Même qu´on se dit souvent
Qu´on aura une maison
Avec des tas de fenêtres,
Avec presque pas de mur,
Et qu´on vivra dedans,
Et qu´il fera bon y être,
Et que si ce n´est pas sûr,
C´est quand même peut-être
Parce que les autres ne veulent pas,
Parce que les autres ne veulent pas.
Les autres, ils disent comme ça,
Qu´elle est trop belle pour moi,
Que je suis tout juste bon
À égorger les chats.
Je n´ai jamais tué de chats,
Ou alors, il y a longtemps,
Ou bien, j´ai oublié,
Ou ils ne sentaient pas bon.
Enfin, ils ne veulent pas.
Parfois quand on se voit –
Semblant que ce n´est pas exprès –
Avec ses yeux mouillants,
Elle dit qu´elle partira,
Elle dit qu´elle me suivra.
Alors pour un instant,
Pour un instant seulement,
Quand on n´a pas le sou –
Il faut vous dire, Monsieur,
Que chez ces gens-là,
On ne vit pas, Monsieur,
On ne vit pas, on triche.
Et puis, il y a les autres
La mère qui ne dit rien
Ou bien n´importe quoi.
Et du soir au matin,
Sous sa belle gueule d´apôtre
Et dans son cadre en bois,
Il y a la moustache du père
Qui est mort d´une glissade
Et qui regarde son troupeau
Bouffer la soupe froide
Et ça fait des grands slurps,
Et ça fait des grands slurps.
Et puis, il y a la toute vieille
Qui n'en finit pas de vibrer
Et qu´on attend qu´elle crève
Vu que c´est elle qui a l´oseille
Et qu´on n´écoute même pas
Ce que ses pauvres mains racontent.
Il faut vous dire, Monsieur,
Que chez ces gens-là,
On ne cause pas, Monsieur,
On ne cause pas, on compte.
Et puis et puis
Et puis, il y a Frida
Qui est belle comme un soleil
Et qui m´aime pareil
Que moi j´aime Frida.
Même qu´on se dit souvent
Qu´on aura une maison
Avec des tas de fenêtres,
Avec presque pas de mur,
Et qu´on vivra dedans,
Et qu´il fera bon y être,
Et que si ce n´est pas sûr,
C´est quand même peut-être
Parce que les autres ne veulent pas,
Parce que les autres ne veulent pas.
Les autres, ils disent comme ça,
Qu´elle est trop belle pour moi,
Que je suis tout juste bon
À égorger les chats.
Je n´ai jamais tué de chats,
Ou alors, il y a longtemps,
Ou bien, j´ai oublié,
Ou ils ne sentaient pas bon.
Enfin, ils ne veulent pas.
Parfois quand on se voit –
Semblant que ce n´est pas exprès –
Avec ses yeux mouillants,
Elle dit qu´elle partira,
Elle dit qu´elle me suivra.
Alors pour un instant,
Pour un instant seulement,
Pour
un instant
Alors moi je la crois, Monsieur,
Pour un instant,
Pour un instant seulement, Monsieur.
Parce que chez ces gens-là,
Monsieur, on ne s´en va pas.
On ne s´en va pas, Monsieur,
On ne s´en va pas
Alors moi je la crois, Monsieur,
Pour un instant,
Pour un instant seulement, Monsieur.
Parce que chez ces gens-là,
Monsieur, on ne s´en va pas.
On ne s´en va pas, Monsieur,
On ne s´en va pas
On
ne s'en va pas...
Mais il est tard, Monsieur
Il faut que je rentre
Mais il est tard, Monsieur
Il faut que je rentre
Chez
moi.