dimanche 20 août 2017

LE PERROQUET

LE PERROQUET

Version française – LE PERROQUET – Marco Valdo M.I. - 2017
Chanson italienne - Il pappagallo - Sergio Endrigo – 1973
Texte de Vinícius De Moraes, Sergio Endrigo, Sergio Bardotti
Musi
que de Luis Enriquez Bacalov et Sergio Endrigo


En 1973, Endrigo collabore avec De Moraes à un disque qui raconte douze chansons pour enfants consacrées aux animaux, dont quelques traductions de chansons brésiliennes.

Comme le rappelle Vito Vita, « Le Perroquet », est cependant seulement en apparence une chanson pour enfants, mais qui en réalité, parle figurativement du Brésil, dans cette période de féroce dictature militaire (« Perroquet brésilien, Ton Brésil maintenant est loin.Toi, tu es né libre, Mais tu as oublié Que tu es né libre ! »), et ce n’est pas un hasard, si le morceau a été reproposé par Alessio Lega.


Dialogue maïeutique

Tu vois, Lucien l’âne mon ami, cette fois, je t’apporte la version française d’une chanson italienne, écrite par un poète, musicien, chanteur brésilien Vinicius De Moraes avec un chanteur italien, Sergio Endrigo ; elle parle d’un perroquet vert à l’œil jaune, connu dans le monde sous le nom de perroquet du Brésil et la chanson en fait une mascotte, un symbole, une allégorie, une métaphore.

Oh, mais je le connais ce perroquet vert à l’œil jaune et crois-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, il cause, il cause, comme disait Laverdure, qui en était un. J’ai l’idée qu’il parle beaucoup et même, beaucoup trop, surtout la fois où il s’était posé sur ma tête tandis que je déambulais pour me causer plus commodément, mais si près de mes oreilles, si sensibles. Quelle cacophonie! À ce propos, laisse-moi te conter une histoire vraie qui est arrivée à un Koweïtien qui avait eu l’idée saugrenue d’importer un perroquet vert à l’œil jaune qui parle si bien. Comme tu le sais, cette sorte de perroquet est particulièrement douée ce qu’elle entend et pour se souvenir longtemps e ce qu’elle entend et pour le répéter fidèlement et obstinément. C’est ainsi que cet homme a failli finir en prison du fait que le perroquet répétait à l’épouse du Monsieur tous les mots d’amour que le mari volage disait à la servante. Madame a donc porté plainte et comme au Koweit, on ne badine pas avec l’amour, l’adultère y est considéré comme un délit et poursuivi comme tel. Le perroquet a répété une fois de plus tout au juge. Finalement, tout s’est bien terminé pour Monsieur qui ne fut pas condamné, sans doute moins bien pour le couple et on ne connaît pas le destin ultérieur du perroquet. Mais cela dit, quand même, je le trouve fort sympathique ce volatile et pour un oiseau de son espèce, assez joli, malgré ce bec étrange tout courbé.

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, ce perroquet sympathique en cache un autre, bien inquiétant au regard de ce qui se passe actuellement au Brésil. Je m’explique : mais avant d’aller vers ce qui se passe aujourd’hui là-bas, il faut d’abord noter deux ou trois choses relative à la chanson elle-même : l’année où elle a été écrite, son auteur et le fait qu’elle parle de ce perroquet. Il faut aussi commencer par les couleurs du perroquet et de son œil, qui sont – dit la chanson – le vert et le jaune et sont par ailleurs, les couleurs du Brésil lui-même ; ce qui explique le choix de cet élégant psittacidé comme fétiche.

Dans le fond, dit Lucien l’âne, pourquoi pas un perroquet ? Ça se justifie pleinement, car dans les forêts de ce grand pays, ils sont nombreux. On peut considérer que c’est leur pays ; ce serait moins évident pour le Groenland et puis, j’ai un faible pour son œil cerclé de jaune, j’aimerais bien en avoir de pareils.

Soit, Lucien l’âne mon ami, je te verrai dorénavant avec un œil cerclé de jaune et si tu le veux, je t’imaginerai couvert de plumes vertes et même, rouges ou bleues. Tu seras tout chou. Tu seras l’âne vert à l’œil jaune. C’est décidé ! Maintenant, j’en reviens à notre chanson et d’abord à Vinicius de Moraes, qui est un poète, chanteur brésilien en l’exil ; et ensuite, à l’année où elle a été écrite : 1973. Où en était-on au Brésil à cette époque-là ? Faisons court : le Brésil se débattait en plein dans les « années de plomb » auxquelles il était soumis depuis 1968, une période de terreur d’État comparable à ce qui se passe actuellement en Turquie (mais pas seulement en Turquie), où les artistes, les fonctionnaires, les policiers, les militaires, les étudiants, les travailleurs, les paysans, les syndicalistes, les opposants en tous genres sont surveillés et poursuivis jusqu’à l’étranger, arrêtés, torturés, mis en prison ; souvent même, liquidés. Parallèlement à cela, le pays connaît une espèce de croissance toxique et une corruption galopante, surtout parmi les plus hauts dirigeants. Curieusement, après une transition moins oppressante et moins oppressive entre les années 1980 et maintenant, le Brésil recommence à développer pareil régime. Certes, les militaires – en tant que tels ne sont plus au pouvoir, mais pour le reste, on est dans une même ambiance de misère accrue, d’exploitation renforcée, de triomphalisme des gens au pouvoir, de répression et de terreur systématiques.

Halte-là, Marco Valdo M.I., on n’est pas ici pour faire un cours d’histoire contemporaine ou même, un reportage sur tel ou tel pays ; on veut juste présenter une chanson et d’après ce qui vient d’être raconté, on voit combien elle est à nouveau d’actualité. Mais nous le savons que ce genre de situation se répète infiniment dans la Guerre de Cent Mille Ans  que les riches font aux pauvres sans discontinuer. Cependant, reprenons notre tâche qui est de tisser le linceul de ce vieux monde dictatorial, mensonger, corrompu, ambitieux, avide, délirant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Quel chouette perroquet !
Tout vert, l’œil jaune.
Que fais-tu, que veux-tu ?
Tu parles, parles, parles, parles.
Je parle, parle, parle, parle.
Quel chouette perroquet !
Tout vert, l’œil jaune.
Quel chouette perroquet !
Je parle, parle, parle, tu sais.
Tout vert, l’œil jaune,
Qu’il est chouette ce perroquet !

Quel triste perroquet !
Tout vert, l’œil jaune.
Que faire quand tu es triste ?
Chante, chante comme un coquelet.
Je chante, chante, chante, chante,
Je suis un perroquet triste,
Toujours seul comme un coquelet.
Je suis un triste perroquet,
Je chante, chante, chante, mais
Toujours seul comme un coquelet,
Je suis un triste perroquet.

Perroquet, quel malheur !
Tu es vieux et
tu es un enfant
De tant et tant d’ans,
Un enfant de cent
ans.
Je pleure et
je ris, je ris et je pleure.
Perroquet,
quel malheur !
J’ai
cent ans et je suis un enfant,
Perroquet,
quel malheur !
J’ai cent ans et je suis enfant,
Perroquet,
quel malheur !


Perroquet brésilien,
Ton Brésil maintenant est loin.
T
oi, tu es né libre,
Mais tu as oublié
Que tu es né libre !
Tu l’as oublié !
Tu parles fort et t
u penses peu,
Perroquet brésilien.
Tu
l’as oublié,
Tu parles fort et
tu penses peu,
Perroquet brésilien.