Version
française – LE PERROQUET – Marco Valdo M.I. - 2017
Chanson
italienne - Il pappagallo - Sergio
Endrigo – 1973
Texte
de Vinícius
De Moraes, Sergio Endrigo, Sergio Bardotti
Musique de Luis Enriquez Bacalov et Sergio Endrigo
Musique de Luis Enriquez Bacalov et Sergio Endrigo
En
1973, Endrigo collabore avec De Moraes à un disque qui raconte douze
chansons pour enfants consacrées aux animaux, dont quelques
traductions de chansons brésiliennes.
Comme
le rappelle Vito Vita, « Le Perroquet », est cependant
seulement en apparence une chanson pour enfants, mais qui en réalité,
parle figurativement du Brésil, dans cette période de féroce
dictature militaire (« Perroquet brésilien, Ton Brésil
maintenant est loin.Toi, tu es né libre, Mais tu as oublié Que tu
es né libre ! »), et ce n’est pas un hasard, si le
morceau a été reproposé par Alessio Lega.
Dialogue
maïeutique
Tu
vois, Lucien l’âne mon ami, cette fois, je t’apporte la version
française d’une chanson italienne, écrite par un poète,
musicien, chanteur brésilien Vinicius De Moraes avec un chanteur
italien, Sergio Endrigo ; elle parle d’un perroquet vert à
l’œil jaune, connu dans le monde sous le nom de perroquet du
Brésil et la chanson en fait une mascotte, un symbole, une
allégorie, une métaphore.
Oh,
mais je le connais ce perroquet vert à l’œil jaune et crois-moi,
Marco Valdo M.I. mon ami, il cause, il cause, comme disait Laverdure,
qui en était un. J’ai l’idée qu’il parle beaucoup et même,
beaucoup trop, surtout la fois où il s’était posé sur ma tête
tandis que je déambulais pour me causer plus commodément, mais si
près de mes oreilles, si sensibles. Quelle cacophonie! À ce propos,
laisse-moi te conter une histoire vraie qui est arrivée à un
Koweïtien qui avait eu l’idée saugrenue d’importer un perroquet
vert à l’œil jaune qui parle si bien. Comme tu le sais, cette
sorte de perroquet est particulièrement douée ce qu’elle entend
et pour se souvenir longtemps e ce qu’elle entend et pour le
répéter fidèlement et obstinément. C’est ainsi que cet homme a
failli finir en prison du fait que le perroquet répétait à
l’épouse du Monsieur tous les mots d’amour que le mari volage
disait à la servante. Madame a donc porté plainte et comme au
Koweit, on ne badine pas avec l’amour, l’adultère y est
considéré comme un délit et poursuivi comme tel. Le perroquet a
répété une fois de plus tout au juge. Finalement, tout s’est
bien terminé pour Monsieur qui ne fut pas condamné, sans doute
moins bien pour le couple et on ne connaît pas le destin ultérieur
du perroquet. Mais cela dit, quand même, je le trouve fort
sympathique ce volatile et pour un oiseau de son espèce, assez joli,
malgré ce bec étrange tout courbé.
Eh
bien, Lucien l’âne mon ami, ce perroquet sympathique en cache un
autre, bien inquiétant au regard de ce qui se passe actuellement au
Brésil. Je m’explique : mais avant d’aller vers ce qui se
passe aujourd’hui là-bas, il faut d’abord noter deux ou trois
choses relative à la chanson elle-même : l’année où elle a
été écrite, son auteur et le fait qu’elle parle de ce perroquet.
Il faut aussi commencer par les couleurs du perroquet et de son œil,
qui sont – dit la chanson – le vert et le jaune et sont par
ailleurs, les couleurs du Brésil lui-même ; ce qui explique le
choix de cet élégant psittacidé comme fétiche.
Dans
le fond, dit Lucien l’âne, pourquoi pas un perroquet ? Ça se
justifie pleinement, car dans les forêts de ce grand pays, ils sont
nombreux. On peut considérer que c’est leur pays ; ce serait
moins évident pour le Groenland et puis, j’ai un faible pour son
œil cerclé de jaune, j’aimerais bien en avoir de pareils.
Soit,
Lucien l’âne mon ami, je te verrai dorénavant avec un œil cerclé
de jaune et si tu le veux, je t’imaginerai couvert de plumes vertes
et même, rouges ou bleues. Tu seras tout chou. Tu seras l’âne
vert à l’œil jaune. C’est décidé ! Maintenant, j’en
reviens à notre chanson et d’abord à Vinicius de Moraes, qui est
un poète, chanteur brésilien en l’exil ; et ensuite, à
l’année où elle a été écrite : 1973. Où en était-on au
Brésil à cette époque-là ? Faisons court : le Brésil
se débattait en plein dans les « années de plomb »
auxquelles il était soumis depuis 1968, une période de terreur
d’État comparable à ce qui se passe actuellement en Turquie (mais
pas seulement en Turquie), où les artistes, les fonctionnaires, les
policiers, les militaires, les étudiants, les travailleurs, les
paysans, les syndicalistes, les opposants en tous genres sont
surveillés et poursuivis jusqu’à l’étranger, arrêtés,
torturés, mis en prison ; souvent même, liquidés.
Parallèlement à cela, le pays connaît une espèce de croissance
toxique et une corruption galopante, surtout parmi les plus hauts
dirigeants. Curieusement, après une transition moins oppressante et
moins oppressive entre les années 1980 et maintenant, le Brésil
recommence à développer pareil régime. Certes, les militaires –
en tant que tels ne sont plus au pouvoir, mais pour le reste, on est
dans une même ambiance de misère accrue, d’exploitation
renforcée, de triomphalisme des gens au pouvoir, de répression et
de terreur systématiques.
Halte-là,
Marco Valdo M.I., on n’est pas ici
pour faire un cours
d’histoire contemporaine ou même, un reportage sur tel ou tel
pays ; on veut juste présenter une chanson et
d’après ce qui vient d’être raconté, on voit combien elle est
à nouveau d’actualité. Mais
nous le savons que ce genre de situation se répète infiniment dans
la Guerre
de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres sans
discontinuer. Cependant, reprenons notre
tâche qui est de tisser le linceul de ce vieux monde dictatorial,
mensonger, corrompu, ambitieux, avide, délirant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Quel
chouette perroquet !
Tout vert, l’œil jaune.
Que fais-tu, que veux-tu ?
Tu parles, parles, parles, parles.
Je parle, parle, parle, parle.
Quel chouette perroquet !
Tout vert, l’œil jaune.
Quel chouette perroquet !
Je parle, parle, parle, tu sais.
Tout vert, l’œil jaune,
Qu’il est chouette ce perroquet !
Tout vert, l’œil jaune.
Que fais-tu, que veux-tu ?
Tu parles, parles, parles, parles.
Je parle, parle, parle, parle.
Quel chouette perroquet !
Tout vert, l’œil jaune.
Quel chouette perroquet !
Je parle, parle, parle, tu sais.
Tout vert, l’œil jaune,
Qu’il est chouette ce perroquet !
Quel
triste perroquet !
Tout vert, l’œil jaune.
Que faire quand tu es triste ?
Chante, chante comme un coquelet.
Je chante, chante, chante, chante,
Je suis un perroquet triste,
Toujours seul comme un coquelet.
Je suis un triste perroquet,
Je chante, chante, chante, mais
Tout vert, l’œil jaune.
Que faire quand tu es triste ?
Chante, chante comme un coquelet.
Je chante, chante, chante, chante,
Je suis un perroquet triste,
Toujours seul comme un coquelet.
Je suis un triste perroquet,
Je chante, chante, chante, mais
Perroquet,
quel malheur !
Tu es vieux et tu es un enfant
De tant et tant d’ans,
Un enfant de cent ans.
Je pleure et je ris, je ris et je pleure.
Perroquet, quel malheur !
J’ai cent ans et je suis un enfant,
Perroquet, quel malheur !
J’ai cent ans et je suis enfant,
Perroquet, quel malheur !
Tu es vieux et tu es un enfant
De tant et tant d’ans,
Un enfant de cent ans.
Je pleure et je ris, je ris et je pleure.
Perroquet, quel malheur !
J’ai cent ans et je suis un enfant,
Perroquet, quel malheur !
J’ai cent ans et je suis enfant,
Perroquet, quel malheur !