jeudi 8 mai 2014

Les Volontaires

Les Volontaires

Chanson française – Les Volontaires – Jean-Baptiste Clément – 1873
Musique de Marcel Legay
http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47284




Les gars à poil de ce temps-là
Voulurent qu'on les appela
Les volontaires...









Petit rappel historique à l'usage des bonnes gens.
« Dans le cours de l'année 1791, une coalition se forme contre la France alors en pleine Révolution. L’émigration se renforce de plus en plus. Le roi et sa cour se disposent à fuir. Les frontières de la France sont menacées. Conformément à l'article 14 de la loi du 15 juin 1791, un registre est ouvert, dans chaque district, pour l'inscription des Volontaires nationaux appelés à la défense du territoire.
L’entrée en guerre de la Prusse aux côtés de l’Autriche le 6 juillet 1792 oblige l’Assemblée législative à contourner le veto royal en proclamant, le 11 juillet 1792, la patrie en danger et en demandant à tous les volontaires d'affluer vers Paris. »
C'est bien à ces volontaires que renvoie la chanson de Jean-Baptiste Clément.






Oh, dit Lucien l'âne en passant la langue, je me demande, Marco Valdo M.I. mon ami, comment on va pouvoir faire de ces volontaires qui partent en guerre, une chanson contre la guerre ?






En fait, Lucien l'âne mon ami, c'est assez simple. Car quoi qu'il en adviendra par la suite, ces volontaires qui étaient en même temps pour la plus grande part, des gens du peuple et du petit peuple, bref, des pauvres – dont la solde parfois était la sauvegarde, ces volontaires se levèrent pour aller défendre cette révolution, cette libération qu'ils venaient de conquérir et qui effrayait tant le reste de l'Europe. Comme on le sait , dans la Guerre de Cent Mille Ans, les riches et les puissants ont toujours détesté, condamné, vilipendé, saboté et attaqué toute avancée vers une libération de l'oppression et de l'exploitation. Les formes de ces avancées ont varié selon les époques, mais toujours la répression fut à la mesure de la peur qui saisit les maîtres du jeu social. On peut citer Spartacus, les paysans allemands à la suite de Münzer, les Vaudois-Valdésiens... et bien entendu, entre autres, la France de la Révolution. En ce temps-là, contre cette dernière, ils s'étaient tous coalisés : des Empereurs et Rois du continent aux commerçants et financiers des bords de la Tamise. Et on lui fit la guerre durant plus de vingt ans...






Mais enfin, quand même l'Empire, l'Empereur, ses Rois et toute sa noblesse, ses nouveaux et anciens riches ne correspondaient pas à ce qu'ils avaient espéré... C'est le moins qu'on puisse en dire...






Que l'espérance des Volontaires ait été ensuite trahie, qu'ils aient été proprement roulés dans la farine par les nouveaux Maîtres arrivés au pouvoir en France-même, ne change rien à l'immense appétit de Justice et de Liberté qui mobilisait ces « gars à poil de ce temps-là » qui étaient pour l'essentiel des paysans sans terre qui en avaient marre de l'esclavage et de la misère. Mais cependant, c'étaient les volontaires de la Liberté et ils se mettaient route contre la Guerre que les riches et les puissants leur faisaient... C'est donc bien une chanson contre la guerre...






Curieux quand même, ces armées de volontaires qui s'en allèrent contre la guerre les armes à la main... Mais peut-être n'ont-ils pas trouvé d'autres moyens de se protéger contre les fauteurs de guerre et les sbires de leurs anciens exploiteurs... toujours désireux de récupérer leurs domaines et leurs sinécures. Et ce peuple de paysans pauvres fut victime de sa propre générosité... Il avait du tempérament... Le reste de l'histoire est une lutte entre riches et puissants, une explication entre gangs rivaux... Et crois-moi, c'est encore le cas à présent... À nous, il ne nous reste que ce que nous pouvons faire, là maintenant et à notre manière, autrement dit tisser nous-aussi le linceul de ce vieux monde sans cesse renaissant, de ce vieux monde mercantile, répressif, dominateur, contrôleur et cacochyme.






Heureusement !






Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Comme ils étaient fort entêtés
Quand ils avaient leurs volontés
Nos vaillants pères !
Les gars à poil de ce temps-là
Voulurent qu'on les appela
Les volontaires,

Au pays où l'on fait du vin,
Où la vigne est le médecin
Des poitrinaires,
Les hommes sont si bien bâtis
Que tous, un jour, grands et petits,
Sont volontaires.

Mal équipés, en gros sabots,
Ils coururent, le sac au dos,
À nos frontières,
Avec la Marseillaise au cœur,
Et du courage à faire peur
Des volontaires.

On ne voyait point de musards,
Point de poussifs, point de traînards
Dans les ornières.
La Liberté donnait du nerf,
Des pieds et des jarrets de cerf
Aux volontaires.

Aussi ce ne fut pas bien long
De reclouer le pavillon
Sur nos frontières.
Liberté, mère des héros,
Ils avaient du feu dans les os,
Tes volontaires.

Liberté, c'était en ton nom
Qu'ils se faisaient chair à canons
Et de civières !
O Patronne ! Quand vous hurlez,
Ça fourmille comme les blés,
Les volontaires.


BALLADE DE L'ARMÉE DES INVALIDES

BALLADE DE L'ARMÉE DES INVALIDES

Version française – BALLADE DE L'ARMÉE DES INVALIDES – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson allemande – Ballade von der Krüppelgarde – Robert Gilbert – 1930
Texte de Robert David Winterfeld alias Robert Gilbert (1899-1978), signé par la suite du pseudonyme David Weber (et ce n'était pas le seul dont il usait). Il semble qu'il ait tiré son adaptation d'une chanson de Jean-Baptiste Clément, mais je ne sais pas laquelle.
Musique de Hanns Eisler.
Interprétation Ernst Busch.



Nous ne pouvons pas marcher au pas,
La plupart d'entre nous n'ont qu'une jambe.



Ah, Lucien l'âne mon ami, as-tu mémoire d'avoir rencontré pareille bande d'éclopés ? Mais avant d'aller plus loin, deux mots à propos du nom de cet incroyable défilé... Une traduction littérale serait : la garde des boiteux, des éclopés, des estropiés ou la garde boiteuse, éclopée, estropiée, infirme... Finalement, j’ai penché pour les invalides en référence à cet Hôtel des Invalides à Paris où depuis Louis XIV, sont hébergés ces militaires endommagés... Quant à la Garde , le mot ne recouvre pas la même chose en français qu'en allemand et vu le nombre, le mot « armée » conviendrait mieux. Et puis, j'avais en tête certain général de l'armée morte ou de l'armée des morts, que raconte Ismail Kadaré et qu'interpréta Marcello Mastroiani. D'où, cette « armée des invalides ».


Je trouve, en effet, Marco Valdo M.I. mon ami, que voilà un excellent titre. Quant à ta question des éclopés, j'ai vu de telles bandes de dégingandés bien des fois à commencer par celle des Dix Mille de Xénophon, en passant par la première Croisade [[9491]], les croisades en général et l’inénarrable Huitième, en particulier et les retraites de Russie – française, européenne, allemande, italienne... Et comme tu le sais sans doute, j'en ai vues plusieurs de mes propres yeux d'âne... En plus, ces gens-là ne rêvaient que de me manger... Autant te dire que je me suis tenu à l'écart de ces joyeux troupiers.


Tu as bien fait, Lucien l'âne mon ami. Car vaut mieux un âne vivant qu'un Lucien mort.


Maintenant, pour ta question, si je n'ai aucune idée à ce sujet, même vague, il me semble à voir ton œil qui vibre que toi, tu en as une... Alors, de quoi s'agit-il ? Aurais-tu une réponse à cette question concernant une chanson de Jean-Baptiste Clément ?


Tu as l’œil, Lucien l'âne mon ami et de fait, j'ai trouvé une chanson de Jean-Baptiste Clément qui me semble, car je n'ai pas pu m'en assurer plus que ça auprès de Robert Gilbert, alias alias... chanson qui me semble être « Les Volontaires », que je vais m'empresser de proposer comme Chanson contre la Guerre, car c'en est une assurément. Quoique ces volontaires ont l'air en meilleure forme que cette armée de stropiats, d'impotents, d'unijambistes... Sauf à la fin où :
« ...ils se faisaient chair à canons
Et de civières ! »


Évidemment, c'est ce qui attend tous ceux qui se précipitent la fleur au fusil au devant des canons et des pétoires ennemis. Quoi qu'il en soit, tu auras traduit une chanson et tu en apporteras une autre et c'est fort bien. Peut-être finira-t-on par dire que tu t'es gourré et que ce n'était pas « Les Volontaires », mais une autre chanson de Clément qui a servi de base à celle-ci... et donc quelqu'un te démentira...


Ce n'en sera que mieux, car alors, il apportera une autre chanson de Jean-Baptiste Clément, auteur dont je crois bien qu'une bonne part de la production mériterait d'être reprise ici...


Restons-en là, si tu veux bien, pour le moment et reprenons notre tâche qui est de tisser le linceul de ce vieux monde exploiteur, propriétaire, belliciste et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Nous sommes l'armée des invalides,
La plus belle armée du monde ;
Nous sommes presque un milliard,
En comptant les morts.

Les morts ne suivent pas,
Ils doivent rester en terre
Nous ne pouvons pas marcher au pas,
La plupart d'entre nous n'ont qu'une jambe.

Notre lieutenant se terre sous terre
Notre capitaine a un moignon
Notre maréchal est à terre,
Ce n'est plus qu'un tronc.

Nous sommes l'armée des invalides
Un homme sur deux a des membres de bois.
Les prothèses sont beaucoup plus belles.
Les aveugles lisent encore mieux avec les doigts.

Même si nous boitons, contre vous nous marcherons
Même si nous perdons à gauche la jambe droite dans l'action.
Nous sommes l'armée des invalides, le plus fort des bataillons
Et la fière avant-garde de la révolution