mercredi 28 novembre 2018

OHÉ CAPITAINE !


OHÉ CAPITAINE !


Version française – OHÉ CAPITAINE ! – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson italienne – Ehi CapitanoBandabardò2018
Te
xte de Jacopo Fo
Musi
que d’Erriquez



Un cœur d’or sous la peau
Et la force du taureau !



Pourquoi veulent-ils tous sauver ces réfugiés ? Voici l’histoire d’un groupe d’immigrées fortunées arrivées sur les côtes italiennes.

AVEC LA NOUVELLE CHANSON DE BANDABARDO’! ! !

Comment pouvons-nous parler aux personnes qui sont convaincues que le premier problème de l’Italie soit les réfugiés extracommunautaires noirs ?

On a envie de dire que notre urgence, ce sont les mafias, la bureaucratie, la lenteur de la justice, la corruption et la stupidité. Ils ont l’esprit fermé comme le cœur. Il suffit de lire certains messages qui inondent l’espace des commentaires aux articles et qui font appel à la solidarité humaine et au bon sens.

Pour chercher à dénouer les blocages émotionnels qui sont derrière cette culture de la peur, il ne nous reste plus qu’à user de l’ancienne arme des réparties comiques et à démasquer ainsi le racisme, parfois inconscient, qui alimente cette culture.

Et alors essayons de changer l’image des canots pneumatiques et mettons dessus de pauvres extracommunautaires d’une autre race : les Norvégiennes. La Norvège en effet est hors de l’Union Européenne, donc elles sont extracommunautaires…

Notre espoir est de réussir à faire réfléchir pendant un instant sur les préjugés : si elles étaient belles, blondes et en bikini, en voudrions-nous ?

Aidez-nous à faire circuler cette vidéo ! Un rire les amènera peut-être à se poser l’une ou l’autre question.

Dialogue Maïeutique

Dis-moi, Marco Valdo M.I., elle m’a l’air amusante cette chanson. J’aimerais savoir si je me trompe lorsque je pense que quand elle dit : « Elles ont des nichons ronds », elle fait allusion à certaine chanson à propos des Bretons, dont le refrain est :

« Ils ont des chapeaux ronds,
Vive la Bretagne
 !
Ils ont des chapeaux ronds,
Vive les Bretons
 ! »

Est-ce une chanson du même genre, toute baignée d’ironie et de gaie acidité ? Elle me rappelle aussi certaine chanson de marin assez gaillarde, dont le refrain est plus ou moins celui-ci :

« Et le navire revint en France
Avec une vérole, mes agneaux,
Qui fut donnée à tout Bordeaux !
Tirons un coup, tirons en deux,
À la santé des amoureux ! »

Bien sûr, Lucien l’âne mon ami, qu’il y a de ça dans la chanson de la Bandabardò. En somme, il s’agit de ridiculiser le nationalisme et son pendant culturel, le racisme ; le mélange des deux, leur symbiose, leur synthèse est le fascisme. Ajoute-z-y des racines chrétiennes et tu as le portrait d’une détestable Italie d’aujourd’hui (et d’hier). Mais il y a plus alarmant : on ne peut pas se contenter de fustiger cette Italie et ces Italiens exclusivistes, car cette maladie sociale, cette virose de l’intolérable stupidité nationale s’étend à nouveau rapidement et imprègne de plus en plus ce vieux monde, un vieux monde immonde, peureux et avare, inhospitalier et barbare, qui semble atteint d’une sorte de cancer le conscience et d’une déficience chronique de l’intelligence. Est-ce que la maladie d’Alzheimer peut s’étendre à tout un corps social ? Parfois, je me le demande.

Arrête-toi là, Marco Valdo M.I., ce n’est pas l’heure d’une longue diatribe, ni d’une sérieuse oraison. Dis-moi plutôt l’argument de la chanson.

Et bien, reprend Marco Valdo M.I., l’idée est fort drôle et le projet fort simple. Il s’agit de montrer noir sur blanc le racisme dans toute sa splendide vacuité. Pour faire court, on remplace fictivement les réfugiés « maritimes » dits extracommunautaires venant d’Afrique ou d’Asie par de jeunes demoiselles extracommunautaires elles aussi, des Norvégiennes blondes et plantureuses arrivant par la mer, avec un équipement vestimentaire des plus réduits, et on y confronte les mâles italiens en rut. Curieusement, il n’y a pas le phénomène de rejet violent que ces mêmes mâles expriment habituellement. L’effet de la chanson est désopilant, mais la réflexion qu’elle entraîne laisse apparaître une série de questions, dont on devine la réponse : quel est le fondement du rejet des réfugiés maritimes et par extension, de tous les réfugiés ? Sur quel fond boueux repose le rejet de l’autre, quand il n’est pas une proie appétissante ? On découvre les dimensions cachées de la xénophobie, l’infantilisme et la peur, qui sous-tendent ce conservatisme.

Alors, dit Lucien l’âne, en chantant d’heureuses chansons, tissons le linceul de ce vieux monde avide, avare, infantile, possessif, peureux et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Oh Capitaine ! Il y a un canot au milieu de la mer.
Oh Capitaine ! Vite, allons les sauver !
Sur le canot, sur le canot,
À la merci du typhon, à la merci du typhon,

Elles sont si petites, si petites ;
Elles sont si fragiles, si fragiles ;
On dirait des anges.
Soyons des Italiens,
Avec le soleil dans les mains !
Soyons bons comme les macarons,
Soyons bons comme les melons !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Elles ont des nichons ronds,
À la mer, nous ne pouvons les jeter,
Nous voulons les aimer.

Sauvons-les, soyons tous des héros !
Ayons un cœur d’or sous la peau
Et la force du taureau !
Soyons aimables,
Sauvons les Norvégiennes
Pauvres extracommunautaires,
Ne soyons pas des barbares !

Soyons des Italiens
Avec le soleil dans les mains !
Soyons bons comme les macarons,
Soyons bons comme les melons !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Elles ont des nichons ronds,
À la mer, nous ne pouvons les jeter,
Nous voulons les aimer.

Anguilles pleines d’entrain,
Elles fuient leur cruel destin
Car
Manger du hareng saur le matin
C’est un sort sordide.
Même si elles sont d’une autre race,
Elles les veulent aussi la pizza ,
La piadina au squacquerone
Les crevettes frites au citron
Et
Au dessert,
La crème au mascarporne,
La glace au sabayon.
Nos ports leur sont ouverts,
Nos cœurs ne sont pas des déserts.

Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !

Soyons des Italiens,
Comme les volcans siciliens,
Un cœur d’or sous la peau
Et la force du taureau !

Nous sommes des Italiens
Fougueux comme des volcans.
Nous avons un cœur d’or
Et la force d’un taureau.

Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !

Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !
Sauvons les réfugiées blondes !