lundi 1 octobre 2018

ÉTEINS LA RADIO !

ÉTEINS LA RADIO !

Version française – ÉTEINS LA RADIO ! – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après la version italienne SPEGNI LA RADIO de Riccardo Venturi – 2018
Texte : Giorgos Kanellopoulos
Musique : Giorgios Hatzinasios
Interprète :Vicky Moscholiou


Et pour leurs intérêts propres
Brûlent de l’encens au peuple.














Dialogue Maïeutique

L’autre jour, souviens-toi Lucien l’âne mon ami, on traduisait ici même la chanson turque « Haberleri açma baba » de Zülfü Livaneli, qu’en français, j’avais intitulée N’ALLUME PAS LA TÉLÉ, PAPA ! plus récente cependant que celle que je présente aujourd’hui, puisqu’elle date de 2013 et qu’ÉTEINS LA RADIO ! date, quant à elle, de 1976.

Oh, dit Lucien l’âne, je m’en souviens fort bien de cette chanson turque et en effet, à tout le moins, les deux titres : ÉTEINS LA RADIO ! et N’ALLUME PAS LA TÉLÉ, PAPA ! se ressemblent ou ont une proximité indéniable.

Il n’y a là rien d’étonnant, reprend Marco Valdo M.I., à ce que ces chansons proposent de couper les flots d’horreur qui submergent le quotidien, car toutes deux renvoient à un monde environnant en crise et pour l’une à une société : la Grèce du milieu des années 70 qui est la Grèce d’après la dictature des colonels toujours en état de crise latente – elle l’est encore quarante ans plus tard et l’autre à la Turquie contemporaine qui vit sous l’empire de la dictature démocratique d’Erdogan et aux portes des interminables guerres moyen-orientales. Sans compter les anciens forfaits épouvantables et jamais encore oblitérés du génocide arménien et de la guerre que le pouvoir actuel mène contre les Kurdes.

Je comprends, dit Lucien l’âne. Je comprends très bien ce besoin de se mettre à l’écart, en dehors, de prendre le temps de vivre.

C’est ça, reprend Marco Valdo M.I. Dans les deux chansons, il s’agit de trouver un momentBrel disait : une heure, une heure seulement, une heure, une heure quelquefois, une heure, rien qu’une heure durant – où savourer la vie en paix – un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… Et même si cette paix est relative, si on sait par-devers soi qu’elle est pure illusion : rien qu’une heure, une heure seulement, une heure, une heure quelquefois ; une heure, rien qu’une heure durant. Pour certains peuples, à certains moments, c’est un inaccessible rêve.

À moins que ce soit pour l’humanité entière…, ponctue Lucien l’âne.

Et puis, Lucien l’âne mon ami avant de te laisser conclure, juste un mot à propos des « purs et durs » pour indiquer qu’on les voit à l’œuvre dans presque tous les pays où ils sont le magma nauséeux qui porte au pouvoir les pires gens qui soient – ceux qui
« pour leurs intérêts propres
Brûlent de l’encens au peuple. »

Et c’est précisément cet encens qui se distille par les radios, les télés et autres twitters et qui flux toxique permanent porte le poison jusque dans les lieux les plus intimes. En effet, il convient – pour raison de santé mentale – de fermer ces canaux de propagande qui violent – jour après jour, heure par heure – les populations connectées. Orwell et Bradbury sont de lecture saine.

Oui, Marco Valdo M.I. mon ami, certainement, Orwell et Bradbury et d’autres encore. Que conclure ? Si ce n’est que fermer ces canaux qui déversent leurs eaux putrides d’une propagande digne de la machine à décerveler du bon père Ubu, l’ancêtre totémique de toutes ces baudruches, est le premier pas indispensable de la résistance. Et crois-moi, si ce n’est déjà fait, il importe de commencer au plus vite et puis, de poursuivre. Dans le fond et partout dans le monde, le vieil Italien avait raison qui disait : Ora e sempre : Resistenza ! Alors, fermons radios, télés et tous ces médias qui n’ont de sociaux que l’apparence, qui socialisent en apparence, et tissons le linceul de ce vieux monde malade de soi-même, glaireux, véreux et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Chaque jour changent les frontières,
Les gens se massacrent dans les rues.
Regardez en Israël et Palestine
Et dire qu’on l’appelle la « Terre Sainte ».

Là-bas au Chili, ils ont brûlé les bois
Et avec les arbres, ils y ont fait un lager.
Et même si tu écris quelque chose sous votre toit
Un jour ou l'autre, tu le payeras cher.

Je te prie, éteins la radio,
Les nouvelles égorgent, comme un couteau.
Je t’en prie, éteins la radio.

En des milliers d’associations et de réunions,
Les slogans viennent et vont.
Et les anciens collabos se multiplient
Et parlent de démocratie.

Et tous ces « purs et durs » mijotent
Dans la même marmite,
Et pour leurs intérêts propres
Brûlent de l’encens au peuple.

Je te prie, éteins la radio,
Les nouvelles égorgent, comme un couteau.
Je t’
en prie, éteins la radio.