mercredi 3 mars 2021

ON NE PEUT PAS CONTINUER AINSI

 

ON NE PEUT PAS CONTINUER AINSI


Version française – ON NE PEUT PAS CONTINUER AINSI Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson italienne – Non posso continuareLe Mosche da Bar – 2009


EN RUE

Rudolph Schlichter 1926




Dialogue maïeutique



Toujours, Lucien l’âne mon ami, ces histoires de différences entre la chanson originelle – ici, Non posso continuare et sa version française ; du moins, la mienne. Non, ce n’est pas une traduction, elle n’en a ni la qualité ni la rigueur ; non, ce n’est pas non plus, une adaptation, elle ne cherche pas à adapter quoi que ce soit à quoi que ce soit.


Alors, dit Lucien l’âne, cette tienne version, que veut-elle être ?


Quel italianisme, Lucien l’âne mon ami. Cela dit, elle ne veut pas grand-chose. Elle veut être une version française ; celle que je fais pour mon plaisir. Vian disait : « Si j’écris des vers, c’est que ça m’amuse », et c’est aussi ma façon de faire pour comprendre. Même si je sais l’écart qui se creuse à chaque fois de lui-même et celui que j’ajoute. L’essentiel, c’est que j’en sois satisfait.


Et accessoirement, dit Lucien l’âne, en faire cadeau aux autres ; si toutefois, ils veulent s’y intéresser. Soit, mais pour cette fois, j’aimerais savoir ce que raconte cette chanson et en quoi la version française s’écarte principalement de la version italienne originelle.

D’abord, Lucien l’âne mon ami, il faut savoir que dans sa version italienne, elle se présente à la première personne. Il y a donc un personnage – le « je », qui interpelle quelqu’un (« tu »).


En somme, dit Lucien l’âne, c’est un colloque singulier.


En quelque sorte oui, reprend Marco Valdo M.I., et le personnage fait part à ce quelqu’un de sa réflexion et de son désarroi face à la société où ils vivent. En l’occurrence, il s’agit de l’Italie du temps où la chanson a été conçue, une Italie où se trouvait au pouvoir un certain premier ministre adepte de nuits chaudes. Mais le temps passe et il est d’autres lieux où la chanson pourrait avoir sa pertinence. C’est pourquoi, à la différence, ma version française se veut plus générale.


C’est une bonne idée, Marco Valdo M.I. mon ami, car le monde est vaste.


Donc, Lucien l’âne mon ami, il y a toujours le personnage qui interpelle (c’est l’interprète), mais cette fois, il s’adresse au public, aux gens qui entendent la chanson et au lieu d’un « tu » et d’un « nous », il use du « on », à la fois, beaucoup plus général et en même temps, plus vague.


En effet, dit Lucien l’âne, on ne sait pas avec précision qui est on. Ça permet de s’adresser à tous, sans pour autant incriminer tout le monde.


C’est ça, dit Marco Valdo M.I. ; du coup, libérée des détails de son actualité évanescente, la chanson atteint une portée plus universelle. Elle peut s’appliquer à bien des lieux et des moments – hier, aujourd’hui ou demain. C’est le but recherché. Elle désigne toute société où règne la brutalité et l’incivilité à tous les étages ; toute société au garde-à-vous devant un « chef » (capo, duce, leader, führer, rais…).


Oh, dit Lucien l’âne, il n’en manque pas. D’ailleurs, pour ce que j’en sais, il n’en a jamais manqué. Cependant, même dans de telles sociétés, tout le monde n’est pas soumis aux ambitions du chef, etc., ni acquis aux manières grossières, brutales et inciviles.


En effet, répond Marco Valdo M.I., et c’est à dissidents que la chanson principalement s’adresse, mais pas seulement, elle parle aussi à ceux qui subissent sans pour autant se rallier et qui pourraient bien se convaincre de faire quelque chose pour que le monde autour d’eux change, se civilise :


« On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer. »


Enfin, dit Lucien l’âne, j’éviterai aussi de nommer les pays où règne une telle ambiance ; il y en a trop et de toute façon, chacun pourra se faire une idée. Quant à nous, tissons le linceul de ce vieux monde cru, grossier, oppressé, enferré, asphyxié et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.







On pensait voir un film d’horreur ;

Au contraire, c’est la crue réalité :

En rue, on meurt

Et on passe, indifférents, sans pitié,

On crie, on insulte, on fait n’importe quoi

Pour un moment de gloire.

On tue le voisin, car hier soir

Il n’aurait pas dû laisser son auto là.


On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer.

On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer.


On dit qu’à présent, la vie est meilleure

Et on doit croire cette histoire.

Ne pas faire de bruit, ne pas déranger !

Le chef pourrait s’énerver.

On se plaint de quoi ? Il est là

Avec courtisans, putes et coups d’État

Et on peut se régaler des ragots.

Devinez qui devra payer l’écot ?


On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer.

On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer.


On pensait voir un film d’horreur ;

Au contraire, c’est la crue réalité :

En rue, on meurt

Et on passe, indifférents, sans pitié,

On crie, on insulte, on fait n’importe quoi

Pour un moment de gloire.

On tue le voisin, car hier soir

Il n’aurait pas dû laisser son auto là.


On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer.

On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer.


Le maître donne l’os,

On l’adore.

Le maître donne l’os,

On l’adore.

Le maître donne l’os,

On l’adore.

Le maître donne l’os,

On l’adore.


Petits soldats, garde-à-vous !

En silence et marche !

Petits soldats, garde-à-vous !

En silence et marche !

On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer.

On ne peut pas continuer ainsi,

On n’arrive pas à respirer.