L’Erreur fondamentale
Chanson française – L’Erreur fondamentale – Marco Valdo M.I. – 2021
LE VIEUX SUR LE BANC
Vladimir Makovsky – 1917
LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.
LA ZINOVIE
Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ;
Épisode 3
Dialogue Maïeutique
Cette fois, Lucien l’âne mon ami, notre dialogue devra se faire un peu au vocabulaire et à la démarche mentale de la chanson qu’il commente, laquelle au moins à son début, se veut résolument philosophique.
Je vois, dit Lucien l’âne, c’est très clair et j’ajouterais volontiers d’une profondeur inhabituelle dans le domaine de la chansonnette guillerette. Foin des jérémiades, il est temps que la canzone prenne cette dimension, même s’il faut s’accrocher aux mots pour comprendre. Et dis-moi, si je me trompe.
Non, Lucien l’âne mon ami, tu ne galères pas, c’est bien la récusation de toute transcendance et par conséquent, l’affirmation de notre matérialité existentielle.
On naît, on vit, donc on est et après, on n’est plus.
Tant qu’on y est, prolonge Lucien l’âne, résumons l’affaire. On naît, on vit, on n’est n’est rien ou presque et puis, il suffit de mourir (encore faut-il en avoir le droit) et on n’est plus.
Grâce à ta perspicacité, dit Marco Valdo M.I. en souriant, tu as parfaitement résumé toute la chanson :
1 – principe :
« L’erreur fondamentale
Est de chercher un sens
Aux vérités transcendantales. » ;
2 – généralisation de son application :
« Les mouches se cognent à la vitre close ;
Sans désemparer, minuscules choses,
Par inertie, on fonce à travers l’univers glacé,
Nous sommes les mouches de l’éternité. » ;
3 – confrontation à la réalité de la vie et du destin erratique de l’humanité :
« Sur le banc, assis, un vieillard,
De pain sec, nourrit les moineaux
Et parle du futur qui n’est pas si beau.
L’homme jette ses miettes, s’en va.
Les oiseaux restent là avec les rats. »
4 – plaidoyer pour le droit d’accomplir sereinement et librement son destin final :
« Mourir, c’est dormir longtemps,
Mourir en riant est plaisant. » ;
On pourrait dire les choses comme ça. Enfin, avant de te laisser conclure, car il est temps d’en finir, il me reste à préciser que la source de cette canzone si philosophique se trouve quelque part dans un livre d’Alexandre Zinoviev, intitulé en son édition française : « Vivre ». Ce qui, on l’admettra, constitue tout un programme. Pour rappel, les deux autres canzones antérieures étaient Actualisation nationale et Cause toujours !.
Actons la chose, dit Lucien l’âne, et même, je propose que cette série de chansons philosophiques ainsi inaugurée soit appelée « La Zinovie ». Tissons à présent le linceul de notre vieux monde fracassé, minuscule, évanescent et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
L’erreur fondamentale
Est de chercher un sens
Aux vérités transcendantales.
De nuit et de jour, leur essence
Se limite aux bornes de l’existence.
La mienne s’est fracassée
Il y a bien des années
Sur les rives de la conscience
Où les vertus surgissent
Bâtons à mâcher comme la réglisse
Dans les interstices du vice
Au goût d’absinthe et d’anis.
Bien et mal parfois se ressemblent ;
Bien et mal parfois s’assemblent :
Étrange chimie, le mal mue en bien ;
Le bien tourne mal : mauvais vin.
Les gens s’égayent au petit bonheur,
Et du pis, prennent le meilleur.
Au long des jours et des pays,
Ils fuient la faim, les guerres, les ennuis.
Les mouches se cognent à la vitre close ;
Sans désemparer, minuscules choses,
Par inertie, on fonce à travers l’univers glacé,
Nous sommes les mouches de l’éternité.
Mariage, jolie cérémonie.
Pour vivre de la même cuisine,
On marie un gars, une fille
De la même usine.
Ouvrier, ouvrière, cumul de salaires.
Ainsi va la vie ordinaire.
Un banc seul sur le boulevard,
Sur le banc, assis, un vieillard,
De pain sec, nourrit les moineaux
Et parle du futur qui n’est pas si beau.
L’homme jette ses miettes, s’en va.
Les oiseaux restent là avec les rats.
Il faut être en bon état pour se suicider
Les plus faibles sont pénalisés.
Pas encore gagné le droit de mourir
À la plongée dans le néant, la disparition totale,
La mort volontaire et légale.
Qui veut mourir pour mourir,
Qui ne peut plus attendre,
C’est à n’y rien comprendre,
De mourir est empêché
De vouloir en paix se reposer.
Mourir, c’est dormir longtemps,
Mourir en riant est plaisant.