Le vilain Comte
Chanson
française – Le vilain Comte – Marco Valdo M.I. –
2018
Ulenspiegel le Gueux – 43
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, XVI)
Ulenspiegel le Gueux – 43
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, XVI)
Quel
titre encore une fois,
Marco Valdo M.I. mon ami ; on
dirait un oxymore, cette figure si prisée par
les gens d’aujourd’hui.
C’est
évidemment, Lucien l’âne mon ami,
l’effet recherché
de tous ces titres que d’éveiller l’attention du lecteur et dans
ce cas-ci, de donner
à un Comte, personnage de haute noblesse, très conscient de l’être
et doté d’un arrogant orgueil, le qualificatif de « vilain ».
Vilain est
un mot qui a de multiples sens et qui sont tous, du point de vue de
la noblesse, péjoratifs. En premier lieu évidemment, le fait que le
« vilain » est celui qui n’est pas noble ; l’autre
nom qu’on utilise
pour signifier « vilain »
est celui de « roturier » ou
celui de « manant » ; ensuite, viennent toutes les
autres connotations telles que « pas beau », laid,
méchant, mauvais, médiocre, etc. Pour le reste, on verra que
Charles de Brimeu,
Comte de Meghem, par
ailleurs, petit-fils de Marguerite d’Autriche, est
quelqu’un qui correspond tout à fait à ce curieux titre de
« vilain Comte » : il campe du côté des
oppresseurs ; il est radin, il est jaloux.
Quel
vilain homme que ce Comte, dit Lucien l’âne en rigolant. Mais que
raconte d’autre la chanson ?
Eh
bien, comme souvent, répond Marco Valdo M.I., elle raconte certaines
aventures de Till. Des aventures multiples puisque dans cette
chanson, on retrouve Till dans son rôle de résistant à
l’oppresseur et dans son rôle de libertin, séducteur et séduit –
toujours, comme on le verra, pour la bonne cause.
Oh,
dit Lucien l’âne, m’est
avis que Till a tout de l’agent secret de cinéma.
Soit,
sans doute, j’imagine, reprend Marco Valdo M.I. ; il faut
quand même tenir compte du décalage temporel ; c’était il y
a plus de quatre siècles.
Je
résume : Till doit aller, accompagné de Lamme, de
ville en ville porter le message d’Orange qui est d’alerter les
gens pour qu’ils puissent mettre à l’abri les femmes et les
enfants et qu’ils puissent se mettre en position de résister et de
se défendre des armées du roi d’Espagne. Pour accomplir cette
mission, il peut s’appuyer sur un réseau de résistance qui couvre
tout le pays et sur une population acquise à l’idée de paix et de
tolérance religieuse : « la bonne cause… », dit
la chanson. Till et Lamme sont (fort bien) accueillis dans une maison
– celle du Comte de Meghem, précisément, par
deux dames – la commère du Comte et sa coquassière, qui leur
assurent ce qu’ils espèrent. Till, qui est entré dans les bonnes
grâces de la patronne, obtient d’elle, des renseignements sur les
mouvements militaires dirigés par le Comte de Meghem ;
renseignements qui sont le résultat des confidences d’oreiller du
royal officier, qui ignore que sa compagne est prête à tout pour la
« bonne cause ».
Je
te laisse le soin de découvrir le reste.
Je
le ferai avec plaisir, conclut Lucien l’âne. Sois-en certain, car
j’aime beaucoup Till et aussi son côté coquin. Quant à nous,
reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde
médiocre, fâcheux, vilain, oppresseur, persécuteur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco
Valdo M.I. et Lucien Lane
Simon
Simonsen, un bonhomme aux affaires étranges,
Donne
un âne à Lamme, un âne à Till,
Pour
aller en toutes les villes
Porter
le message d’Orange.
Il
faut avertir les bourgeois
Des
vilains desseins du Roi
Et
recueillir jusque dans les campagnes
Les
nouvelles venues d’Espagne.
Ainsi,
pour la bonne cause, Till et Lamme
Vêtus
en paysans madrés
Avec
leurs ânes, courent tous les marchés
Et
vendent des légumes aux dames.
À
Bruxelles, rue Sainte Catherine,
Ils
font halte à la fenêtre de la cuisine,
De
la coquassière et de sa maîtresse,
Deux
charmantes hôtesses.
Elles
attirent en la demeure d’un puissant seigneur.l
Par
ruses féminines, les ânes, le joli cœur et le grand mangeur.
Till
courtoisement fait sa cour à la patronne,
Lamme
tranquillement mange des tonnes.
La
belle dame s’inquiète auprès de Till :
« Prendrais-tu
la défense des persécutés ? »
« Sur
les cendres de Claes, toujours, je le ferai.
De
Claes, mon père brûlé pour sa foi en l’Évangile. »
« Le
Comte de Meghem ne pense pas comme toi,
Il
envoie demain à Anvers, ma bonne patrie,
Dix
enseignes d’infanterie
Pour
mettre au pas les bourgeois. »
« Alarme !,
dit Till. Lamme viens,
Courons
prévenir les bonnes gens
De
ce traquenard vilain, afin
Qu’ils
se mettent en armes à temps. »
Brimeu,
comte de Meghem, averti
Que
des hérétiques mangeaient chez lui,
Jaloux
comme un régiment d’époux,
S’encolère
et les fait chercher partout.
En
son foyer, la dame pleure et se pâme
Et
la cuisinière jure également
Tellement
que Messire croit sa femme
Et
s’apaise soudainement.