mercredi 30 septembre 2015

La Guenon Hérétique


La Guenon Hérétique


Chanson française – La Guenon Hérétique – Marco Valdo M.I. – 2015


Ulenspiegel le Gueux – 3

Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).


L'an 1575, la ville nommée Oudewater fut le huitième jour d'août prise par force des Espagnols et tous les habitants d'icelle mis à mort sans distinction de sexe et d'âge.


Ah, Marco Valdo M.I. mon ami, quel beau titre que cette Guenon hérétique…

Malheureusement, Lucien l'âne mon ami, cette pauvre guenon hérétique va connaître le sort qui attend généralement les hérétiques ; elle finira en martyr.

Ah, Marco Valdo M.I. mon ami, que voilà une bien triste chanson.

Triste et effrayante, elle l'est et plus encore qu'il n'y paraît. En deux phrases d'abord, un aperçu de l’histoire qu'elle raconte. Charles-Quint rentre de la guerre en Espagne et de retour en son palais de Valladolid, fait appeler son fils Philippe, lequel ne se manifeste pas. Il lui faut l'aller chercher où ce prince et futur roi d'Espagne se terre. Ou – son père et l'archevêque, qui lui sert de tuteur, le découvrent dans un coin sombre perdu au fond du palais. Dans la pièce, liée à un piquet, la guenon hérétique achève de se consumer.

Mais c'est vraiment épouvantable, cette histoire, dit Lucien l'âne en raclant le sol d'un noir sabot. Comment peut-on s'en prendre pareillement à une petite bête, sans défense. C'est un sadique, ce Philippe.

Un sadique et un futur roi catholique qui, quand il régnera, se livrera aux pires exactions afin d'éteindre les velléités d'indépendance et aussi, l'esprit de liberté de conscience qui enflammait les provinces du Nord. De cela, on en saura plus bientôt, car c'est précisément le sujet du roman de Charles De Coster. On est en plein dans les guerres de religion et l'Espagne, où est née l'Inquisition, sera à la pointe dans la répression et la Contre-Réforme. Elle le sera encore quatre siècles plus tard…Et de ce côté-ci de l'Europe, on s'en souvient encore…

Et on a bien raison, dit Lucien l'âne et foi d'âne, il importe de se garder tous les fanatismes. « Fanatiques de tous les pays, calmez-vous ! », telle est notre antienne. Alors, vive la chanson et à bas ce vieux monde religieux, inconscient, incendiaire et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



L’empereur Charles de guerre s'en revînt,
En son palais d'Espagne, un beau matin.
Mande son fils saluer son père.
Philippe refuse, il n'aime que livres et prières,

Se tenir seul dans le noir
Toujours rodant dans les couloirs.
Longtemps, avec l’archevêque, son père le chercha
Dans un réduit des plus sombre, il le trouva.

Un local de terre battue qu'éclaire une lueur pâle.
Un pieu en son milieu s'orne
D'une guenon petite et mignonne,
Cadeau d'un roi des Indes occidentales.

Sa bouche béante criait la mort
Et sa face terrifiait plus que son corps.
L'odeur des poils brûlés sentait l'enfer.
La guenon avait tant souffert.

L'infant Philippe tapi dans le fond
De noir vêtu suçait un citron,
Songeant qu'un jour, bon prince catholique,
Il fera par milliers rôtir les hérétiques.


vendredi 25 septembre 2015

Till et Philippe


Till et Philippe


Chanson française – Till et Philippe – Marco Valdo M.I. – 2015


Ulenspiegel le Gueux – 2

Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).


« Ik ben ulen spiegel »

« Je suis votre miroir »



Évidemment… Évidemment, Lucien l'âne mon ami, je n'ai pas pu – pour une fois – résister à mon goût caché (généralement) de me plonger dans un dictionnaire afin de vérifier certain mot qui m'est venu à l'esprit, la bouche, à la plume, à la pointe ou au bout des doigts, selon que je le pense, le parle, l'écrive (au stylo ou au crayon) ou le tape au clavier. À la suite de cette exploration savante, je ne résisterai pas à l'envie d'expliquer (une fois n'est pas coutume) un vers, mais un seul, de cette canzone. Même si elle mériterait bien elle aussi qu'on s'y attarde. Notamment dans ce parallèle entre le futur Gueux et le futur roi d'Espagne. Mais de cela, il en sera question tout au long de cette légende de Till le Gueux, car c'en est le principe moteur, comme le Ying et le Yang pour certaine philosophie chinoise, comme le blanc et le noir en photographie, comme le oui et le non dans les questionnaires ou le zéro et le un en informatique… Principe binaire définissant ici les deux pôles de ce moment de la Guerre de Cent Mille Ans [[7951]] que fut la Guerre des Gueux, où l'on tortura, brûla, assassina, massacra, éventra à qui mieux mieux les pauvres gens de par ici.


Ne m'embrouille pas encore une fois et dis-moi quel est donc ce vers si mystérieux…


Mystérieux, je ne dis pas. Je dirais plutôt mystifiant ou mystificateur. D'ailleurs, le voici ; s'agissant de Till, il dit :
« Il se gausse, c'est un zwanzeur. »
Ce que je m'empresse de traduire en français standard contemporain – au passage, remarque qu'une langue qui perd ses mots ou l'usage de ses mots entre en déliquescence. Comme tu le vois, mon propos est tout à l'inverse (alla rovescio). Donc, je traduis le français en français : « Il se moque, c'est un blagueur » ou « Il raconte des craques, c'est un fouteur de gens » ou « Il dit des conneries, il se fout du monde »… On pourrait en ajouter bien des autres. Mais il s'agit de Till et de rendre hommage à Charles De Coster, son très mortel auteur – tous deux zwanzeurs émérites. Car, et il convient que cela se sache, De Coster avait formulé le projet et avait finalement tenu la gageure d’introduire dans ce roman baroque, dans cette épopée burlesque (mais pas seulement), tous les néologismes et les mots qui lui passaient par la tête (et il y en avait beaucoup), y compris ceux que de savantes têtes dénonçaient comme vocables patoisants, localement usités, mais à déconseiller fortement. C'est le cas du « zwanzeur », qui selon le Dictionnaire vivant de la langue française (http://dvlf.uchicago.edu/mot/zwanze) et surtout, le Centre national de ressources Textuelles et Lexicales (http://www.cnrtl.fr/definition/zwanze ), remonterait au néerlandais « zwans : queue; membre viril », etc (se reporter à la notice du Centre National de ressources textuelles...). Mais ce n'est pas tout. Il me faut avouer également que j'ai trouvé fort plaisante la conjonction de ce zwanzeur avec « gausse », car (toujours selon la notice), ce serait André GOOSSE qui aurait fait connaître zwanze, zwanzer et zwanzeur aux érudits du français.


Ce petit intermède terminé, nous diras-tu ce qu'il y a dans la chanson ?


Mais je l'ai déjà dit… Il s'agit tout simplement de la présentation des deux héros de l'histoire, car comme dans toute bonne pièce, nouvelle, légende, épopée, saga ou dans n'importe quel (bon) roman, il convient de présenter les personnages. J'ajouterai cependant et c'est mon dernier vers (pour ce soir), qu'il y a là une explication – mais directement donnée par De Coster – de l'étrange surnom de Till et sa signification. Car il veut dire quelque chose cet Ulenspiegel… et on trouve cela dans la canzone, au dernier vers.


Et bien, allons voir ce dernier vers, découvrir ces protagonistes et leur contraste et puis, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde binaire, divisé, empli d'assassins, de dévots sadiques et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le fils du charbonnier Claes croissait en malice ;
Pluie, neige ou soleil tapant, il dansait.
Le rejeton impérial dolent traînait sa peau lisse
Dans les longs corridors noirs du palais.

Dans la chaleur de l'été triomphant,
Philippe étendait son corps frissonnant.
Mal au ventre, à la tête, aux mollets,
Loin des jeux de son âge le tenaient.

Mon homme, où est notre Till, maintenant ?
Till a quitté la maison depuis trois jours.
Avec les chiens vagabonds, il court.
Femme, notre enfant n'a que neuf ans.

Charles dit : Mon fils, il te faut rire et t'amuser.
Je n'aime point jouer, dit Philippe.
Charles dit : Mon fils, il te faut courir et sauter.
Je n'aime point bouger, dit Philippe.

Till éclaire les tristes mines de ses sauteries ;
Il enchante la compagnie de ses gamineries ;
Il fait des niches, c'est un amuseur ;
Il se gausse, c'est un zwanzeur.

Inerte, sec, revêche, sans émotion,
Philippe, fils de Carolus Quintus
Confit en dévotions.
Philippe se signe à l'Angélus.

À la belle, Till prend deux baisers ; au moine, deux patards.
Au clerc enflé, au soudard étonné, au vieillard encorné,
Pour un peu de cuivre, Till dit leurs quatre vérités.

Puis, il dit : « Ik ben ulen spiegel » – « Je suis votre miroir ». 

mercredi 23 septembre 2015

Katheline, la bonne sorcière



Katheline, la bonne sorcière


Chanson française – Katheline, la bonne sorcière – Marco Valdo M.I. – 2015


Ulenspiegel le Gueux – 1

Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).







Proclamation solennelle tirée de la harangue du hibou Bubulus Bubb :

« De quoi vit votre politique depuis que vous régnez sur le monde ? D'égorgements et de tueries.
Moi, hibou, le laid hibou, je tue pour me nourrir et nourrir mes petits. Je ne tue point pour tuer. Si vous me reprochez de croquer un nid de petits oiseaux, ne pourrais-je pas vous reprocher le carnage que vous faites de tout ce qui respire ?
Poète criard, tu tapes à tort et à travers sur ceux que tu appelles bourreaux…. Tu n'es pas prudent… Il est de gens qui ne te pardonneront point… tes personnages principaux sont des imbéciles ou des fous, sans en excepter un : ton polisson d'Ulenspiegel prend les armes pour la liberté de conscience ; son père Claes meurt brûlé vif pour affirmer ses convictions religieuses ; sa mère Soetkin se ronge et meurt de suite de la torture… »


Lucien l'âne mon ami, il m'est venu l'autre jour, je ne sais plus trop à quelle occasion, ou plutôt, je ne le sais que trop bien, car c'est là une idée qui depuis si longtemps me trotte dans la tête… il m'est venu l'idée de raconter en chansons, comme je l'ai fait pour d'autres histoires, les aventures picaresques de Till le Gueux, mieux connu sous le nom de Till Ulenspiegel, telle qu'elle fut narrée de façon si extraordinaire par le bon Charles De Coster (http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_De_Coster), dont ainsi nous prendrons l'erre.

Oh, je me souviens très bien mon ami Marco Valdo M.I. à quelle occasion récente on doit cette décision et c'était celle de la mise en parallèle de l'Asino romain, cette revue qui me tient tant à cœur et l'Uylenspiegel, une revue du même tabac anticlérical, publiée à Bruxelles au milieu du XIXième siècle, où Charles De Coster fit ses armes.

Donc voilà établie l'origine de cette nouvelle épopée, que n’aurait pas désavouée Jacques Brel, lui qui incarna un superbe Don Quichotte , par exemple. J'ai voulu ce Till sans doute pour les mêmes raisons que son romancier-auteur auquel, comme De Coster le fit lui aussi de légendes et de récits antérieurs, j'ai emprunté tant et plus ; on le constatera. Comme il se doit, je ferai Till à mon image, plus ouvertement lui-même que dans les légendes allemandes, flamandes et même, chez De Coster. Je lui laisserai montrer que sa gueuserie est une des figures de l'anarchie et son combat pour la liberté de conscience, la pratique d'un athéisme irréductible.
Si certains, oppresseurs en diable, criminels insignes se vantaient d'avoir Dieu avec eux et il y en a encore de ces jours… Nous – toi, moi et Till, sommes tout simplement sans dieu, sans religion d'aucune sorte. Car : il n'y a que comme ça que nous respirons, que hop là, nous vivons.

Il me paraît que tu te lances là dans un projet grandiose. Souviens-toi que Charles De Coster mit dix longues années à écrire – sur la petite table de sa chambre, à côté de son lit de fer, le cul sur une simple chaise – son Till…


Je ne l'ignore pas. Mais d'autre part, je n'ai pas la prétention de faire une œuvre de l'amplitude et de la hauteur de celle de De Coster, qui fit là un des chefs d’œuvre de la littérature mondiale et de plus, en le sachant. Je me contenterai de suivre sa trace et de-ci de-là, la marquer d'une chanson, « car ça m'amuse, car ça m'amuse... ».


Soit. Mais dis-moi un peu pourquoi tu as donné comme titre à la première chanson de la série : « Katheline, la bonne sorcière »…


Alors là, je le sais, au moins en partie. D'abord, parce que chez De Coster, Katheline est celle qui met au monde Till et tu connais mon goût pour les naissances, à commencer par celle de Tristram Shandy. Ensuite, et c'est le titre qui l'indique : c'est un titre quasiment sorti de Brassens : mettons en parallèle : Margoton, la jeune bergère … et cette Katheline, la bonne sorcière… Et ce n'est pas tout, puisque, comme on le sait, la sorcière est un personnage central du « Christ s'est arrêté à Eboli » et de la peinture de Carlo Levi… La sorcière, je le rappelle, est pour Carlo Levi est, et pour moi aussi, l'image de la Mère Universelle, de la femme qui prend soin de tous, dont l'Église catholique a voulu brouiller l'image en inventant la Madone… et en brûlant les sorcières. Et enfin, Katheline, la bonne sorcière, renouant avec l'Antiquité grecque renvoie à Cassandre (https://fr.wikipedia.org/wiki/Cassandre), annonçant les dangers à venir. C'est un personnage très complexe.


Je commence à m'en rendre compte. Je suis, j'ai grand plaisir à le dire, diantrement heureux que tu donnes une place à Till, car – comme je l'ai croisé à plusieurs reprises dans toutes ses aventures, je l'ai porté sur mon dos… c'est vraiment un gars sympathique, empli d'une honnête impertinence. Je me réjouis déjà de la suite. Cela dit, revenons à notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde où l'on vénère les Madones et où l'on déconsidère les sorcières, gloria, gloria pour Katheline et toutes ses sœurs de par le monde…, ce vieux monde plein de religions excédentaires, de divinités superfétatoires, de dieux impotents et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Dans le même empire
Où le soleil jamais
Ne se couchait,
Deux enfançons naquirent.

À Damme en Flandre, aux aubépines
Ulenspiegel, fils de Claes, vit le jour
Dans les bras de Katheline,
La bonne sorcière aux doigts de velours,

Avec la marque du diable à l'épaule,
Petit point noir sur le destin.
Chanteclair hélait ses poules,
Le jour s'étirait au matin.

Katheline la bonne sorcière
Apportait l'angélique, le fenouil et le thym;
Toutes les herbes de la terre,
Toutes les herbes, mais pas de florins.

Lamme, Lamme, chasse, chasse,
Par ici, par ici, le poisson.
Lamme, Lamme, chasse, chasse,
Brochets, anguilles, carpes et gardons.

Et le poisson de la rivière
Miracle se changea en florins
Et Katheline la bonne sorcière
En fit du miel, du lait et du pain.

Quoi, quoi, qu'as-tu vu,
Katheline, bonne sorcière ?
Fauchant les hommes, j'ai vu, j'ai vu
Les spectres aux yeux de pierre.

À Charles l'empereur, exactions, crimes, horreurs,
À Claes le charbonnier, bon vivant et travailleur,
Succéderont Philippe le bourreau
Till grand docteur en joyeux propos.

L'infant Philippe, roi devenu.
J'ai vu, j'ai vu de mes yeux de sorcière
Les filles mises vives en terre
Violées en leurs corps nus.

Ulenspiegel ne mourra pas, rira de la sottise,
Courra le monde, toujours défiant la bêtise.
En haut, les mangeurs de peuple, frelons de l'enfer ;
En bas, les victimes, ainsi disait Katheline la bonne sorcière.

Dans le même empire
Où le soleil jamais
Ne se couchait,
Deux enfançons naquirent.

mardi 22 septembre 2015

JE NE VEUX PAS

JE NE VEUX PAS



Version Française – JE NE VEUX PAS – Marco Valdo M.I. – 2015
Littéralement le titre est : « LA SCIENCE, LE PROGRÈS, LA NOUVELLE NOBLESSE »








Tu vois, Lucien l'âne mon ami, il arrive qu'on s'y perde dans ce labyrinthe des CCG et moi j'arrive à me perdre dans mes propres classements. Et pas seulement dans les classements, mais aussi dans mes souvenirs, car en bonne logique, j'aurais dû garder trace dans ma mémoire de ce que j'avais fait antérieurement… Il faut bien constater que ce n'est pas le cas.


Je l'imagine, mais il faut aussi dire que c'est une canzone que tu avais traduite en 2009 et que depuis, il y en a eu des centaines d'autres…


Cependant, Lucien l'âne mon ami, à tout prendre, ce n'est pas une mauvaise chose. Car la chanson dont je viens de faire une deuxième version française, je te le dis tout net, le mérite assurément, car la version de 2009 était carrément exécrable à bien des points de vue.


Voilà qui est un aveu des plus directs, mais, Marco Valdo M.I. mon ami, ne te désole pas pour autant, car cela montre plusieurs choses : un, que tu es capable de reconnaître tes déficiences et c'est là une grande qualité ; deux, tu as la volonté d'y remédier ; trois, que tu as sans doute progressé dans ta maîtrise dans l'art de ces traductions. Pour ce qui me concerne, j'en suis plutôt ravi.


À vrai dire, moi aussi, j'en suis très heureux. Mais, dit Marco Valdo M.I., l'affaire ne s'arrête pas ici. Car, figure-toi, que je n'ai découvert cette errance qu'au moment d'insérer la « nouvelle » version dans les CCG. Il me restait à vérifier si ça valait la peine de le faire, s'il y avait intérêt à montrer cette nouvelle version et comme tu le vois, j'ai conclu. Voici donc ce texte nouveau. J'en profite pour ajouter quelques mots à propos de la chanson elle-même, dont je ne t’ai encore rien dit. Et d'abord, tant que j'y pense, il me faut dire que cette canzone pourrait et même, à mon sens, devrait être insérée dans le « parcours des canzones anticléricales », car c'est une chanson anticléricale et puis aussi, autant le dire tout de suite, une chanson libertaire, anarchiste et athée. De ce fait, je m'en vais revoir les autres chansons de Fausto Rossi, alias Faust'o, qui en effet comme le dit le commentateur italien, est un chanteur méconnu. Ce qui est d'une grande injustice, mais est sans doute lié à ce qu'il n'a pas dû et ne doit toujours pas bénéficier des grâces divines et médiatiques de la Catholie.


Oui, oui, je le confirme, il existe une forme de mise à l'écart sous influence épiscopale et vaticane, une mise à l'écart par les médias, une occultation des chanteurs et artistes anticléricaux. C'est la version moderne de l'enfer des bibliothèques, cet endroit où on remisait ce qui ne pouvait être vu ou lu. L'enfer, ce lieu où l'on dissimule et on oublie tout ce que Dieu et ses sbires ne sauraient voir. Une question cependant : il me semble que tu as donné à cette nouvelle version française un titre fort différent du titre italien. Comment expliquer cette différence ?


Oh, Lucien l'âne mon ami, c'est une façon de faire qui est légitime, mais assez inhabituelle. L'expliquer est fort simple: c’est le résultat du travail d'adaptation que doit faire celui qui recrée un texte dans une autre langue. Ainsi, j'en suis venu à considérer que le caractère profondément libertaire et anarchiste de cette canzone était l'élément fondamental, dont découlait tout le reste. Au cœur de cette chanson, il y a le refus du monde tel qu’il est et dont « Je ne veux pas » est le maître-mot. Quant au caractère athée et aux harmoniques d'areligion et de mécréance, il est très net ; je te cite :
« Je ne veux pas être gouverné et contraint
Par un Dieu et par des monstres
Qui ne me ressemblent en rien…
Je ne veux pas que l'Église
M'appelle son fils naturel... ».
Voilà donc pourquoi j'ai choisi ce titre-là.


Il me plaît bien aussi le titre de la version française et comment dire, il me paraît plus parlant que celui d'origine. Enfin, voyons, écoutons cette canzone et ensuite, reprenons notre tâche et tissons sans désemparer le linceul de ce vieux monde catholique, religieux, oppressant, pénible et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Je ne veux pas que les animaux m'adorent
Ni les végétaux ou n'importe quel habitant
De cette planète qu'est la terre.
Je veux pouvoir faire l'amour librement
N'importe où, avec n'importe qui, n'importe quand
Et pas avec des filles ou des mecs imaginaires.
Je ne veux pas de police dans les rues,
De sons jaunes et bleus de jour et de nuit
Qui rappellent les asiles et les morgues.
Je ne veux pas d'un travail qui soit solitude,
Misère et pauvreté et empoisonne notre vie.

Alors volez, volez pour de vrai
Alors brûlez, brûlez pour de vrai
Et respirez, respirez pour de vrai
Alors volez, volez pour de vrai.
Je ne veux pas être gouverné et contraint
Par un Dieu et par des monstres
Qui ne me ressemblent en rien
Si ce n'est par notre commune nature.
Je ne veux pas tomber à genoux
Devant vos machins
Qui sont des asiles dans le désert où
La terre est douce et le ciel inhumain.
Je ne veux pas que l'Église
M'appelle son fils naturel
Pour m'inviter à ses trafics surnaturels
Qu'elle appelait autrefois Guerre Sainte.
Je ne veux plus de télévision dans nos maisons
Mais le silence absolu et profond
Pour chaque être humain sur cette planète.

Alors volez, volez pour de vrai
Alors brûlez, brûlez pour de vrai
Et respirez, respirez pour de vrai
Alors volez, volez pour de vrai.

jeudi 17 septembre 2015

LE TILLEUL


LE TILLEUL



Version française – LE TILLEUL – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – Albero di tiglioZen Circus2014


Li Tiyou do vî Payis



Voici, Lucien l'âne mon ami, toi qui – selon la déclaration universelle des droits de l'âne (et de tous les êtres vivants) [[49337]] – est athée, une chanson où le protagoniste, celui qui parle, celui qui chante est Dieu lui-même. Cependant, elle devrait te plaire.


D'abord, Marco Valdo M.I. mon ami l'homme, je voudrais avant de laisser aller les choses plus loin éclairer un peu cette affirmation qui me fait athée. Non pas comme on va le voir que je sois de la moindre manière déiste ou croyant ou je ne sais quoi du genre, telle n'est pas la question. Cependant, pour la bonne compréhension des choses, il faut savoir que je ne suis athée que par ricochet ; en ce sens que je ne le suis que parce que des gens ont inventé des dieux, puis surtout, ceux qui ont inventé un Dieu (ce sont les pires), constatant que moi et bien des autres, on ne partage pas leur délire qu'ils appellent « croyance en Dieu», nous ont forgé ce nom d'athée. Et comme les Gueux d'Ulenspiegel, nous nous sommes fait un nom de cette appellation. Et comme les Gueux, nous dirons : « Athée est fier de l'être ». Au passage, je te rappelle que Claes, le propre père de Till fut brûlé sur un bûcher, car il ne croyait pas comme eux. Mieux encore, cet Uylenspiegel [https://fr.wikipedia.org/wiki/Uylenspiegel] est une sorte de cousin bruxellois de l'Asino [https://it.wikipedia.org/wiki/L'Asino ], qui dérida Rome au tournant du siècle précédent et mena franc du col le combat contre Mussolini et sa clique. Il y a une deuxième raison au fait que je sois désigné comme athée et la voici. C'est à cause de ma volonté de ne pas perturber ces pauvres gens qui croient à un Dieu qu'ils font à leur image… Imagine que je ne sois pas athée, il faudrait donc qu'il y ait pour moi un Dieu à mon image… Tu vois d'ici la tête du Pape, celle de Mahomet ou de Jéhovah, selon que je me rallierais à l'une ou l'autre de ces coteries religieuses. Cela dit, parle-moi de cette nouvelle chanson…


Et bien, voilà… Donc, c'est Dieu lui-même qui interpelle les humains. Il leur dit, et il faut le comprendre, car il a raison, que le pouvoir et a fortiori le pouvoir divin (absolument absolu) ne peut en aucun cas avoir forme humaine, ni être régi par quelqu'un qui serait à l'image de l'homme. Ce serait trop dangereux et pour tout dire, catastrophique. Tel est le sentiment de ce Dieu, qui de fait est un tilleul.


J'aime assez m'endormir sous les grands bras de grands tilleuls, surtout quand c'est le temps des fleurs… Alors, j'attends avec une certaine impatience la chanson. Et ensuite, si tu le veux bien, nous reprendrons notre tâche et recommencerons à tisser le linceul de ce vieux monde arboricide, guerrier, fanatique, humain, trop humain et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Des chiens furieux, un rat çà et là,
Restes de toutes les civilisations
Qui croissent,
Puis brillent,
Puis gonflent,
Puis explosent.

Je sais cela, messieurs,
Je suis celui que vous appelez Dieu.
Vraiment, vous avez cru aussi
Que je pouvais être votre ami ?
Aucune personne avec ce pouvoir souverain
Ne voudrait jamais faire le bien.
C'est une loi de toute la création,
Le pouvoir a le mal intégré dans son fond.
Et puis le bien, c'est votre idée,
Fruit seulement de votre ignorance,
Une ancienne et grande menterie,
Dite pour vous compliquer la vie.

Le mari violent.
La mère qui tue son enfant.
L'évêque corrompu et corrupteur.
Le maire prévaricateur.
Le soldat frappé et tué,
L'autre soldat qui l'a abattu.
Les femmes et leur douleur
Violées dans leur sang et dans leur cœur.
Tout ceci vous l'avez voulu,
Croyez-vous que le bien vous ait aidé ?

Regardez ce chêne millénaire
Détruit par votre guerre.
Vous pleuriez mille fils morts,
Cet arbre devait vivre encore.
Vous croyiez que j'étais fait
À votre image et à votre ressemblance ;
Vous l'avez lu dans ce livre contrefait
Que vous avez écrit vous-mêmes.
Je n'ai jamais eu de fils, et puis même,
Moi qui suis un tilleul, comment l'aurais-je fait ?