Version
française – LA
BALLADE DES MORTS BLANCHES – Marco
Valdo M.I. – 2017
Chanson
italienne – La
ballata delle morti bianche – Uniko
neurone – 2013
Lucien
l’âne mon ami, sais-tu ce qu’est la mort blanche ?
Évidemment,
Marco Valdo M.I. mon ami, que je le sais. Elle a frappé aussi tant
d’ânes qui étaient, comme tout le monde le sait, des bêtes de
somme, de véritables esclaves, contraints, forcés au travail. La
mort blanche est la mort au travail, car le travail tue et tue
beaucoup.
En
effet, Lucien l’âne mon ami, c’est bien d’elle qu’il s’agit,
même si l’expression « mort blanche » désigne
d’autres choses. En premier, la mort qu’entraîne une avalanche
de neige ou une tempête de neige ou plus généralement, la neige,
mais aussi, les périodes de grand froid des régions polaires
désertiques ; puis, aussi, plus curieusement, la « mort
blanche » est un tireur d’élite finlandais qui dans les
guerres contre les Russes – les batailles se déroulant dans la
neige du grand nord, tout camouflé de blanc, tua plusieurs centaines
d’ennemis au fusil. C’est aussi le nom du sucre en raison de ses
effets terribles sur la santé – dont notamment le diabète et
l’obésité. C’est aussi la mort, causée elle par des bactéries
et qui frappe les bancs de coraux, qui perdent leur belle couleur
orangée ou rougeâtre et deviennent tout blancs. Il est aussi
question d’un roman, d’un film et que sais-je d’autre encore ?
Néanmoins, dans la chanson, c’est de la mort au travail qu’il
s’agit et comme tu le dis, elle tue beaucoup. Il y a le plus
évident, ce sont les morts directes sur le lieu de travail suite à
un accident (chute, noyade, accident de machine, collision,
explosion, électrocution, effondrement, écrasement…) ou une
catastrophe (incendie, éboulement, avalanche, naufrage…) et puis
toutes les autres, celles qu’on n’identifie pas comme des morts
résultant du travail – dépression, suicide et celles qu’on ne
voit pas directement, et parmi elles, celles qui se passent en dehors
des lieux et du temps de travail, mais qui résultent du travail ;
on pense immédiatement à des crises cardiaques ou des choses du
genre, au karoshi ou la mort par surtravail ou excès de travail ;
mais il y a les plus insidieuses comme les maladies professionnelles,
les effets des produits sur l’organisme (l’amiante par exemple ou
le charbon ou les peintures…), les cancers dus aux émanations ou
aux radiations toxiques et sans doute encore bien d’autres façons
possibles de mourir au travail ou à cause du travail. Le slogan
n’est pas celui libéral de l’ « Arbeit macht frei »,
mais celui qui dit : « Le travail tue ! ».
Que
le travail tue, Marco Valdo M.I. mon ami, nous les ânes, nous le
savons depuis très très longtemps et de plus, nous n’aimons pas
le travail. Tout comme toi d’ailleurs,
il suffit d’aller voir ta chanson « Mort
au travail ! » et
Monsieur
de Cro-Magnon non plus, si on en croit sa chanson où
parlant de nos époques :
« Il
dirait sans faire de détail
Vraiment que nos descendants sont bêtes
D’avoir inventé le travail ! »
Vraiment que nos descendants sont bêtes
D’avoir inventé le travail ! »
Et,
reprend Marco Valdo M.I., il aurait bien raison ; ces
descendants – les vivants d’aujourd’hui vivent dans un monde
idiot où l’invention du travail est à l’origine d’une guerre
interminable et de ses innombrables victimes. Car, ce foutu travail
est une des dimensions fondatrices de la Guerre
de Cent Mille Ans que les riches et les puissants mènent
quotidiennement aux pauvres afin de les contraindre au travail et
d’en tirer mille et mille profits.
En
effet, dit Lucien l’âne, alors, reprenons notre tâche (qui n’est
pas un travail, ce supplice romain) et tissons le linceul de ce vieux
monde maniaque, exploiteur, tueur, assassin et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je
suis forcé de travailler.
Bureau ou fabrique, c’est égal.
Étranglé par les taxes, le carburant et le loyer,
Bureau ou fabrique, c’est égal.
Étranglé par les taxes, le carburant et le loyer,
Pour
survivre, il me faut suer ;
Mais sans argent, on ne peut subsister.
Chaque jour, je me lève tôt
Et dégoûté, je vais au boulot.
Mais sans argent, on ne peut subsister.
Chaque jour, je me lève tôt
Et dégoûté, je vais au boulot.
Si
je ne travaille pas, je ne peux faire l'amour ;
Mais à peine à l’usine, je suis assailli par la peur.
Pour arriver au soir, il reste huit heures
Et toutes les trois minutes, un ouvrier meurt.
Mais à peine à l’usine, je suis assailli par la peur.
Pour arriver au soir, il reste huit heures
Et toutes les trois minutes, un ouvrier meurt.
Mais
le patron, ça ne l’intéresse pas
Et le gouvernement il pense à quoi ?
Le syndicat ne proteste pas :
Il parle, il en parle, et il détourne la tête ;
Il parle, il en parle et il détourne la tête.
Et le gouvernement il pense à quoi ?
Le syndicat ne proteste pas :
Il parle, il en parle, et il détourne la tête ;
Il parle, il en parle et il détourne la tête.
Dans
mon entreprise, je ne suis pas écouté.
Les alarmes ne fonctionnent pas, tout est détraqué.
Le mois passé pour un câble dénudé,
Un collègue est mort, foudroyé.
Les alarmes ne fonctionnent pas, tout est détraqué.
Le mois passé pour un câble dénudé,
Un collègue est mort, foudroyé.
Le
patron veut que je me taise.
C’est lui qui commande, c’est lui qui menace.
Il ne veut pas dépenser pour la sécurité.
Si on dénonce, on est licencié.
C’est lui qui commande, c’est lui qui menace.
Il ne veut pas dépenser pour la sécurité.
Si on dénonce, on est licencié.
Si
je ne travaille pas, je ne peux faire l’amour ;
Mais à peine à l’usine, je suis assailli par la peur.
Pour arriver au soir, il reste huit heures
Et toutes les trois minutes, un ouvrier meurt.
Mais à peine à l’usine, je suis assailli par la peur.
Pour arriver au soir, il reste huit heures
Et toutes les trois minutes, un ouvrier meurt.
Mais
le patron, ça ne l’intéresse pas
Et le gouvernement il pense à quoi ?
Le syndicat ne proteste pas :
Il parle, il en parle, et il détourne la tête ;
Il parle, il en parle et il détourne la tête.
Et le gouvernement il pense à quoi ?
Le syndicat ne proteste pas :
Il parle, il en parle, et il détourne la tête ;
Il parle, il en parle et il détourne la tête.
Quel
malheur, quelle fatalité !
L’échafaudage s’est effondré.
Je suis tombé droit dans le vide
Et je suis mort, avec les six autres.
L’échafaudage s’est effondré.
Je suis tombé droit dans le vide
Et je suis mort, avec les six autres.
Je
ne me désespère pas, je ne suis pas tout seul.
Nous sommes des millions de morts au travail.
Il y a de la compagnie, de la musique et des danses
Pour les milliers de morts blanches.
Nous sommes des millions de morts au travail.
Il y a de la compagnie, de la musique et des danses
Pour les milliers de morts blanches.
Je
ne travaille plus, je ne
fais pas l'amour
non plus
Et dans cette usine, il ne me faut pas retourner.
Maintenant, c’est le problème du nouveau venu :
Dans trois minutes, il aura trépassé.
Et dans cette usine, il ne me faut pas retourner.
Maintenant, c’est le problème du nouveau venu :
Dans trois minutes, il aura trépassé.
Mais
le patron, ça ne l’intéresse pas
Et le gouvernement il pense à quoi ?
Le syndicat ne proteste pas :
Il parle, il en parle, et il détourne la tête ;
Il parle, il en parle et il détourne la tête.
Et le gouvernement il pense à quoi ?
Le syndicat ne proteste pas :
Il parle, il en parle, et il détourne la tête ;
Il parle, il en parle et il détourne la tête.