ANARCOÏDE
Version française
– ANARCOÏDE – Marco Valdo M.I. – 2017
Voici,
Lucien l’âne, à part le titre, un texte que je qualifierai
volontiers de classique.
À
part le titre ? Et puis, texte classique ?, Marco Valdo
M.I. mon ami, tu m’inquiètes ; tu commences à parler comme
un professeur. Je dis tout de suite – avant que tu ne te récrimines
et que tu ne m’accuses d’analphabétisme ou de je ne sais quoi –
que je n’ai rien contre le rôle de professeur et même que je le
trouve utile, mais parfois, les professeurs peuvent être bien
ennuyeux avec leurs discours.
Dis
tout de suite que je t’ennuie, Lucien l’âne mon ami. Ce sera
plus simple et plus direct et en prime, je ne te dirai plus rien.
Ho,
Marco Valdo M.I. mon ami, ne prends pas la mouche ainsi et réponds
plutôt à mes questions. Par exemple, que veut dire ce titre, que
veut-il dire exactement. C’est quand même un mot bizarre que ce
mot « anarcoïde », on dirait un alcaloïde anar.
Eh
bien, soit, Lucien mon ami, je m’en vais te répondre de façon
détaillée et forcément, un peu didactique. D’abord, je te
félicite, car tu n’es pas loin de la réponse exacte avec ton
« alcaloïde anar » ; ce serait même une façon
cocasse de faire de l’étymologie brute. Une étymologie brute,
comme on parle d’art brut. On pourrait imaginer qu’il serait
aussi une sorte de mot provenant du grec ancien où l’on trouvait
pour Atrée toute une descendance d’Atrides et là, un anarcoïde
(le tréma s’impose en français pour éviter que le « o »
suivi de « i » ne soit prononcé « wa »)
serait donc un descendant d’« anarco » ou une sorte
d’anarchiste héréditaire.
En
effet, un tel personnage est tout à fait plausible et j’en connais
même beaucoup du genre, dit Lucien l’âne en riant. Cependant, ce
n’est pas une règle absolue. On naît anarchiste, après, c’est
un choix : on le reste ou on se laisse prendre aux sirènes de
l’autorité. Comprenons-nous bien : quand je dis qu’on naît
anarchiste, c’est qu’au moment où on naît, il n’y a pour le
nouveau-né ni Dieu, ni maître. Ce n’est que plus tard qu’il les
découvre et qu’il accepte ou refuse qu’on les lui impose.
Lucien
l’âne mon ami, tu dis là des choses essentielles et bien
profondes. Et puis, des choses très belles : « Pour le
nouveau-né, il n’y a ni Dieu, ni maître » ; autrement
dit, « Au commencement, il n’y a ni Dieu, ni maître ».
Bien entendu, si au commencement de la
vie, il n’y a ni Dieu, ni maître, cela implique qu’il faut les
inventer, les créer et les imposer, car fondamentalement, il n’y a
aucune raison qu’ils existent, sauf à y trouver une utilité et
cette utilité, c’est l’affirmation et l’instauration du
pouvoir. Ainsi commence la
Guerre de Cent Mille Ans que les puissants et les riches
font aux pauvres. J’en viens au terme « anarcoïde »,
tel qu’il doit être compris ici. On dit que spécialement en
italien, on distingue « anarchico » qu’on dit en
français :« anarchiste » d’ « anarcoïde »
qu’on dit en français « libertaire ». C’est
évidemment une nuance qu’on ressent très bien, mais qu’il est
difficile et délicat de préciser. Pour exposer la chose sur un plan
logique ou du point de vue de la théorie des ensembles, on peut dire
que tous les anarchistes sont censément libertaires, mais que tous
les libertaires ne sont pas nécessairement anarchistes ;
autrement dit : l’ensemble des
libertaires inclut l’ensemble des anarchistes, mais que l’ensemble
des anarchistes ne comprend qu’une partie de l’ensemble des
libertaires. Une autre façon de voir
est de dire que si on situe ces deux mots très proches sur un axe
pouvoir – liberté, l’anarchiste se définit contre le pouvoir et
que le libertaire insiste plus sur l’aspect liberté.
Étant
nettement entendu, précise Lucien l’âne en riant à belle gorge,
que ces caractères sont relatifs l’un à l’autre et que le
mélange des deux est instable et fluctuant.
Oui,
reprend Marco Valdo M.I., dit ainsi, c’est plus nuancé et plus
proche de la réalité. Et, maintenant, quand on se reporte à la
chanson, on s’aperçoit qu’en effet, l’ « anarcoïde »
qui en est le personnage principal, celui qui la chante se définit
lui-même plus comme libertaire que comme « anarchiste ».
Moi,
en finale, ce que j’aime le plus, c’est le « Ni Dieu, ni
maître ».
Je
dois t’avouer que pour moi aussi, c’est l’essentiel et j’ajoute
un aveu complémentaire du « traducteur », c’est que
j’ai ajouté tout à la fin, à ce ni Dieu, ni maîtres… un « ni
prêtres », qui faisait si bien la rime et pas seulement, car
tous nos amis italiens se plaignent de cette incessante présence des
prêtres, curés, prélats de tous rangs, papes et autres nonnettes
« à la télé » et bien sûr, dans la presse, dans les
écoles et dans les rues… Ils y en a partout et ils mettent leur
longs nez jusque dans les affaires intimes des gens.
Oui,
je les entends aussi ces récriminations de nos amis et ils ajoutent
souvent que l’Italie est une véritable Katolikistan. Voyons cette
canzone « anarcoïdale » et reprenons notre tâche qui
est de tisser le linceul de ce vieux monde autoritaire, dominateur,
responsable, religiolâtre et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je
suis d’une autre pâte que les gens qui s’abaissent ;
Je veux autre chose que les distractions de masse ;
J’emploie ma tête, je suis un casse-couilles ;
Je suis hors système.
Je veux autre chose que les distractions de masse ;
J’emploie ma tête, je suis un casse-couilles ;
Je suis hors système.
Je
suis d’une autre pâte que les patrons de la guerre ;
Je suis pacifiste jamais masochiste, je n’use pas de la violence ;
Je suis autre et je ne suis pas un militaire ;
Je suis libertaire, je suis ma voie.
Je suis pacifiste jamais masochiste, je n’use pas de la violence ;
Je suis autre et je ne suis pas un militaire ;
Je suis libertaire, je suis ma voie.
Et
la réalité est une illusion.
Je suis un anarcoïde, je suis un casse-couilles ;
Je suis libertaire, je suis ma voie.
Je suis un anarcoïde, je suis un casse-couilles ;
Je suis libertaire, je suis ma voie.
Ni
politiciens, ni prêtres.