SERGENT
BRAILLARD
Version
française – SERGENT BRAILLARD – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson
allemande - Sergeant Waurich – Erich Kästner – 1930
aus:
"Was
nicht in Euren Lesebüchern steht" von und mit
Holger Münzer
Musique :
Hans Eisler – 1966
« Si tu avais mon revolver maintenant - Tu me tirerais dessus, là tout de suite, ici ? » J'ai dit : « Oui » ! |
Ah,
Lucien l'âne mon ami, voici une chanson d'Erich Kästner. Comme
telle, elle vient de loin… De l'an 1930. Et ce n'est pas sans
intérêt de connaître la date de sa création, surtout si on la met
en relation avec le titre de la canzone et certains des éléments
qu'elle contient.
Écoute,
Marco Valdo M.I. mon ami, une chanson d'Erich Kästner ne me laisse
jamais indifférent. C'est vraiment un très grand monsieur, un vrai
poète, un superbe romancier, un non moins extraordinaire chroniqueur
et un journaliste comme on n'en trouve que rarement.
Mon
ami Lucien l'âne, tu ne peux pas savoir combien tes propos me
comblent. Tout ce que tu dis de Kästner est rigoureusement exact.
Dès lors, a priori, cette canzone est d'un grand intérêt pour les
Chansons contre la Guerre. Ensuite, elle raconte l'histoire d'un
sergent nul, brutal, idiot, sadique ; ce qui en fait un texte
anti-militariste et même, anti-militaire. Mais elle est bien plus
que ça… Et là, intervient la question de la date et du grade de
l'individu dénommé ici : Sergent Braillard. Je t'ai dit :
écrite en 1930. Enlève « une douzaine d'années » ;
on est en 1917-18. Donc, un gars qui était sergent à cette époque.
Un de ces militaires, casques d'acier… des corps francs.
Ne
serait-ce pas certain gueulard moustachu ?, dit Lucien l'âne en
clignant de l'oeil.
Certes,
dit Marco Valdo M.I. en souriant, je vois bien que tu penses à
quelqu'un d'autre, dont ce pourrait être le portrait… Mais ce
« gueulard moustachu », ce « blechtrommel »,
ce tambour de fer blanc n'a jamais pu atteindre le grade de sergent.
Il est resté caporal. De plus, il n'a jamais exercé la fonction
d'instructeur militaire, même bête, même incompétent. Bref,
Kästner ne l'a pas connu durant la guerre ; il ne pouvait
quasiment rien prévoir en 1930 de ce qui allait faire d'un caporal
minable un tyran dément de première envergure.
Cependant,
son texte est prophétique, je te le dis, dit Lucien l'âne en
secouant sa noire crinière. Et pour savoir combien, il suffit de le
lire ou de l'écouter…
D'ailleurs,
il est fort dommage qu'il n'ait pas mis en acte ce qui est dit dans
la canzone :
… il m'a demandé :
« Si tu avais mon revolver maintenant -
Tu me tirerais dessus, là tout de suite, ici ? »
J'ai dit : « Oui » !
Et
en effet, on aurait peut-être pu éviter bien des tribulations et
des morts.
Mais
ce n'est pas sûr… Regarde bien, Lucien l'âne mon ami, le
personnage ici décrit par Kästner, qui ressemble tellement à ce
Ratatin de malheur, à ce hâbleur, cette idole haineuse d'horribles
hyènes honteuses, ce nain maléfique, ce moulin à paroles… avait
été produit à des milliers d’exemplaires par la décomposition
de l'Empire de Guillaume, comme un cadavre produit en masse les vers
qui vont le dévorer. Le point essentiel est que, comme disait le
loup à propos du mouton,
si ce n'était lui, c'eût été un de ses clones. Et dès lors,
l'assassiner précocement n'aurait peut-être pu éviter le désastre.
Je reconnais cependant que c'est une idée plaisante. Ceci dit,le
texte d e Kästner a tout d'un discours de Cassandre et montre, une
fois encore, combien la poésie ouvre les horizons de la pensée.
Marco
Valdo M.I. mon ami, il y aurait tant de choses encore à dire à
propos de cette canzone. Mais laissons l'imagination es uns et des
autres faire ses circonvolutions et reprenons notre tâche, simple
mais si nécessaire et tissons le linceul de ce vieux monde imbécile,
militarisé, bestialisé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Il
y a une douzaine années maintenant,
C'était notre sergent.
Nous avons appris de lui : « Présentez arme ! »
Quand l'un de nous tombait, en riant
Il crachait devant lui dans le sable.
C'était notre sergent.
Nous avons appris de lui : « Présentez arme ! »
Quand l'un de nous tombait, en riant
Il crachait devant lui dans le sable.
« À
genoux ! » était sa sentence préférée.
Bien deux cents fois, il l'a braillée.
Nous étions là sur la place désolée,
Où nous avons plié les genoux
Et appris la haine du même coup.
Bien deux cents fois, il l'a braillée.
Nous étions là sur la place désolée,
Où nous avons plié les genoux
Et appris la haine du même coup.
À
celui qui déjà était à quatre pattes,
Il arrachait sa veste
Et hurlait : « Salopard, tu vas geler des fesses ! »
Puis, il s'en allait. On fait encore
Des soldes de jeunesse.
Il arrachait sa veste
Et hurlait : « Salopard, tu vas geler des fesses ! »
Puis, il s'en allait. On fait encore
Des soldes de jeunesse.
Il
m'a jeté par amusement sur le sable
Ensuite, il m'a demandé :
« Si tu avais mon revolver maintenant -
Tu me tirerais dessus, là tout de suite, ici ? »
J'ai dit : « Oui » !
Ensuite, il m'a demandé :
« Si tu avais mon revolver maintenant -
Tu me tirerais dessus, là tout de suite, ici ? »
J'ai dit : « Oui » !
Celui
qui l'a connu, ne l'oubliera jamais.
On se le garde au frais !
C'est un animal. Il vomit et il braille.
On appelle le sergent Braillard : « le bétail »,
Comme ça, tout le monde le reconnaît.
On se le garde au frais !
C'est un animal. Il vomit et il braille.
On appelle le sergent Braillard : « le bétail »,
Comme ça, tout le monde le reconnaît.
L'homme
m'a retourné le foie.
Lui, ça ne le touche pas.
Il provoque et fait mal et martèle à haute voix.
Et quand avant de dormir, commence à poindre la nuit,
Alors, je pense à lui.
Lui, ça ne le touche pas.
Il provoque et fait mal et martèle à haute voix.
Et quand avant de dormir, commence à poindre la nuit,
Alors, je pense à lui.