mardi 14 juillet 2015

Oh ! Le Bel Accord !



Oh ! Le Bel Accord !


Chanson française – Oh ! Le Bel Accord ! – Marco Valdo M.I. – 2015

ARLEQUIN AMOUREUX – 10

Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.



Trêve de questions, chassez les doutes !
Mach schnell ! Europa en avant toute !





Lucien l'âne mon ami, voici une chanson pas encore napoléonienne, mais presque. Bonaparte n'est encore que Consul, premier, certes, et revenu d'Égypte, vainqueur déjà des Autrichiens, il signe avec l'Anglais la paix d'Amiens. À eux la mer, à nous, la terre. Peut-être penseras-tu – je le vois au balancement de tes oreilles – que je m’égare et que mon goût pour les histoires se mue en goût pour l'Histoire. Il n'en est rien. Simplement, notre Arlecchino, alias Matthias, alias… vivait en ce temps-là et cette Paix d'Amiens de 1802 est une sorte de repère, une borne milliaire. Ainsi, elle nous précise que nous sommes deux ans après Marengo ; deux ans que notre Matthias vagabonde en tentant quand même d'arriver chez lui, ce qui est en effet le cas. Voilà pour les histoires de note déserteur Mais ce n'est pas tout…

Et quoi d'autre encore ? Marco Valdo M.I. mon ami, tu m'intrigues.

Comment t'expliquer le sens de cette chanson que je découvre en même temps que toi ? En fait, c'est assez complexe. D'abord, par cette paix, l'Europe d'alors momentanément pacifiée, tranquille ne fait plus tant la chasse aux déserteurs. L'urgence n'est palus d'avoir des soldats et l'Autriche vaincue (qui a déjà son arrangement avec la France bonapartiste) ne pense pas encore à reprendre le combat. Mais évidemment, ça ne pourrait tarder… Pour notre Arlecchino, c'est un moment où il peut (un peu) s'assoupir et redevenir civil ; il vient d'arriver chez lui. Mais ce n'est pas tout…

Et quoi d’autre donc ? Marco Valdo M.I., mon ami, tu ne cesses de m'intriguer, encore plus que tout à l'heure…

Eh bien, c'est que cette chanson, je l'ai écrite aujourd'hui, le 14 juillet 2015 et comme tu le remarqueras à l'écoute, elle parle de l'Europe et d'un accord… et se termine sur un impératif allemand… En clair, elle parle d'aujourd'hui en parlant du passé. Il faut que tu saches, Lucien l'âne mon ami, que ce bel accord, cette paix d'Amiens où tous s'entendaient si bien et si éternellement débouchera un peu plus d'un an après sur de très effroyables guerres européennes qui dureront une dizaine d'années, puis rebondiront une soixantaine d'années plus tard (1870), puis environ cent ans après (1914), puis une vingtaine d'années (1939)… Comme tu ne l'ignores pas, les ravages furent formidables, les morts se comptent en millions.

Les soubresauts de la belle Europe ne sont pas sans danger…

De fait, Lucien l'âne, malgré tous les accords (rien qu'un autre exemple : Munich), la guerre revient. On attribue à Winston Churchill, à propos de ces fameux accords, une réflexion dont je n'ai pas gardé en mémoire la formulation exacte, mais qui dit à peu près ceci : Vous aviez à choisir entre le déshonneur et la guerre. Vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre. Mais, me dira-t-on, c'était à Munich et le diktat était celui d'un dictateur… Voire, il était chancelier d'Allemagne. Cependant, en effet, les soubresauts de la belle Europe ne sont pas sans danger. En fait, elle n'aime pas qu'on la domestique, qu'on la cornaque, qu'on la tance, qu'on l'asservisse. Et certains s'y emploient ; c'est imprudent. Voilà le sens profond de cette chanson. Une fois encore, c'est Cassandre, une voix perce le mur opaque du futur.

Allons, allons, Marco Valdo M.I., mon ami, garde tes oracles… Les augures sont comme les économistes, ils se trompent tout le temps.

Certes, certes, Lucien l'âne mon ami, mais rappelle-toi ce que l'on dit ici depuis des années à propos de ce qu'ils font aux Grecs et ce que nos Histoires d'Allemagne ont montré des terribles manières de certains des protagonistes de ces derniers jours (Wolfgang Schäuble était déjà là lors du dépeçage de l'Allemagne de l'Est), qui avaient été en quelque sorte rodées sur les populations de l'Allemagne elle-même. La Treuhand  les avait vendus à l'encan. On disait déjà ici que c'était le modèle de ce qui serait fait aux Grecs… et c'est bien le cas.

Je me souviens très bien de ça et j'appuie ton idée en rappelant l'antienne : « REGARDEZ CE QU'ILS FONT AUX GRECS, ILS VOUS LE FERONT DEMAIN... ». Dès lors, reprenons notre tâche et Ora e sempre : Resistenza !, tissons le linceul de ce vieux monde exploiteur, colonisateur, ottiste (je t'invente ce néologisme de ma façon : un monde ottiste, une personne ottiste… est un monde, une personne qui poursuivent le rêve d'Otto von Bismarck : la grande Europe allemande) et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



La frégate toutes voiles dehors
Par le travers du Pas de Calais
Fendait la mer et les flots, sous le vent du nord,
Amenant Lord Cornwallis signer la paix.

À Paris, une Marianne défraîchie
Saluait le frère Joseph qui s'en allait
En Amiens, plénipotentiaire, signer la paix.
L’Europe déjà se faisait. Ainsi va la vie.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Les Ottomans retrouvaient le pays de Râ.
La Patrie récupérait ses colonies. Ce n'est pas rien !
Toute une Belgique et un pied dans le Rhin.
La paix n'a pas de prix. Rule Britannia !

Oh ! Le bel accord ! Oh ! Joie unanime !
Oh ! La belle paix ! Amis à l'ouvrage !
L'Europe rubiconde a belle mine ;
La paix a un si beau visage.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Le temps de paix est une aubaine.
Les hirondelles reviennent à tire d'aile.
Les paysans sèment et s'activent sans peine.
Oui, ainsi, la vie sera belle.

Amis, foin de mollesse, l'accord est signé.
Amis d'Europe, reprenez le collier !
Trêve de questions, chassez les doutes !
Mach schnell ! Europa en avant toute !


Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.