jeudi 30 mai 2019

LES INQUISITEURS


 LES INQUISITEURS



Version française – LES INQUISITEURS – Marco Valdo M.I. – 2019
d’après la version italienne de Riccardo Venturi
d’une
Chanson portugaise – Os inquiridores – José Saramago – 1966







Comme on sait, José Saramago a également écrit les Poèmes possibles (Poemas possíveis). Ils ont été publiés en 1966 par Portugália Editora, deux ans avant l’accident domestique (il semble que ce soit une chute dans la baignoire) qui a entraîné la mort du dictateur Salazar. Certains des Poèmes Possibles de Saramago (voir notamment Paula Oliveira : https://www.youtube.com/watch?v=QmfzTswF60s) ont été mis en musique et chantés par Manuel Freire ; voir Ouvindo Beethoven, le célèbre Beethoven du Jour des Surprises (qui serait arrivé quelques années plus tard, exactement huit, le 25 avril 1974 ; et ce fut une assez bonne surprise). Le présent Poème Possible , par contre, je ne sais pas s’il a jamais été mis en musique par qui que ce soit ; mais comme j’ai tant de fois été démenti , qui sait si celle-ci ne l’a pas été. Il parle d’Inquisiteurs. On croit maintenant que les Inquisiteurs appartiennent à un passé très lointain, on pense à Torquemada ou Bernardo Gui du « Nom de la Rose », on imagine des tortures horribles et imaginatives, pourtant les Inquisiteurs ne sont jamais partis. Église ou État, souvent des deux, ils sont toujours là pour nous scruter, nous espionner, nous dicter, nous réprimer et, bien sûr, nous torturer ; maintenant nous leur avons volontiers fourni des outils technologiques impensables, devenant nous-mêmes, dans la pratique, les inquisiteurs et les bourreaux de nous-mêmes. Et oui, il y a des inquisiteurs, des poux de toutes les couleurs. Mais faites attention. J’ai mis ce poème dans la catégorie « anticléricale ».Mais, en portugais, « inquiridores » ne signifie pas seulement « inquisiteurs » ; cela signifie aussi « enquêteurs ». C’est un terme juridique normal et actuel. En portugais, inquisiteurs et enquêteurs sont la même chose ; de quoi réfléchir. [R.V.]






Les poux infestent le monde :
Il n’y a pas une peau qu’ils ne sucent,
Il n’y a pas de secret d’âme qu’ils n’épient,
Un rêve qu’ils ne mordent et ne pervertissent.


Sur nos reins poilus, ils s’amusent
De toutes couleurs, ils nous menacent :
Il y en a des bruns, des verts et des jaunes,
Il y en a des noirs, des gris et des rouges.


Et tous se bagarrent, tous mangent,
De concert, voraces, ils n’entendent
Laisser comme restes de leur dîner,
Sur le désert terrien que des os décharnés.