mercredi 26 janvier 2022

LES CYCLISTES

 

LES CYCLISTES


Version française – LES CYCLISTES – Marco Valdo M.I. – 2022

Chanson italienne – Pedala pedalaFiumanò Domenico Violi – 2008


Paroles et musique :
Fiumanò Domenico Violi
Album :
Il Biciclettista


LES CYCLISTES

Fernand Léger – 1943-48



Dialogue Maïeutique


Ah, la métaphore, la métaphore !, s’exclame Marco Valdo M.I.


Quoi, la métaphore, la métaphore ?, demande Lucien l’âne.


Oh, à vrai dire, rien, répond Marco Valdo M.I. ; rien de vraiment particulier, sauf qu’il m’est soudain venu à l’idée de pousser cette bluette, assez sommaire, je l’admets. Pourtant, en vérité, c’est le fond de ma réflexion. Donc, d’abord, la métaphore est le procédé qui, en gros, parle de quelque chose pour ne pas parler d’une autre, tout en en disant des choses. Ainsi, ce qui est dit, est dit.


Définition rigoureusement exacte, dit Lucien l’âne. Mais qu’en est-il cette fois ?


Eh bien, cette fois, Lucien l’âne mon ami, on donne dans la métaphore cycliste.


Si je me souviens, Marco Valdo M.I. mon ami, on a déjà parlé du vélocipède dans l’un ou l’autre de nos dialogues ; par exemple, quand on devisait de « La bicicletta », que tu avais fort logiquement traduit par « La Bicyclette ».


Oui, dit Marco Valdo M.I., et on trouvera la métaphore cycliste évoquée aussi précédemment dans « L’uomo è una machina che va a calci in culo » – « L’Homme est une Machine qui avance à coups de pied dans le cul », où dans notre dialogue, on évoquait « La Passion considérée comme une course de côte », œuvre du cyclomaniaque Alfred Jarry et maintenant, on pourrait dire – pour paraphraser le ci-devant – voici « la vie considérée comme une course de côte » du cyclotouriste Fiumanò Domenico Violi.


Si je me souviens encore, reprend Lucien l’âne, j’ai en mémoire qu’on en conversa aussi lorsqu’on présenta ta chanson « L’Aviateur ».


Ah oui, l’aviateur, dit Marco Valdo M.I., c’est mon tour d’avoir une remembrance émue en me remémorant ce texte biblique, prophétique, moderne et orné de citations cachées. Par exemple, celle-ci, double, que je ne résiste pas à citer et je te laisse le plaisir de chercher l’origine:


« Dans la montée, Jésus revient
Dans la poussière et les bras en croix »


Références, révérences, dit Lucien l’âne. En tout cas, cet Aviateur était une bonne chanson, mais qu’en est-il vraiment, j’insiste, de cette ode aux cyclistes.


Oh, répond Marco Valdo M.I., c’est l’histoire de l’homme, l’histoire toute simple d’un homme simple, un parmi tous ces gens qu’on croise et qui ont bien besoin d’être supportés, d’être de vive voix encouragés. Jarry avait raison, il faut considérer l’existence comme une course de côte, où chacun et tous sont individuellement engagés, tous en route vers le même sommet où tout, y compris le champion, s’arrête.


« Dans ce pays de feu et de clous

Où la vie ne vaut pas un clou,

Où la route de l’homme est en montée,

Arrête-toi champion, ta course est terminée. »


Décidément, conclut Lucien l’âne, ces métaphores cycloïdes, dignes du professeur, contiennent la grande vérité de la réalité, celle que poursuivit à travers le cosmos tout entier, le philosophe athée Giordano Bruno qu’on fit décoller – sous mes yeux, si, si, j’y étais au campo dei Fiori – dans un grand bouquet de flammes romaines. Oui, tous en route pour le même sommet ! En attendant de rencontrer Mort – dont Terry Pratchett affirme qu’il est du genre masculin, un grand-père même, et qu’il nous indique le but final, tissons le linceul de ce vieux monde pentu, rond, raide, rude et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Pédale, pédale

Et plie la route,

Dompteur de courbes !

Entre les montées et les combes,

Ton visage fin,

Creusé par la soif et la faim,

Esquisse un demi-sourire

Entre fiel et sucre.

Pédale, pédale,

Graine de champion

Et forge l’asphalte,

Et fait sauter le goudron.


Dans ce pays d’épines et de roses

Où la vie ne vaut rien,

La route de l’homme est toute en côtes

Et l’omnipotence est une histoire sans fin.


Pédale, pédale,

Pédale d’amour,

Pédale toujours,

Sel de sueur et de larmes,

Pédale, pédale !

Où que tu sois,

J’espère que tu seras

Moins seul qu’avant,

Quand un diable blanc

Avec une queue et un trident

Te piquera les fesses

Pour maintenir ta vitesse.


Le sort t’attend

À chaque tournant,

Les gens en faction

Hurlent ton nom ;

Des yeux, tu les salues

Avec le cœur dans la gorge.

Un enfant rêve de son mythe

Et t’effleure et t’enflamme.


Pédale, pédale

Sans arrêter

Et laisse tomber

Les pensées létales,

Car il est un ange elfe

Qui assure tes arrières.

Pédale, pédale

Et ne regarde pas derrière

Pédale, pédale,

Graine de champion

Et forge l’asphalte,

Et fait sauter le goudron.


Dans ce pays de feu et de clous

Où la vie ne vaut pas un clou,

Où la route de l’homme est en montée ;

Omnipotence, l’histoire est fatiguée.


Pédale, pédale

Où que tu cavales,

Et laisse tomber

Les mauvais pensers.


Dans ce pays de feu et de clous

Où la vie ne vaut pas un clou,

Où la route de l’homme est en montée,

Arrête-toi champion, ta course est terminée.