LES CYCLISTES
Version française – LES CYCLISTES – Marco Valdo M.I. – 2022
Chanson italienne – Pedala pedala – Fiumanò Domenico Violi – 2008
Paroles
et musique : Fiumanò
Domenico Violi
Album :
Il
Biciclettista
LES CYCLISTES
Fernand Léger – 1943-48
Dialogue Maïeutique
Ah, la métaphore, la métaphore !, s’exclame Marco Valdo M.I.
Quoi, la métaphore, la métaphore ?, demande Lucien l’âne.
Oh, à vrai dire, rien, répond Marco Valdo M.I. ; rien de vraiment particulier, sauf qu’il m’est soudain venu à l’idée de pousser cette bluette, assez sommaire, je l’admets. Pourtant, en vérité, c’est le fond de ma réflexion. Donc, d’abord, la métaphore est le procédé qui, en gros, parle de quelque chose pour ne pas parler d’une autre, tout en en disant des choses. Ainsi, ce qui est dit, est dit.
Définition rigoureusement exacte, dit Lucien l’âne. Mais qu’en est-il cette fois ?
Eh bien, cette fois, Lucien l’âne mon ami, on donne dans la métaphore cycliste.
Si je me souviens, Marco Valdo M.I. mon ami, on a déjà parlé du vélocipède dans l’un ou l’autre de nos dialogues ; par exemple, quand on devisait de « La bicicletta », que tu avais fort logiquement traduit par « La Bicyclette ».
Oui, dit Marco Valdo M.I., et on trouvera la métaphore cycliste évoquée aussi précédemment dans « L’uomo è una machina che va a calci in culo » – « L’Homme est une Machine qui avance à coups de pied dans le cul », où dans notre dialogue, on évoquait « La Passion considérée comme une course de côte », œuvre du cyclomaniaque Alfred Jarry et maintenant, on pourrait dire – pour paraphraser le ci-devant – voici « la vie considérée comme une course de côte » du cyclotouriste Fiumanò Domenico Violi.
Si je me souviens encore, reprend Lucien l’âne, j’ai en mémoire qu’on en conversa aussi lorsqu’on présenta ta chanson « L’Aviateur ».
Ah oui, l’aviateur, dit Marco Valdo M.I., c’est mon tour d’avoir une remembrance émue en me remémorant ce texte biblique, prophétique, moderne et orné de citations cachées. Par exemple, celle-ci, double, que je ne résiste pas à citer et je te laisse le plaisir de chercher l’origine:
« Dans
la montée, Jésus revient
Dans la poussière et les bras en
croix »
Références, révérences, dit Lucien l’âne. En tout cas, cet Aviateur était une bonne chanson, mais qu’en est-il vraiment, j’insiste, de cette ode aux cyclistes.
Oh, répond Marco Valdo M.I., c’est l’histoire de l’homme, l’histoire toute simple d’un homme simple, un parmi tous ces gens qu’on croise et qui ont bien besoin d’être supportés, d’être de vive voix encouragés. Jarry avait raison, il faut considérer l’existence comme une course de côte, où chacun et tous sont individuellement engagés, tous en route vers le même sommet où tout, y compris le champion, s’arrête.
« Dans ce pays de feu et de clous
Où la vie ne vaut pas un clou,
Où la route de l’homme est en montée,
Arrête-toi champion, ta course est terminée. »
Décidément, conclut Lucien l’âne, ces métaphores cycloïdes, dignes du professeur, contiennent la grande vérité de la réalité, celle que poursuivit à travers le cosmos tout entier, le philosophe athée Giordano Bruno qu’on fit décoller – sous mes yeux, si, si, j’y étais au campo dei Fiori – dans un grand bouquet de flammes romaines. Oui, tous en route pour le même sommet ! En attendant de rencontrer Mort – dont Terry Pratchett affirme qu’il est du genre masculin, un grand-père même, et qu’il nous indique le but final, tissons le linceul de ce vieux monde pentu, rond, raide, rude et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Pédale, pédale
Et plie la route,
Dompteur de courbes !
Entre les montées et les combes,
Ton visage fin,
Creusé par la soif et la faim,
Esquisse un demi-sourire
Entre fiel et sucre.
Pédale, pédale,
Graine de champion
Et forge l’asphalte,
Et fait sauter le goudron.
Dans ce pays d’épines et de roses
Où la vie ne vaut rien,
La route de l’homme est toute en côtes
Et l’omnipotence est une histoire sans fin.
Pédale, pédale,
Pédale d’amour,
Pédale toujours,
Sel de sueur et de larmes,
Pédale, pédale !
Où que tu sois,
J’espère que tu seras
Moins seul qu’avant,
Quand un diable blanc
Avec une queue et un trident
Te piquera les fesses
Pour maintenir ta vitesse.
Le sort t’attend
À chaque tournant,
Les gens en faction
Hurlent ton nom ;
Des yeux, tu les salues
Avec le cœur dans la gorge.
Un enfant rêve de son mythe
Et t’effleure et t’enflamme.
Pédale, pédale
Sans arrêter
Et laisse tomber
Les pensées létales,
Car il est un ange elfe
Qui assure tes arrières.
Pédale, pédale
Et ne regarde pas derrière
Pédale, pédale,
Graine de champion
Et forge l’asphalte,
Et fait sauter le goudron.
Dans ce pays de feu et de clous
Où la vie ne vaut pas un clou,
Où la route de l’homme est en montée ;
Omnipotence, l’histoire est fatiguée.
Pédale, pédale
Où que tu cavales,
Et laisse tomber
Les mauvais pensers.
Dans ce pays de feu et de clous
Où la vie ne vaut pas un clou,
Où la route de l’homme est en montée,
Arrête-toi champion, ta course est terminée.