L’HOMME EN NOIR
Version
française – L’HOMME EN NOIR – Marco Valdo M.I. – 2017
Paroles
et
musique :
Dario Brunori
Dialogue maïeutique
« L’uomo nero – l’homme noir » : quel titre, encore une fois !, dit Lucien l’âne. Je n’aurais jamais pensé que quelqu’un écrirait une chanson avec un titre aussi raciste.
Ho !,
Lucien l’âne mon ami, détrompe-toi, ce n’est pas du tout une
chanson raciste ; bien au contraire, comme tu vas le comprendre
à l’instant. L’homme noir dont il est question n’est qualifié
de noir que par l’uniforme qu’il porte, même symboliquement,
même par métaphore ; autrement dit,
même quand il est en caleçon ou qu’il se promène en civil.
Par exemple, personne ne penserait un instant à moi comme à un
homme susceptible de porter un uniforme noir. Cet usage métaphorique
indique nettement qu’il s’agit d’un personnage fasciste,
para-fasciste ou néo-fasciste ; bref, un homme aux conceptions
d’extrême-droite et aux mœurs à l’avenant. D’ailleurs pour
couper court, j’ai modifié dans la version française cette
appellation et j’ai usé de l’expression « L’homme en
noir », qui me paraît plus exacte et nettement moins
amphibologique.
Ah,
dit Lucien l’âne soulagé, j’en ai rencontré beaucoup dans ma
vie et pas seulement en Italie de ces « hommes en noir ».
En Espagne, par exemple, il en circule pas mal ; ce sont des
gens fort nationalistes, très autoritaires et nostalgiques d’un
empire perdu et d’une gloire révolue. Je les trouve peu
fréquentables.
Certes,
reprend Marco Valdo M.I., il y en a dans plusieurs pays qui font du
bruit et du tapage ; ils remuent leurs pieds et agitent leurs
bottes. Il fut un temps où ils étaient plus discrets, mais à
présent, ils se montrent et reprennent du poil de la bête.
Du
poil de la bête immonde, explose en riant Lucien l’âne.
Exactement,
répond Marco Valdo M.I. ; ce qui explique que cette chanson
italienne fort récente ne se contente pas d’évoquer ces gens-là ;
elle en fait un portrait-type, une sorte
d’échographie ; elle explore aussi leur psychologie. C’est
en quelque sorte une étude de mœurs. Mais aussi,
et c’est assez inhabituel pour que je le
souligne, elle expose la dérive qui entraîne le conteur lui-même,
qui malgré lui, se sent envahi par cette peste sociétale.
Il
a raison, dit Lucien l’âne, si on n’y prend garde, ces idées et
ces penchants pervers, dont une sinueuse propagande se fait l’écho,
envahissent notre monde et tentent de subjuguer les citoyens.
« Citoyen », ordinairement, veut dire « celui qui a
droit de cité » ; mais aux yeux de ces « hommes en
noir » et de ceux qui les suivent et les soutiennent, il ne
s’agit pas de ce « citoyen » au sens légal, mais de
ceux qui partagent leurs idées, ce qui est plus restrictif et fait
référence à un groupe quasiment racial ou tribal, qui aurait à
voir avec les « racines chrétiennes » – du moins en
Italie. Ailleurs, ça peut varier considérablement, mais il est
toujours question de « racines ». Maintenant, il me faut
conclure et t’inviter à reprendre notre tâche et à tisser le
linceul de ce vieux monde réactionnaire, enraciné, national,
fasciste, de noir vêtu et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Remarquez :
l’homme en noir
souvent
A
un faible pour les chiens,
Publie
la photo de ses enfants,
Porte
des habits militaires ;
Remarquez
qu’il dit souvent
Nous
sommes trop bons,
À
être tolérants,
On
passe pour des couillons.
Remarquez
que ses arguments
Sont
plus ou moins les suivants :
Ils
volent, ils salissent, ils puent, et alors :
Huile
de ricin et matraques.
Remarquez
qu’il parle encore
De
race pure et de race aryenne.
Mais
il est moins regardant
Quand
il s’agit d’une belle enfant.
Et
vous, vous pensez
Que
c’est du passé,
Que
ce misérable et tragique cinéma
Ne
se répéterait jamais.
Vous
croyez au progrès
Et
au sourire de Mandela,
Qu’après
l’hiver, l’été viendra.
Eh
bien, ce n’est pas le cas !
Remarquez
l’homme en noir souvent
A
un faible pour sa nation :
Chez
nous, chez eux.
Toute
sa vie travail-maison,
La
famille, il l’aime bien,
Si
elle est chrétienne ;
Il
faut aimer son prochain,
S’il
est de race italienne.
Remarquez :
l’homme en noir
Pollue
mon cerveau et mon histoire
Quand
plutôt que de la laisser ouverte,
À
double tour, je ferme ma porte ;
Quand
dans l’autobus à Milan,
J’ai
peur pour ma vie et mes parents,
Car
un passager musulman
Récite
le Coran.
Et
vous, vous pensez
Que
c’est du passé,
Que
ce misérable et tragique cinéma
Ne
se répéterait jamais.
Vous
croyez au progrès
Et
au sourire de Mandela,
Qu’après
l’hiver, l’été viendra.
Eh
bien, ce n’est pas le cas !
Et
moi, moi qui pensais
C’est
juste une ballade et au fond,
Chanter
une chanson suffirait
Pour
donner au monde une leçon ;
Moi
qui sirote mon apéro,
Assis
en terrasse au bord de l’eau,
Je
pensais tout est bien, ça va, ça ira –
Il
suffit de ne pas faire d’enfants.
Je
pensais tout est bien, ça va, ça ira –
Eh
bien, voyez-vous, ce n’est pas le cas !
Et
moi, moi qui pensais
C’est
juste une ballade et au fond,
Chanter
une chanson suffirait
Pour
donner au monde une leçon ;
Moi
qui sirote mon apéro,
Assis
en terrasse au bord de l’eau,
Je
pensais tout est bien, ça va, ça ira –
Il
suffit de ne pas faire d’enfants.
Je
pensais tout est bien, ça va, ça ira –
Eh
bien, voyez-vous, ce n’est pas le cas !