mercredi 11 octobre 2017

DIEU SAUVE LE ROI

DIEU SAUVE LE ROI

Version française – DIEU SAUVE LE ROI – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après la version italienne de Anonimo Toscano del XXI Secolo d’une
Chanson espagnole – Dios salve al reyLos Muertos de Cristo – 2004




Felipe 4 




Après les chansons catalanes Jo vull ser rei et Agafant l'horitzóvoici Lucien l’âne mon ami, une chanson espagnole.

Ho, Marco Valdo M.I. mon ami, ne me parle pas des Espagnols, ces gens ont un premier ministre et un roi tellement peu crédibles, d’une insondable stupidité et bornés à souhait, leur brutalité coloniale n’a comme vertu que de prolonger l’agonie de leur nation.
Mais enfin, Lucien l’âne mon ami, cette chanson est espagnole et elle est l’œuvre de gens d’Espagne non suspects de collusion avec le régime (post-)franquiste, une chanson dont le titre rappelle l’hymne national britannique, qui comme tu le sais, selon les saisons s’intitule « God save the queen » ou « God save the king » ; évidemment, je le vois à ton œil rigolard, que se passera-t-il le jour où ils auront un roi ou une reine qui se déclarera transexuel(le) ? C’est une question de première importance, même si la réponse n’est pas urgente.

Au fait, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as raison ; on ne sait jamais, ça pourrait arriver et à ce moment, il sera trop tard pour avoir le temps de réfléchir posément à la question. Dans ces matières, il vaut mieux s’y prendre longtemps à l’avance.

Bref, Lucien l’âne mon ami, cette chanson s’intitule tout à fait logiquement « Dios salve al rey » – « Dieu sauve le roi ». C’est une proposition optative, un pur souhait et inutile avec ça. À mon sens, un souhait lancé dans le vide, vu que celui à qui il s’adresse n’existe pas. Elle est d’ailleurs assez baignée d’acide ironique et vise très précisément Philippe, l’actuel roi d’Espagne  (alias Felipe 7; il y en a eu donc 6 avant lui) et son père, Jean Charles. Elle montre aussi le retour de la monarchie dans les caissons d’artillerie du franquisme.

En fait, les rois, c’est comme les ours et différents des jours… Je te vois tout ahuri, dit Lucien l’âne. Mais la solution de cette énigme est que les jours se suivent et ne se ressemblent pas ; au contraire des ours, car les ours se suivent et se ressemblent. Enfin, elle m’a bien l’air d’être un cauchemar, cette chanson, Marco Valdo M.I. mon ami. Du moins pour ce malheureux rêveur qui rêve chaque nuit que dieu sauve le roi.

Certes, Lucien l’âne mon ami, ce doit être éprouvant de chaque nuit subir un pareil sauvetage, alors qu’on souhaiterait plutôt que le rêve soit celui de la liberté, de la fraternité et de l’égalité. En somme, la meilleure chose qui pourrait arriver à ce rêve c’est qu’il n’ait rien à voir avec des rois, des reines et tous leurs soupirants. On imagine qu’un rêve soit au moins celui d’une république, d’un monde unifié, d’un monde où les riches et l’idée-même de richesse auraient disparu, seraient abolis pour le plus grand bien commun ; un monde où personne n’opprimerait personne, où chaque peuple ou nation ou région admettrait l’autonomie et la liberté des autres, un monde où nul n’aurait l’idée saugrenue d’une intangibilité, un monde où l’autorité s’inclinerait devant l’intelligence, où personne n’aurait le pas sur les autresBref, un monde bien différent du nôtre.

Oh, dit Lucien l’âne, c’est évidemment, vu d’ici et d’à présent, et surtout sur le territoire de l’Ibérie et pour les gens qui y vivent, un rêve extraordinaire et bienfaisant, mais en raison de l’attitude des colonisateurs, un rêve difficile à mettre en œuvre. Et pour ce qui nous concerne, il ne nous reste qu’à reprendre notre tâche et à tisser le linceul de ce vieux monde colonial, périmé, suranné, désuet et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Ici, je conte l’histoire, celle qu’impose le vainqueur,
Qui tient le peuple sous le joug de la terreur…
C’est une histoire très simple,
Faites attention quand même,
Celle où le roi descend des cieux
Envoyé par dieu.

Divin, intelligent,
Démocrate impénitent,
Avec sa jolie moto,
Il nous a vendu la transition,
Il ne travaille pas ni
ne produit,
Par la
grâce de dieu,
C’est la grâce qu’il nous fait,
À nous, le peuple travailleur.

Qu’elle est jolie la famille royale,
Et son discours de Noël m’enchante,
Je m’en vais tatouer cette majesté si séduisante,
Sur mon cul, sa tête et la bannière nationale,
Ainsi chaque fois que je vais chier, ça m’enchante
De voir chaque jour la famille royale, de la famille royale,
La famille royaaaale.

Et au nom de Franco, du fils et du Saint Esprit,
De Rome en Espagne, ce monarque est revenu au pays,
Régner sur un peuple souverain qui après quarante ans
De bastonnade, a su oublier l'histoire pourtant.

DIEU SAUVE LE ROI, DIEU SAUVE LE ROI
QU’
IL L’EMPORTE AU CIEL AVEC LE FRANQUISME
QUI L’
A MIS AU POUVOIR

Hier soir, j’ai fait un rêve et je ne pouvait pas me réveiller,
Sonnaient les trompettes du jugement dernier,
Dieu de sa voix profonde n'arrêtait pas d'appeler
Tous les chrétiens honorables et de bonne volonté,
Alors sont arrivés les banquiers et vinrent le militaire,
Et la famille royale tout entière.

La terre fut libérée de ce clan infernal,
Qui vit seulement de l'ignorance populaire,
Mais le rêve a cessé et j’ai retrouvé le réel,
Et quelle a été ma surprise au réveil,
De voir que le peuple devait payer encore,
Les frais du mariage du Quartet Royal.

Comme je suis bien éduqué, je veux donner,
Une branche de fleurs à sa divine majesté,
Pour qu’elle soit très heureuse dans l'éternité.
Que le dieu des cieux ne la fasse pas lanterner,
Car elle est belle la famille royale, et moi
Je rêve chaque nuit QUE ! Dieu sauve le roi !

DIEU SAUVE LE ROI, DIEU SAUVE LE ROI
QU’
IL L’EMPORTE AU CIEL AVEC LE FRANQUISME
QUI L’
A MIS AU POUVOIR


Telle est l’histoire, celle qu’impose le vainqueur,
Qui tient le peuple sous le joug de la terreur…

À propos des récents événements de Catalagna

DIALOGUE D’UN VENDEUR D’ALMANACHS ET 

D’UN BADAUD

À propos de
s récents événements de Catalagna

Version française par Marco Valdo M.I. de :
DIALOGO DI UN VENDITORE DI ALMANACHS E DI UN BADAUD
A proposito de’ recenti avvenimenti di Catalagna

par un Anonimo Toscano del XIX secolo







Venditore – Almanachs, almanachs nuovi ; gazzette d’oggi. Bisognano, signore, almanachs o gazzette?

Vendeur – Almanachs, almanachs nouveaux ; gazettes d’aujourd’hui. Pour vous, monsieur, almanachs ou gazettes ?

Badaud –Vous avez les gazettes d’aujourd’hui même ?

Vendeur – Oui monsieur  ; voici la Petite Gazette des Venises, le Moniteur de Forlimpopoli, le Courrier de Lucques

Badaud – Et, dites-moi, ces gazettes et ces courriers donnent les dernières nouvelles à propos de la Catalagna… ?

Vendeur – Certes oui, monsieur, et avec beaucoup de détails. Elles contiennent les déclarations de Sa Majesté le roi d’Ispagna, de ses ministres, les grands défilés de foules à Barcelone et les transcriptions des assemblées du Parlement de Catalagna.

Badaud – Et ils contiennent également les résultats du plébiscite pour l’indépendance… ?

Vendeur – Monsieur, évidemment.

Badaud – Vous croyez vraiment que l’indépendance de la Catalagna se fera… ?

Vendeur – Monsieur, moi, je suis un personne peu instruite… vous me demandez mon avis sur des événements d’une si grande importance dans une région si lointaine… ?

Badaud – Oui, et votre opinion m’intéresse  ; d’autre part, à vous autres qui vendez les gazettes, ne vous arrive-t-il jamais d’en lire l’une ou l’autre… ?

Vendeur – À dire vrai, je le fais volontiers, et ça me plaît de me tenir au courant des choses.

Badaud – Fort bien, vous vous êtes donc formé une opinion.

Vendeur –Elle est assez vague, monsieur ; mais, à mon avis, une région ne peut pas se détacher facilement d’un royaume ancien, puissant et illustre comme celui d’Ispagna. Ce sont là des fantasmes brumeux.

Badaud – Croyez-vous donc que le peuple de la Catalagna ne puisse pas avoir le désir, et même le droit, de réclamer son indépendance vis-à-vis d’un ancien et illustre royaume ? Pensez à notre Patrie, à l’Italie, et à ses efforts pour que tant de terres se détachent de l’Empire autrichien… Vous croyez que c’était à bon droit ?

Vendeur – En vérité oui, mon bon monsieur. Je suis bon patriote et je me suis battu pour l’Italie à Curtatone et Montanara.

Badaud – Et comment pouvez-vous alors soutenir que le peuple de Catalagna n’ait pas le même droit ? Chez nous aussi, c’était un fantasme ?

Vendeur – Oh non, certainement pas ! Mais nous autres, mon bon monsieur, nous sommes bien différents des Boches, des Slaves et des barbares de Hongrie. Les Catalans sont des Espagnols comme ceux de Madrid, de Tolède et de Séville…

Badaud – Ignorez-vous donc que la Catalagna possède son idiome divergé de l’espagnol, et que les Espagnols ne connaissent pas, ni sa littérature, ni sa culture ? Ignorez-vous que la Catalagna fut longtemps souveraine, et qu’elle fait partie de l’Ispagna seulement depuis le onze septembre de l’an mil et sept cent quatorze… ?

Vendeur – Ohlala, mon bon monsieur, je l’ignorais. Les gazettes, savez-vous, écrivent qu’ils sont tous Espagnols. Avec ça, je ne comprends pas pourquoi elle devrait se détacher d’un royaume si sublime qui lui donna renommée et richesse.

Badaud – Il donna la richesse, mais il l’a surtout prise ; et les gazettes rapporteront certainement les menaces que les Bourbons d’Espagne ont proféré à la Catalagna, ruiner ses commerces, les échanges et sa réputation alors que les nations d’Europe se sont rassemblées dans un marché commun.

Vendeur – Elles en parlent, et je crois que le roi d’Ispagna n’a pas tort. Et j’ajoute qu’un grand nombre de Catalans désirent continuer à faire partie de l’Ispagna…

Badaud – C’est vrai aussi ; comme vous savez, à cet égard, le peuple de Catalagna avait été appelé à un référendum, afin qu’il s’exprime, mais le roi d’Ispagna et le premier ministre don Mariano l’empêchèrent, en envoyant la troupe écraser cette consultation, en l’attaquant et en l’interdisant.

Vendeur – Ce ne fut pas bien fait.

Badaud – Donc, vous êtes aussi d’accord à propos de ce qu’on devait faire.

Vendeur – On devait faire, mais avec tout ceci je crois qu’on ne peut attaquer l’unité de l’Ispagna, mon bon monsieur. Elle existe depuis des siècles. Les royaumes et les États ne se font et défont pas à loisir.

Badaud – Cependant dans l’histoire, combien d’États, de royaumes et aussi des empires se sont faits et défaits. Pensez à l’Empire romain. Il était beaucoup plus puissant que le royaume d’Ispagna, ne croyez-vous pas ? Ou pour venir plus près de nous dans le temps, pensez au démembrement du royaume de Croatie, de Serbie et de Slovénie, qui entraîna tant de ruines et de deuils, il y a quelques années…

Vendeur – Mais ce royaume vivait sous une dure tyrannie. L’Ispagna est un royaume le peuple a la parole.

Badaud – LEspagne est restée longtemps sous une pareille et dure tyrannie sous la férule du dictateur don Francisco Franco et Bacamondi, qui se rebella il y a quatre-vingts ans et mena avec des Maures une horrible guerre intestine ; ensuite, il opprima pendant quarante ans son peuple, et encore plus durement, les Catalans et les Basques.

Vendeur – Mais don Francisco obéissait au roi et à la Sainte Religion ; dans le royaume des Slaves c’étaient des sans Dieu.

Badaud – Et croyez-vous donc aussi que les Catalans sont des sans Dieu ?

Vendeur – Pour ce que j’en sais, je croirais volontiers que ce sont des malfaiteurs qui proclameront l’abolition de la Foi, détruiront et pilleront les temples et arriveront à renverser tout le système.

Badaud – Les Catalans sont des têtes chaudes, c’est aussi vrai. Nonobstant cela, ne croyez-vous pas qu’ils auraient le droit de se gouverner tous seuls s’ils le désirent ?

Vendeur – Il se pourrait que oui, mon bon monsieur ; pourtant leurs pensées et leurs actions ne me convainquent pas. Mieux vaut faire partie d’une Ispagna puissante et forte, que se réduire à un petit royaume de peu d’importance, ou – Dieu nous en préserve – à une république.

Badaud – Savez-vous que même notre grand héros, Giuseppe Garibaldi, était partisan d’une république.

Vendeur – Oui, mais ensuite, il obéit aux souverains savoyards et il fit bien.

Badaud – Comment vous voyez donc l’avenir de la Catalagna ?

Vendeur – Ils iront de l’avant, mais ils seront durement écrasés et punis ; leur avenir est celui-. Il ne me rend pas heureux, mais je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.

Badaud – Malheureusement, ici je dois me déclarer d’accord avec vous. Les référendums sont justes, mais si un peuple désire s’éloigner d’un royaume dont il ne se ressent pas comme une partie, la seule action à entreprendre est la formation d’une armée du peuple guidée par de bons généraux et par des officiers qui sachent affronter victorieusement les forces de l’oppresseur.

Vendeur – On verrait ainsi s’ils désirent vraiment l’indépendance, ou si ce sont seulement propos et bavardages de quelque agitateur. Il n’y a pas d’autre voie ; les référendums et les illusions se ressemblent comme des frères jumeaux.

Badaud – C’est ainsi. Et rappelez-vous que toutes les autorités de ce monderoyaumes, empires et républiques, ont toujours un début, mais aussi une fin.

Vendeur – Et il est possible que, dans un lointain avenir, la Catalagna pourrait désirer se réunir à nouveau à l’Ispagna.

Badaud – À l’Ispagna, à la France ou au Monde de la Lune. Qui peut savoir, monsieur. Entre temps, c’est à voir ; chanceusement, chez nous, de tels périls n’existent pas. L’Italie est une et indivisible.

Vendeur – Je le pense moi aussi ; au fond, ce sont des histoires de pays lointains.
Badaud – Très lointains et perdus. Dites-moi, vous vendez également le Starnazzatore della Padania (L’Échotier de la Padanie) ?

Vendeur – Désolé de vous décevoir, mon bon monsieur, mais cette feuille a cessé d’être publiée il y a déjà quelque temps.

Badaud – Je l’ignorais.

Vendeur – Je peux vous donner, si vous le désirez, un exemplaire de la Gazette du Loisir avec les dernières et intéressantes nouvelles des tournois de paume, de tambourin et de lutte.

Badaud – Je me demandais justement si notre équipe s’était qualifiée pour le tournoi mondial de paume qui doit avoir lieu dans l’Empire russe, royaume institué par Dieu et qui n’aura jamais de fin. Donnez-moi alors un exemplaire de la Gazette du Loisir.
Vendeur – Le voici, monsieur ; il vous en coûte une maille et un félin. Merci très illustre sire, et à vous revoir. Almanachs, almanachs nouveaux  ; gazettes d’aujourd’hui !


Note. Ce petit dialogue, ou œuvrette morale, fut écrit par un de mes lointains parents dans la seconde moitié du XIX siècle  ; selon la tradition ancestrale de notre lignée, il était lui aussi rigoureusement anonyme. J’ai retrouvé ce document parmi les vestiges de famille et j’ai pensé que, dans ces circonstances, il pouvait être de quelque utilité à lire à propos des événements de la Catalogne (alors dite « Catalagna ») de ce temps, et de la manière dont les contemporains s’exprimaient à ce sujet. – L’Anonyme Toscan du XXI Siècle