samedi 21 octobre 2017

Les Présidents, les Indiens et le Général

Les Présidents, les Indiens et le Général

La question indienne ou comment faire disparaître 18 000 000 de personnes pour prendre leur territoire.

Chanson française – Les Présidents, les Indiens et le Général – Marco Valdo M.I. – 2017





Dialogue maïeutique

Donc, Lucien l’âne mon ami, personne ne contestera que les États-Unis d’Amérique soient une grande nation, ni même qu’ils sont une grande puissance qui domine la planète depuis au moins un peu plus d’un demi-siècle, ni qu’ils possèdent la plus puissante force armée du monde.

Certes, Marco Valdo M.I. mon ami, je ne contesterai pas ces affirmations qui me paraissent exactes, du moins pur ce que j’en sais.

Ça tombe bien, dit Marco Valdo M.I., car la chanson e rapporte directement à leur histoire et singulièrement, à la façon dont ils se sont constitués laquelle est fondée sur la spoliation des terres indiennes et l’élimination physique des populations qui y vivaient.

J’avais connaissance de cette expropriation forcée des territoires indiens, dit Lucien l’âne. Ce fut, me semble-t-il, l’application pure et simple de l’adage : « Tire-toi de là que je m’y mette ! » et si j’ai bonne mémoire à peu près l’ensemble de ces expropriés furent tués par les armes ou décimés d’autres façons.

C’est en effet ce qui s’est passé, Lucien l’âne mon ami. Tous les moyens ont été utilisés, y compris l’empoisonnement et l’inoculation de maladies. On y ajouta pour faire bonne mesure l’alcool et la drogue. Tout cela est bien connu. Ce qu’on sait moins c’est que les populations indiennes ainsi réduites à néant étaient composées d’un nombre énorme d’individus. Les calculs établis le plus récemment et le plus scientifiquement chiffrent les victimes de ce génocide à 18 000 000 de personnes. Dix-huit millions de personnes ont été rayées des vivants en quelques dizaines d’années. Et pour atteindre un tel résultat, il a fallu le faire systématiquement. Tel est le décor de notre chanson.

Un tel génocide est proprement consternant, dit Lucien l’âne en raclant le sol avec mépris. Mais qu’en ont dit les autorités de ce pays qui, si je ne m’abuse, se considère comme un défenseur des droits de l’homme, comme une des plus vertueuses démocraties de tous les temps. Elles ont, par exemple, sans doute voulu empêcher pareils massacres et à tout le moins, ont condamné ces agissements criminels.

Détrompe-toi, Lucien l’âne mon ami. Tout au contraire, elles ont encouragé et justifié ces assassinats massifs. C’est le sujet même de la chanson qui reprend (quasiment) mot à mot les propos de plusieurs Présidents des États-Unis et de plusieurs hauts responsables- tous censément des gens respectables. Elle accuse donc nommément d’avoir cautionné le génocide des populations indiennes :

Georges Washington (Président 1)
Benjamin Franklin (Bonhomme Richard)
Thomas Jefferson (Président 3)
James Monroe (Président 5)
John Quincy Adams (Président 6)
Andrew Jackson (Président 7)
John Marshall (Président de la Cour Suprême)
William Henry Harrison (Président 9)
Theodore Roosevelt (Président 26)
Philip Sheridan (général).

Enfin, j’ajoute que j’ai trouvé tous ces renseignements dans un ouvrage scientifique publié par le géographe étazunien, Jared Diamond, intitulé « Le troisième chimpanzé ».

Voyons cette chanson et reprenons notre tâche et tissons de conserve le linceul de ce vieux monde massacreur, spoliateur, expropriateur, génocidaire, suicidaire et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le Président 1 (1732-1799) dit :

Destruction totale de leurs villages,
Dévastation de leurs terres,
Incendier toutes leurs récoltes,
Empêcher leurs moissons nouvelles.

Le Bonhomme Richard (1706-1790) dit :

Les sauvages doivent disparaître
Dit la Providence
Les Cultivateurs de la terre, c’est l’évidence
Sont les seuls maîtres.

Le Président 3 (1743-1826) dit :

Cette race de façon inopinée
Contre la civilisation s’est rebellée.
Elle mérite l’extermination,
Telle est notre décision.

Le Président 5 (1758-1831) dit :

La vie à l’état sauvage est
Incompatible avec le Progrès.
Face au monde civilisé,
Elle doit s’effacer.

Le Président 6 (1767-1848) dit :

Quel droit a le chasseur sur la forêt
Pour y chasser le gibier,
Où il s’aventure sans respect
De notre propriété ?

Le Président 7 (1767-1845) dit :

Ni intelligence, ni assiduité au travail,
Ni désir d’amélioration, ni comportement moral,
Contemporains d’une race supérieure – la nôtre,
Ils doivent se replier et disparaître.

Le Président de la Cour (1755-1835) dit :

La découverte a créé le droit
De mettre fin par conquêtes et achats
À l’occupation par les Indiens
Du territoire américain.

Le Président 9 (1773-1841) dit :

Cette belle partie du globe
Ne peut rester hantée par les sauvages.
Le Créateur lui a donné une destination :
Devenir le siège de la civilisation.

Le Président 26 (1858-1919) dit :

Le colon, le pionnier
Avaient la Justice de leur côté.
Ce continent n’est pas une réserve
Pour d’ignobles sauvages.


Conclusion du général (1831-1888) :

« Je le redis encore :
Les seuls bons Indiens
Sont les Indiens
Morts ! »