Les
Présidents, les Indiens et le Général
La
question indienne ou comment faire disparaître 18 000 000
de personnes pour prendre leur territoire.
Chanson
française – Les Présidents, les Indiens et le Général – Marco
Valdo M.I. – 2017
Dialogue
maïeutique
Donc,
Lucien l’âne mon ami, personne ne contestera que les États-Unis
d’Amérique soient une grande nation, ni même qu’ils sont une
grande puissance qui domine la planète depuis au moins un peu plus
d’un demi-siècle, ni qu’ils possèdent la plus puissante force
armée du monde.
Certes,
Marco Valdo M.I. mon ami, je ne contesterai pas ces affirmations qui
me paraissent exactes, du moins pur ce que j’en sais.
Ça
tombe bien, dit Marco Valdo M.I., car la chanson e rapporte
directement à leur histoire et singulièrement, à la façon dont
ils se sont constitués laquelle est fondée sur la spoliation des
terres indiennes et l’élimination physique des populations qui y
vivaient.
J’avais
connaissance de cette expropriation forcée des territoires indiens,
dit Lucien l’âne. Ce fut, me semble-t-il, l’application pure et
simple de l’adage : « Tire-toi de là que je m’y
mette ! » et si j’ai bonne mémoire à peu près
l’ensemble de ces expropriés furent tués par les armes ou décimés
d’autres façons.
C’est
en effet ce qui s’est passé, Lucien l’âne mon ami. Tous les
moyens ont été utilisés, y compris l’empoisonnement et
l’inoculation de maladies. On y ajouta pour faire bonne mesure
l’alcool et la drogue. Tout cela est bien connu. Ce qu’on sait
moins c’est que les populations indiennes ainsi réduites à néant
étaient composées d’un nombre énorme d’individus. Les calculs
établis le plus récemment et le plus scientifiquement chiffrent les
victimes de ce génocide à 18 000 000 de personnes.
Dix-huit millions de personnes ont été rayées des vivants en
quelques dizaines d’années. Et pour atteindre un tel résultat, il
a fallu le faire systématiquement. Tel est le décor de notre
chanson.
Un
tel génocide est proprement consternant, dit Lucien l’âne en
raclant le sol avec mépris. Mais qu’en ont dit les autorités de
ce pays qui, si je ne m’abuse, se considère comme un défenseur
des droits de l’homme, comme une des plus vertueuses démocraties
de tous les temps. Elles ont, par exemple, sans doute voulu empêcher
pareils massacres et à tout le moins, ont condamné ces agissements
criminels.
Détrompe-toi,
Lucien l’âne mon ami. Tout au contraire, elles ont encouragé et
justifié ces assassinats massifs. C’est le sujet même de la
chanson qui reprend (quasiment) mot à mot les propos de plusieurs
Présidents des États-Unis et de plusieurs hauts responsables- tous
censément des gens respectables. Elle accuse donc nommément d’avoir
cautionné le génocide des populations indiennes :
Georges
Washington (Président 1)
Benjamin
Franklin (Bonhomme Richard)
Thomas
Jefferson (Président 3)
James
Monroe (Président 5)
John
Quincy Adams (Président 6)
Andrew
Jackson (Président 7)
John
Marshall (Président de la Cour Suprême)
William
Henry Harrison (Président 9)
Theodore
Roosevelt (Président 26)
Philip
Sheridan (général).
Enfin,
j’ajoute que j’ai trouvé tous ces renseignements dans un ouvrage
scientifique publié par le géographe étazunien, Jared Diamond,
intitulé « Le troisième chimpanzé ».
Voyons
cette chanson et reprenons notre tâche et tissons de conserve le
linceul de ce vieux monde massacreur, spoliateur, expropriateur,
génocidaire, suicidaire et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le
Président 1 (1732-1799) dit :
Destruction
totale de leurs villages,
Dévastation
de leurs terres,
Incendier
toutes leurs récoltes,
Empêcher
leurs moissons nouvelles.
Le
Bonhomme Richard (1706-1790) dit :
Les
sauvages doivent disparaître
Dit
la Providence
Les
Cultivateurs de la terre, c’est l’évidence
Sont
les seuls maîtres.
Le
Président 3 (1743-1826) dit :
Cette
race de façon inopinée
Contre
la civilisation s’est rebellée.
Elle
mérite l’extermination,
Telle
est notre décision.
Le
Président 5 (1758-1831) dit :
La
vie à l’état sauvage est
Incompatible
avec le Progrès.
Face
au monde civilisé,
Elle
doit s’effacer.
Le
Président 6 (1767-1848) dit :
Quel
droit a le chasseur sur la forêt
Pour
y chasser le gibier,
Où
il s’aventure sans respect
De
notre propriété ?
Le
Président 7 (1767-1845) dit :
Ni
intelligence, ni assiduité au travail,
Ni
désir d’amélioration, ni comportement moral,
Contemporains
d’une race supérieure – la nôtre,
Ils
doivent se replier et disparaître.
Le
Président de la Cour (1755-1835) dit :
La
découverte a créé le droit
De
mettre fin par conquêtes et achats
À
l’occupation par les Indiens
Du
territoire américain.
Le
Président 9 (1773-1841) dit :
Cette
belle partie du globe
Ne
peut rester hantée par les sauvages.
Le
Créateur lui a donné une destination :
Devenir
le siège de la civilisation.
Le
Président 26 (1858-1919) dit :
Le
colon, le pionnier
Avaient
la Justice de leur côté.
Ce
continent n’est pas une réserve
Pour
d’ignobles sauvages.
Conclusion
du général (1831-1888) :
« Je
le redis encore :
Les
seuls bons Indiens
Sont
les Indiens
Morts ! »