jeudi 27 juin 2013

LE BATEAU


LE BATEAU




Version française – LE BATEAU – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – La Nave – Alfredo Bandelli





Oh, Marco Valdo M.I., mon ami, j'aime beaucoup cette chanson ; à moi qui ai entendu les chansons d'Homère le grand, l'aède aveugle, l'aède aux multiples histoires, celui-là même qui – il en faut de la patience – attend encore ses musiciens... Elle rappelle les aventures d'Ulysse ; dans ses mots, il y a comme un parfum d'alizés. Il y a là un ton... Une manière de raconter qui m'enchante...


Certes, Lucien l'âne mon ami, mais as-tu remarqué le premier couplet ? Celui où « la tramontane... raconte la longue guerre des damnés de la terre ». On dirait qu'il chante – tel Homère précisément aurait pu le faire, la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de leur infliger le joug de la misère et de multiplier par l'exploitation leurs profits, d'accroître leurs pouvoirs, d'étendre leurs richesses... Car c'est la richesse et l'envie qu'elle suscite, la cupidité, l'avidité , l'absence totale de générosité, de solidarité, de simple humanité qui créent la misère et son pendant nécessaire, l'esclavage. Ah, l’esclavage qu'on nomme à présent salariat, contrat, emploi... Mais où est donc ce fabuleux bateau de Bandelli ? Quand donc appareillera-t-on ?


Ah, dit l'âne Lucien en projetant son regard à l'horizon, peut-être est-il là-bas... En ce là-bas où souffle la brise marine de Stéphane Mallarmé... Remembrances de poésie de France...


« Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
...
Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots! »


Moi aussi, dit Lucien l'âne subitement tout rêveur avec ses yeux dans l'azur, s'il passait ce bateau, je sauterais de la rive sans hésitation et j'irais vers le printemps qui se dévoile... Mais d'ici là, tissons, si tu le veux bien, le linceul de ce monde trop vieux, trop roide, trop plein de riens, de vides, de néants et décidément cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Sur le bateau qui s'éloigne
Souffle la tramontane
Qui raconte la longue guerre
Des damnés de la terre

Du bateau partent les vagues
Comme de longues tresses blondes.
Le bateau qui sillonne la mer
S'en va libérer les gens

Sur le bateau aux cent voiles
Sans chaînes ni prisons
On ne peut pas voir les saisons
Seul le printemps se dévoile

On pourra appareiller sur ce bateau
On pourra même naviguer
Sur ce bateau qui s’éloigne
Au vent de tramontane.